Vincent Collet sur les critiques à son encontre : « Je me doute que je me fais découper »
Vincent Collet est revenu sur France – Canada
Vincent Collet, le sélectionneur de l’équipe de France masculine, revient sur la victoire des Bleus contre le Canada en quarts de finale du tournoi olympique. Il parle de son discours d’avant-match, ses choix tactiques, se projette sur la demi-finale contre l’Allemagne et évoque les critiques à son encontre.
Pas mal de joueurs nous ont évoqué le discours que vous avez fait avant le match. Ils ont vraiment tous dit à quel point ils avaient été galvanisés. Que pouvez-nous nous dire de ce discours ?
Je n’ai même pas parlé de basket. Je suis revenu à mon discours d’ouverture du stage par rapport à l’opportunité exceptionnelle qu’on a de disputer les Jeux chez nous et ce que ça signifiait dans une carrière et même dans une vie. C’était un moment qu’il ne fallait pas laisser passer, qu’on avait raté beaucoup de choses depuis ce premier jour de stage. On a perdu des matchs, on a été parfois en dessous des attentes. Mais malgré tout, on est au rendez-vous de ce qu’on voulait, c’est-à-dire en quart de finale. Et donc, ce que je leur ai dit, c’est que tout ce qui s’était passé depuis un mois, ça devait nous aider à nous transcender. C’était ça le chemin pour aller chercher cette qualification.
Est-ce que c’est l’une de vos plus belles victoires tactiques avec l’équipe de France?
J’ai toujours gêné par rapport à ça parce que je pense que avant la tactique c’est quand même d’abord notre cœur et notre état d’esprit qui sont les premiers responsables de cette victoire. Après on a fait des choses, on a préparé, mais on avait préparé aussi vendredi et le problème c’est aussi l’engagement avec lequel tu fais ces choses là. C’est d’ailleurs pour ça qu’on a de l’espoir pour le match de jeudi parce qu’on pourrait penser que cette équipe allemande nous est très largement supérieure. Je pense qu’elle a un petit avantage mais en tout cas pas autant que ce qu’on a pu voir vendredi dernier. Donc on va essayer d’inverser la tendance. Après c’est une victoire que je comparerais un peu à celle, je l’ai dit aux joueurs tout de suite après le match, donc je peux vous le répéter, à celle de Madrid en 2014.
Il n’y a pas eu que de l’orgueil, il y a eu des choix forts aussi. Rudy Gobert, en troisième rotation intérieure, Isaïa Cordinier dans le 5…
Je ne vais pas vous la ramener, je n’avais pas prévu qu’Isaïa allait faire 4 sur 4 à 3 points. On l’a mis dans le cinq pour élever notre niveau défensif et puis surtout on se rappelait qu’en début de préparation le cinq défensif faisait toujours des bonnes entames donc ça me semblait très important. Le fait de mettre Guershon à la place de Rudy dans le cinq, c’était déjà décidé avant qu’il se fasse mal aux doigts hier. L’idée c’était que je voulais que Victor entame le match en poste 5. On savait aussi que même avec cette configuration-là, les Canadiens risquaient de quand même laisser (Dillon) Brooks sur lui. Et donc ça voulait dire que Guershon au large pouvait avoir (Dwight) Powell et donc bénéficier d’espace. Pour Victor, c’est plus facile en poste 5 contre Brooks qu’au large où là il est vraiment gêné par sa suragressivité.
Justement, au sujet du secteur intérieur, vous avez réussi à bien mettre la balle dessous.
Oui, on se rappelait aussi que même dans la déroute de l’an passé, Mathias en première mi-temps, alors qu’il n’était pas en condition parce qu’il avait été arrêté un mois, avait beaucoup fait souffrir la raquette canadienne. On voulait vraiment l’abreuver de ballon pour qu’il puisse jouer. D’autant plus qu’ils n’aident pas beaucoup, ils s’en remettent beaucoup aux un contre un. Donc c’est pour ça qu’en première mi-temps, il les a vraiment martyrisés, à la fois avec des paniers mais surtout des fautes. Les fautes, ça pèse parce qu’à un moment donné, les joueurs qui défendent très dur, même eux sont obligés quand même d’y aller un peu moins fort. Même si ça ne s’est pas beaucoup vu parce que quand même ils y vont de bon cœur.
