L’AS Monaco en terre promise : la Roca Team qualifiée pour le Final Four !
Un club du championnat de France participera au Final Four de l’EuroLeague cette année. Et à vrai dire, rien qu’en y pensant, on a du mal à trouver les mots… Il faut se souvenir de la traversée du désert vécue par le basket français depuis l’âge d’or des années 1990, incarné par Limoges et Villeurbanne. Jusqu’à l’émergence de l’AS Monaco avec les prémices d’une telle épopée dès l’année dernière, les grands souvenirs continentaux des moins de 30 ans se résumaient presque simplement à un exploit de Nanterre sur le parquet de Barcelone un soir d’Halloween 2013. Autrement, un empilement de désillusions, une succession de clubs (Le Mans, Nancy, ASVEL, Orléans, Cholet, Chalon, Strasbourg, Limoges) annonçant viser le Top 16 pour finalement toujours échouer aux deux dernières places de leur groupe, synonymes de sortie de route prématurée. Un hiver sans fin, même devenu nuit noire en 2016, quand la LNB se retrouva marginalisée de l’EuroLeague, sans représentant pendant trois ans à un niveau bien trop élevé pour ses clubs.
Il y a dix ans, une défaite en playoffs contre Cognac…
Un club français au Final Four, cela commençait presque s’apparenter à de la mythologie, bientôt seulement le propre des récits d’anciens, entre la goguette du CSP à son hôtel de Vouliagmeni en 1993 ou le tendon sectionné de la main de Jim Bilba après avoir traversé une porte vitrée dans l’euphorie de la qualification à Istanbul en 1997. Depuis cette édition romaine, bouclée à la quatrième place par l’ASVEL, le Final Four a accueilli 18 clubs, 8 pays différents, mais pas la France, miséreux du basket continental. Il fut un temps où l’on s’imaginait encore devoir traverser a minima une génération avant de voir un club français sur la plus grande scène. Comment vouliez-vous exister avec un championnat ouvert aux quatre vents, sacrant dix champions en onze saisons, envoyant tous ces rois d’un jour à l’échafaud ? La seule solution était un club champignon et c’est ce qui est arrivé avec la résurgence de l’AS Monaco, ancienne gloire nationale ressuscitée en Nationale 2 par les fonds ukrainiens du mécène Sergey Dyadechko, homme providentiel débarqué en 2012 puis remplacé l’année dernière par Aleksej Fedoricsev, patron de la multinationale Fedcom, businessman à la fortune encore plus importante. Ainsi, il y a dix ans, alors que l’Élan Chalon venait de boucler le schéma traditionnel d’un club français en EuroLeague (avant-dernier de son groupe), la Roca Team végétait encore en NM1, éliminée en quart de finale des playoffs par sa bête noire de l’époque, Cognac.
À l’époque, la star du club se prénommait Travarus Bennett. Désormais, les leaders s’appellent Mike James et Jordan Loyd. Et pour atteindre de tels sommets, cela valait le coup d’investir sur des joueurs de cette envergure. Déjà monumental lors du Match 3 à Tel-Aviv, l’ex-banni a signé une première mi-temps absolument irréelle (21 points et 5 passes décisives pour 28 d’évaluation), longtemps le seul Monégasque à faire face à la furia israélienne (26-33, 10e minute). Au bout d’un quart-temps, la Roca Team en était à 24 d’évaluation, dont 17 pour l’ancien scoreur du CSKA Moscou. Sauf que, touché à la cheville, James s’est ensuite éteint, muet pendant tout le second acte. Et puisque le Maccabi s’était magnifiquement remis d’un 15-0 (41-33, 15e minute) pour venir dangereusement prendre les commandes à l’orée du money-time (74-77, 35e minute), à un moment où l’ASM enchaînait trois balles perdues d’affilée, la lumière est venue de Jordan Loyd. Et aussi, il faut le dire, d’un coup de sifflet arbitral, avec une faute antisportive très sévère sifflée à Bonzie Colson sur une tentative longue distance du natif d’Atlanta. De fait, de 78-79 à 86-79, le champion NBA 2019 a enquillé 8 points en 56 secondes. « À -3, je n’étais pas bien », souriait Jaron Blossomgame, bien plus . « Jordan est sorti de sa boîte à ce moment-là. Il a enchaîné les grosses actions. C’est le type de leader qu’il est ! »
« Le Final Four, je n’osais même pas en rêver »
56 secondes qui viennent acter la fin d’une malédiction à Monaco, l’infortune du Match 5, avec une victoire finale 97 à 86. Dans son passé récent, le club de la Principauté en avait déjà joué quatre, pour 100% de défaites. Autant de désillusions qui l’avaient privé d’un premier Final Four d’EuroLeague et de trois titres de champion de France. Mais pas sûr que les dirigeants monégasques échangeraient l’un de ces trophées contre le ticket pour Kaunas. « Il va me falloir plusieurs jours pour réaliser ce que l’on a accompli, pour comprendre à quel point c’est grand », soufflait l’architecte de cette équipe, Oleksiy Yefimov, également débarqué à l’époque de la NM1. « Je n’osais même pas en rêver et pourtant, c’est la réalité maintenant. » Pour le plus grand match de l’histoire de l’AS Monaco, Gaston-Médecin a eu droit à une rencontre d’une dramaturgie rare et d’une beauté absolue. Le type de soirée qui offre un aller simple en terre promise…
Un Prince et une équipe heureuse. pic.twitter.com/bFHSbAUq8r
— Alexandre Lacoste (@Alex__Lacoste) May 10, 2023
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