Les comptes des 36 clubs de LNB révélés : ce qu’il faut retenir du rapport financier de la DNCCG
Monaco et Paris affichent les deux plus mauvais résultats d’exploitation de Betclic ÉLITE
La Direction nationale du Conseil et du contrôle de gestion de la Ligue nationale de basket (DNCCGCP) a publié ce mercredi 29 janvier son rapport sur les comptes des clubs de LNB à l’issue de la saison sportive 2023/24. Quels en sont les enseignements majeurs ?
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Un revenu d’exploitation record
Alors que la saison 2022/23 avait marqué un record en terme de revenus d’exploitation cumulés des 36 clubs de la Ligue Nationale de Basket (160 millions), l’exercice 2023/24 a permis d’atteindre de nouveaux sommets : +10%, afin d’atteindre la somme de 177 millions d’euros.
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Huit clubs de Betclic ÉLITE présentent un résultat d’exploitation positif
Alors qu’ils étaient seulement trois clubs de Betclic ÉLITE à afficher un résultat d’exploitation positif en 2022/23, ils sont désormais huit en 2023/24 : Roanne (+7 000), Saint-Quentin (+10 000), Dijon (+ 19 000), Nanterre (+19 000), Nancy (+43 000), Le Portel (+47 000), Bourg-en-Bresse (+302 000), Chalon-sur-Saône (+318 000).
L’exception Limoges, qui a vu ses revenus être divisés par deux dans le domaine (de 3,2 à 1,6 million), le montant de sponsoring cumulé de la Betclic ÉLITE a atteint un nouveau record pour la deuxième saison consécutive : 58,4 millions. Le sponsoring privé présente notamment une hausse significative de +18%.
Même si cela n’est pas le cas partout, comme au Portel qui dépend beaucoup de ses recettes de match et des subventions, le sponsoring est une source majeure de revenus en Betclic ÉLITE.
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Monaco – Paris, une finale à -22,6 millions
Monaco – Paris, c’était l’affiche de la finale 2023/24 de Betclic ÉLITE. C’est aussi l’identité des deux clubs présentant le plus mauvais résultat d’exploitation sur la saison : -16,2 millions pour l’AS Monaco (11 millions de produits d’exploitation, 27,2 millions de charges), -6,4 millions pour Paris (7,7 millions de produit, 14,1 millions de charges). Des montants sensiblement similaires à ceux de 2022/23
Pourtant, les deux clubs affichent tous les deux des situations nettes positives à la fin de l’exercice : +2,4 millions pour Monaco, +400 000 pour Paris. Comment ? En grande partie grâce aux « résultats exceptionnels », autrement dit la participation financière des actionnaires. Ainsi, celui de Monaco s’affiche à 16 207 000 millions d’euros, soit 2 000 euros de plus tout juste que le déficit d’exploitation.
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Les recapitalisations de l’ASVEL et de Limoges
Plombé, en partie, par les difficultés de son sponsor Skweek, l’ASVEL affiche un déficit terrifiant à l’issue de la saison 2023/24 : -8,1 millions d’euros ! Il n’était « que » de -3,1 millions en 2022/23. Pour compenser cela, Villeurbanne a dû avoir recours à une opération capitalistique significative, avec une augmentation de capital de près de 12,5 millions d’euros !
Derrière le Big Three Monaco – Paris – ASVEL, Limoges affiche les plus grosses pertes de la saison : -1,34 million d’euros. La faute notamment à une large réduction des revenus de sponsoring, divisés par deux (de 3,2 à 1,6 million). Au bord du gouffre, le CSP a été sauvé par l’entrée au capital de son nouveau président, Lionel Peluhet.
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Une exploitation de nouveau déficitaire en Pro B
Malgré une hausse significative des produits d’exploitation (+9%), atteignant 53,6 millions d’euros, l’exploitation des clubs de Pro B reste déficitaire pour la troisième saison consécutive, avec un déficit de 2,3 M€. Cette situation est due à une augmentation similaire des charges d’exploitation, notamment en raison de la hausse des frais liés à l’inflation et aux déplacements des équipes. Bien que les recettes aient progressé, elles n’ont pas suffi à compenser la hausse des coûts, d’où un résultat net négatif de -0,6 M€, atténué par l’apport des actionnaires et des produits exceptionnels.
Toutefois, si le déficit global est significativement négatif (-2,3 millions), 14 des 18 clubs de Pro B sont proches de l’équilibre ou dans le vert. Ainsi, le trou se concentre sur quatre clubs : l’Élan Béarnais (-1,3 million), Lille (-698 000), Évreux (-371 000) et Poitiers (-180 000). Si l’ALM et le PB86 demeurent sous surveillance, le LMB n’a pas été autorisé à s’aligner pour la saison 2024/25.