Vous êtes en dessous de vos standards au niveau de l’adresse. Vous finissez à 9/28 à 3-points. Ça veut dire quoi, que vous avez de la marge?
On n’est pas très adroit et encore l’Isaïa a bonifié mais ça en fait partie. Je pense aussi qu’on a des joueurs qui ont eu des tirs ouverts et qui ne les mettent pas. Donc ça c’est une chose. Mais après, il ne faut pas s’arrêter à ça. Je crois que surtout ce qui est important c’est de voir les efforts défensifs, comment on a avancé sur eux par rapport au match de vendredi, même contre des joueurs d’exception. C’est quand même comme ça qu’ils sont revenus un peu, avec un Shai qui était quand même incroyable. Mais notre défense était aussi incroyable. Parce que souvent, ce n’était pas du 1 contre 1, c’était 2 contre 1. Mais malgré tout, il n’y avait pas de décalage. C’est-à-dire qu’on arrivait à revenir très vite. On l’obligeait presque à lâcher les ballons. Et on était presque là en même temps quand ils lâchaient les ballons. Je pense qu’il y a une abnégation des joueurs. Un niveau d’engagement que j’espère qu’on pourra reproduire. Il y a déjà la récupération qui va être un enjeu. C’est pour ça que c’est bien d’avoir joué à 18h et pas très tard ce soir. Parce que je pense que ça compte. Et ça va vraiment être pour moi un enjeu important.
Est-ce que vous pouvez parler de Nicolas Batum, du fait qu’il ait défendu notamment sur Shai Gilgeous-Alexander ?
Quand je parlais de récupération, c’est à lui que je pensais en premier. J’ai du mal à ne pas l’utiliser beaucoup. Parce que j’en ai besoin pour toutes ces missions là. Pour gêner un maximum Shai, il faut quelqu’un qui soit plus grand que lui parce que sinon il a beaucoup d’élévation et dans le mid-range sur des joueurs de sa taille voire plus petit. Même si tu défends bien, tu es devant lui, il s’élève et il te met le tir sans trop de problème. Alors qu’avec Nico, il fait 2,03 m, il a des grands bras. On a bien vu que ça l’a gêné beaucoup plus.
Et un mot sur le match d’Evan qui a fini par trouver sa place et qui a bien accepté d’avoir rejoint le banc.
Tout à fait. Et qui a été effectivement décisif et surtout qui s’est mis au diapason sur les aspects défensifs. Je crois que c’est ça qui est important de noter. On a des joueurs qui sont moins défenseurs dans l’équipe, mais là ce soir ça ne s’est pas vu. Parce qu’il y avait une telle envie, une telle niaque, que tout le monde a fait sa part de travail. Et ça c’est une vraie satisfaction.
Cela valide votre projet depuis le début en fait ? De voir si vous avez réussi à faire votre équipe ?
Humblement, je ne vois pas comment on peut aller en finale olympique si on n’a pas une défense hors normes. J’adore mon équipe, elle a du talent, mais on n’en a pas plus d’offensif que les équipes auxquelles on est opposé, que ce soit le Canada ce soir ou l’Allemagne jeudi. Dans les deux cas, si on ne les limite pas, la semaine dernière, nos deux cibles défensives c’était Schroder et Wagner, ils ont marqué 52 points à eux deux. Donc s’il se passe la même chose jeudi, ils gagneront à nouveau.
Est-ce que la sortie médiatique d’Evan a généré…
(Il coupe) En fait, il y a peut-être eu de l’incompréhension. Parce que je vais vous avouer franchement, je n’ai pas lu ce qu’il a dit. On me l’a rapporté. Quand on m’a posé la question au Club France, je me suis dit quand même c’est bizarre c’est pour ça que j’ai dit « inapproprié et inacceptable ». Mais en fait je n’ai pas lu véritablement ce qu’il a dit. Je ne lis pas ni les journaux ni les réseaux sociaux. Par contre je me doute, et puis j’ai toujours quelques amis qui sont toujours là pour me dire quand même que je me fais découper mais bon, et par contre je ne sais pas comment (rires).
Commentaires