[Il y a dix ans…] Le short de Thomas Heurtel et le plus grand exploit de l’histoire de l’équipe de France ?
10 septembre 2014 : le shoot d’une vie pour Thomas Heurtel
Nicolas Batum a réalisé deux – trois accomplissements en équipe de France. Accessoirement un contre pour envoyer les Bleus en finale olympique. Mais dans les méandres de l’Indonesia Arena, lorsque tout allait encore bien pour les Bleus l’an dernier, l’ailier normand nous l’avait certifié : le 10 septembre 2014 était sa « plus grande victoire en équipe de France ».
On ira plus loin. Le 10 septembre 2014, c’est l’exploit avec un grand E. Car ce jour-là, les Bleus n’avaient aucune chance. D’un côté, des tricolores de Tony Parker et Nando De Colo. De l’autre, une Espagne venue avec l’armada pour récupérer son titre de champion du monde : les frères Gasol, Llull, Fernandez, Navarro, Rodriguez, Rubio, Ibaka, etc. Tous sont là ! Dans une ambiance de corrida une semaine plus tôt à Grenade, la Roja a commencé à effacer l’affront de Ljubljana en dominant l’équipe de France lors du premier tour (88-64). Mais l’important n’est pas là. Le matin du quart de finale, le journal Marca demande à son équipe « d’écrabouiller » les Bleus.
Le plus grand chef-d’œuvre de Vincent Collet ?
Déjà toute entière projetée vers sa finale écrite d’avance contre les États-Unis, l’Espagne ne fait que peu de cas de son quart de finale. L’affaire doit être une formalité : ne sont-ils pas, après tout, les vrais favoris de la compétition, même devant Team USA ? Et pourtant, la Roja est d’entrée prise à la gorge par les hommes de Vincent Collet (11-2), seul personnage à envisager concrètement l’existence d’un chemin vers la victoire (65-52). « C’était un contexte particulier, très difficile, avec une jeune équipe de notre côté et la meilleure Espagne possible en face, mais on avait su trouver les ressources nécessaires pour s’imposer », rappelait-il en 2022.
À savoir, avant tout un plan défensif parfait, le plus abouti de son mandat, et la Roja s’y cassera les dents tout au long de la soirée. Archi-dominateurs jusque-là (+26,5 points de moyenne), les hommes de Juan Antonio Orenga ne parviennent pas à trouver la clef du verrou, hormis lors d’une courte séquence du troisième quart-temps. « Tout le monde disait qu’on avait gagné ce match avant de le jouer et voilà, ils nous sont passés dessus », soupire Juan Carlos Navarro. « Ils ont mieux préparé ce match que nous. Nous n’avons pas réussi à avoir de continuité dans le jeu. On est arrivés à jouer sur des séquences de 3-4 minutes et après on n’y arrivait plus. On n’a pas joué en équipe alors que la France a joué un match intelligent. C’est un échec. »
Deux hommes vivront leur avènement sur la scène internationale : Rudy Gobert (5 points et 13 rebonds), remarquable face à Pau Gasol à 22 ans, et surtout Thomas Heurtel, auteur de l’un des tirs les plus mythiques de l’histoire du basket français. À 57-52, à 66 secondes de la fin, l’Héraultais a plié la rencontre d’un shoot primé devant les longs segments de Pau Gasol. « Si je ne le prenais pas, qui allait le faire ?! », clamait-il après coup en zone mixte, sans savoir, encore, que son shoot avait aussi donné lieu à l’une des répliques les plus cultes du commentaire sportif avec le fameux « Donne moi ton short ! », signé David Cozette.
Le shoot mythique de Thomas Heurtel, face à l'Espagne en 2014.
🗣️ "Oh c'est gonflé… c'est gonflé… OH MAMAN CE SHOOT DE THOMAS HEURTEL À 3 POINTS, QUI DONNE 8 PTS D'AVANCE À L'ÉQUIPE DE FRANCE AVEC 1 MIN À JOUER. THOMAS HEURTEL, DONNE-MOI TON SHORT !!"https://t.co/4IQFrQ9JRp
— TrashTalk (@TrashTalk_fr) September 17, 2022
Depuis ce 10 septembre 2014, l’équipe de France a ajouté six nouvelles médailles à son palmarès, dont le bronze issu de cette campagne espagnole en 2014. Mais sur un match, elle n’a jamais fait mieux que ce doux mercredi madrilène. Et en terme d’exploit pur, cela risque de rester le cas pour encore de longues années…
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