Quant à Pau, la situation financière s’explique par l’héritage catastrophique laissé par la saison américaine en 2021/22. Le club pyrénéen reste encore prisonnier des dettes du passé et doit encore rembourser 450 000 euros sur l’exercice en cours. Malgré l’apport des actionnaires (2,1 millions de résultats exceptionnels), la situation nette reste négative : -785 000. Mais c’est déjà moitié moins que l’an dernier (-1,5 million).
Le point de vue de la DNCCG
La DNCCG de la Ligue Nationale de Basket évolue sans cesse, afin de prendre en compte l’environnement macro-économique et conséquemment, tenir compte de l’évolution du modèle économique des clubs de basket professionnels. Par-delà son rôle de contrôle,elle conseille et accompagne quotidiennement les clubs afin de :
- Assurer la pérennité des associations et sociétés sportives membres de la LNB ;
- Veiller au respect de l’équité sportive des compétitions organisées par la LNB ;
- Contribuer à la régulation économique descompétitions et veiller à l’équilibre financier ;
- Évaluer la santé économique actuelle et future
des clubs.La saison 2023-2024 est celle suivant le départ du phénomène Wembanyama vers d’autres horizons. La crainte d’une baisse d’engouement a été très vite dissipée car la fréquentation a continué à croître relativement à la saison 2022-2023, que ce soit en Betclic ÉLITE ou en Pro B. Cela atteste d’un niveau élevé de compétitivité sportive des clubs membres de la LNB. Notre basket professionnel se porte bien grâce à l’investissement de nos clubs dans des installations sportives, la détection de nouveaux talents et la formation.
C’est donc logiquement que les revenus d’exploitation des 36 clubs ont progressé de 10% pour s’établir à 177 M€ au 30 juin 2024, contre 160 M€ au 30 juin 2023. Cette évolution est équitablement répartie entre les clubs de Betclic ÉLITE et les clubs de Pro B et fait suite à une progression de 15% entre 30 juin 2023 et le 30 juin 2022.
Nous constatons une consolidation des revenus d’exploitation des clubs. Notons que les partenariats et la billetterie représentent 75% des revenus des clubs évoluant en Betclic ÉLITE (73% au cours de la saison précédente), et 59% des revenus des clubs évoluant en Pro B (61% au cours de la saison précédente).
Au niveau du résultat et de l’équilibre financier, la Betclic ÉLITE présente une perte nette cumulée de 9,7 M€ au 30 juin 2024. Toutes choses étant égales par ailleurs, deux clubs présentent une perte de 9,5 M€. Malgré cette perte, la situation nette d’ensemble est passée de 2,2 M€ à 9,7 M€, grâce principalement à des opérations de recapitalisation. Deux (2) modèles économiques cohabitent en Betclic ÉLITE mais nous y reviendrons en conclusion.
La Pro B présente une perte nette cumulée de 0,6 M€, mais la situation nette d’ensemble reste confortable car elle est positive de 2,9 M€. La perte cumulée était de 1,3 M€ au 30 juin 2023. En excluant l’incidence d’une perte significative réalisée par un seul club, non engagé pour la saison 2024-2025 en raison d’un doute sérieux sur sa continuité d’exploitation, les clubs de Pro B ont réalisé collectivement un bénéfice de 0,5 M€ au 30 juin 2024. Cela démontre la solidité et la pérennité du modèle économique, garantissant l’équité de la compétition.
Un club de Pro B, comme indiqué précédemment, n’a pas été engagé pour la saison 2024-2025 compte tenu d’une dégradation significative de sa situation financière, et ce malgré sa bonne performance sportive.
La DNCCG restera vigilante en assurant une veille permanente, principalement dans un souci d’équité entre tous les clubs évoluant en Betclic ÉLITE et en Pro B.
Nous constatons par ailleurs la prééminence de deux modèles économiques dans le basket professionnel. Les deux modèles contribuent au rayonnement de notre sport. La DNCCG n’a pas vocation à porter un jugement de valeur sur l’un ou l’autre modèle. Mais son rôle, comme indiqué en préambule, est d’assurer la pérennité des clubs et ce faisant, l’équite sportive.
Fort de ce constat, la DNCCG a lancé une réflexion sur la mise en place de ratios permettant d’atteindre les objectifs de pérennité et d’équité. Les deux principaux piliers sont les revenus d’exploitation et les fonds propres, relativement au niveau de la masse salariale sportive.
Les premiers mois de la saison 2024-2025 et les contextes économique et géopolitique nous incitent à être vigilant sur la santé financière des clubs. Des fonds propres confortables et des revenus d’exploitation à la hauteur des ambitions sportives légitimes, sont de nature à permettre de traverser des zones de turbulence passagère. Nous tâcherons donc de mettre en place des outils simples et efficaces pour que notre sport continue de rayonner au niveau national et continental.
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