Paris remonte, Fos s’enfonce
« Ce n’était pas le match le plus joli de la saison », a-t-on glissé, en préambule d’une question, à Will Weaver. « On est d’accord », a coupé l’entraîneur parisien, dans un sourire. Pour le dire plus directement, la rencontre fut même franchement moche, pas à la hauteur des standards de Betclic ÉLITE, et personne n’a quitté Parsemain satisfait du spectacle proposé. « C’est toujours un peu étrange quand on revient d’une trêve », a tenté d’argumenter le technicien américain. « Tout le monde est un peu rouillé, il faut retrouver son rythme. Les deux équipes sortiront sûrement de ce match en se disant qu’elles ont encore beaucoup de choses à améliorer. » Mais il est toujours plus facile de se le dire après avoir gagné (72-65), a fortiori après une victoire qui permet à Paris de poursuivre son redressement. Il y a trois semaines, Fos-Provence et le club de la capitale se partageaient la zone rouge, lestés de quatre succès. Depuis, les deux promus de 2021 ne boxent plus dans la même catégorie, les BYers étant bons derniers, à trois longueurs des Franciliens qui n’ont plus perdu depuis le 17 décembre.
La barre des 70 points respectés pour la première fois par Paris !
Pourtant, Paris n’a pas bien tout fait pour gagner, loin de là. Les hommes de Will Weaver ont mal démarré, menés 4-14 dès la 5e minute. Ils ont shooté à 7/26 de loin. Ils ont surtout égaré 20 ballons, dont 7 pour le seul Aamir Simms. Mais Fos-Provence a été tout aussi médiocre, si ce n’est pire. Surtout, Paris a su l’emporter d’une façon très inhabituelle, grâce à son efficacité défensive. Pour la première fois de la saison, les coéquipiers de Tyrone Wallace ont encaissé moins de 70 points ! Une vraie performance pour la pire défense du championnat, construite sur le défi physique. « Nous avons découvert qu’il nous faut une identité qui se base plus sur la pression et les perturbations que l’on peut causer à l’équipe adverse. On progresse dans ce domaine. En tout cas, quand on met de l’intensité, qu’on trappe et qu’on change les défenses, on montre que l’on peut être très difficile à jouer ! » Pour un 11e de Betclic ÉLITE, la vie est également tout de suite beaucoup plus facile avec des individualités du niveau de Tyrone Wallace (18 points à 6/13, 7 rebonds, 3 interceptions et 3 passes décisives) ou d’Ismael Kamagate (14 points à 5/6, 5 rebonds et 2 contres pour 21 d’évaluation en 20 minutes). Au-delà des chiffres, le jeune international a tout changé par sa simple présence, remettant Paris dans le bon sens dès son entrée à la 5e minute, avant de terminer avec un +/- de 15, de loin le meilleur de la rencontre. « C’était le meilleur joueur sur le terrain », applaudit Will Weaver. « Il a été inarrêtable. Même quand Fos est passé small-ball pour tenter de le gêner, il a continué à être si dominant des deux côtés. »
Des individualités dominantes, c’est peut-être justement ce qui manque à Fos-Provence pour se dépêtrer de sa situation actuelle. Gabe DeVoe III en a fait les frais, expédié en Pologne, mais le couperet aurait pu tomber sur n’importe quel étranger, à part le pivot Shevon Thompson, tant ils sont erratiques. Les BYers manquent cruellement de talent et cela commence à se voir. Car ce n’est pas tant Paris qui a bien défendu, mais aussi les méridionaux qui ont livré une prestation offensive d’une pauvreté assez indigente à ce niveau. Par exemple, les options défensives prises par Paris, avec deux intérieurs complètement dans la raquette et le champ libre laissé aux postes 4 pour shooter, auraient pu permettre aux Fosséens de se libérer, s’ils avaient trouvé de l’adresse. Mais Allan Dokossi ne sera sûrement jamais un grand shooteur (0/4 de loin, malgré des positions grandes ouvertes). Sauf que contrairement à son acolyte Trevon Scott (2 points à 1/4), qui n’a pas grand chose pour lui, l’international centrafricain a au moins l’excuse d’être magnifique dans tous les autres secteurs du jeu pour compenser (13 points, 11 rebonds et 4 passes décisives).
Fos, comment gagner sans marquer dans le money-time ?
Les difficultés de Fos-Provence ont atteint leur paroxysme dans le money-time : alors que Stephen Brown (18 points à 7/17 et 5 passes décisives) avait équilibré les débats pour la première fois depuis le milieu du deuxième quart-temps (60-60 à 5 minutes et 45 secondes de la fin), les Sudistes ont ensuite passé les cinq minutes suivantes sans marquer. Surtout, ils n’ont pas su trouver une seule situation propre, soit en perdant le ballon, soit en étant contraints de prendre un shoot forcé au bout des 24 secondes. « J’ai un peu de mal à comprendre comment, dans un match aussi âpre physiquement, Paris ne peut être qu’à une faute au bout de neuf minutes dans le quatrième quart-temps », râle Rémy Valin. « C’est terrible comme manque de respect de la part du corps arbitral quand on est en train de jouer son maintien. Cela n’enlève pas tous les manques que l’on peut avoir à l’heure actuelle. Même si nous avons été vaillants, c’est une défaite qui fait mal. Offensivement, c’est sûr que ce n’était pas beau mais ça a défendu dur en face. » À sa décharge, au cours de sa vision estivale, Gabe DeVoe était envisagé comme le leader offensif de cette équipe, et le fait de ne pas encore l’avoir remplacé laisse un vide. Surtout quand l’un des créateurs majeurs, Milan Barbitch (2 points à 1/6), joue diminué, en serrant les dents, pour rendre service. C’est louable mais cela ne suffit pas, et la réalité mathématique, cruelle, est là pour le rappeler : seul dernier de Betclic ÉLITE, Fos-Provence n’est pas du tout dans les temps de passage d’un candidat au maintien (seulement quatre victoires) et est assuré de terminer la phase aller dans la zone de relégation. Tout peut aller vite, il faut juste une série. Mais, avec les mêmes ou avec d’autres, il faudra faire beaucoup plus, et surtout beaucoup mieux.
À Fos-sur-Mer,
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