Nouvel inscrit à la Draft NBA, fils de Jimmy, surprise du chef au Havre : l’interview découverte de Zaion Nebot

Zaion Nebot est la révélation de la saison de Nationale 1
La NBA a publié ce mardi la liste des joueurs internationaux inscrits à la Draft 2025 : outre les noms connus (Noah Penda, Nolan Traoré, Joan Beringer, Noa Essengue, Mohamed Diawara), on retrouve celui plus surprenant de Zaion Nebot (1,87 m, 20 ans), pensionnaire de Nationale 1 au Havre.
Fils de l’ancien international français Jimmy Nebot (14 sélections), l’arrière du STB est l’une des plus belles surprises de la saison de Nationale 1. L’an dernier, il était un joueur négligeable à Saint-Thomas (1,7 point en 9 minutes). Cette année, sous la houlette de Lauriane Dolt, il se voit accorder plus de 20 minutes dans la rotation du favori pour le titre de champion de France NM1, et répond parfaitement aux attentes (7,2 points à 44%, 2,4 rebonds et 2,5 passes décisives). Il se présente.
Zaion, raconte-nous ton parcours…
Vers 8-9 ans, j’ai commencé le basket à Nîmes, puis j’ai rejoint le Pôle Espoir de Montpellier où j’ai été à l’internat de mes 13 à mes 15 ans. Ensuite, je suis directement venu au centre de formation du Havre où j’ai fait trois années U18, puis quelques temps avec les Espoirs, et actuellement j’en suis à ma deuxième année avec les pros. Depuis que j’ai 12-13 ans, le projet basket était clair dans ma tête. C’est devenu sérieux dès que je suis arrivé au Pôle Espoir de Montpellier.
Quel rôle ton père Jimmy, ancien international, a-t-il joué dans ton envie de faire du basket ?
Je n’ai pas vu mon père jouer et il ne m’a jamais poussé vers le basket. Son idée était de me pousser vers le sport que je voulais faire et ce qui me rendait heureux. Ce n’était pas un projet Mbappé. Il faut savoir que j’ai fait du tennis et du foot avant de commencer le basket, c’est la raison pour laquelle j’ai commencé à huit ans et non à cinq… Dans les catégories jeunes au tennis, je n’ai pas retrouvé le désir de compétition que j’ai toujours eu en moi. Pour le foot, j’ai essayé d’intégrer le pré-centre de formation du Nîmes Olympique, ce qui n’a pas marché, et je me suis ensuite tourné vers le basket et c’est là que la passion est née.
« Je n’ai jamais vu mon père jouer ! »
Tu as un parcours particulier : tu n’es pas passé par les espoirs de centre de formation de Betclic Élite à la suite de tes deux années à Montpellier. Pourquoi est-ce le cas et comment est-ce que ça a pu t’apporter ?
En effet, j’ai directement fait trois années U18 au Havre à la sortie du Pôle. Je n’ai pas eu accès aux plus grosses structures de formation pour des raisons physiques. En effet, comme mon père au même âge, j’ai dû composer avec un retard de croissance qui faisait que je mesurais 1m66 et que j’étais vraiment gringalet. Je n’étais tout simplement pas prêt à performer tout de suite et il m’a fallu du temps pour que je puisse grandir et que je me développe. J’ai eu un entraîneur au centre de formation avec un haut niveau d’exigence. Le fait de ne pas jouer en espoir, cela m’a permis d’évoluer tout de suite en Nationale 3, et jouer contre des adultes, c’est quand même une autre dureté. À mon arrivée en NM1, je ne dis pas que c’était facile, mais physiquement et techniquement, je me sentais plus prêt que si je n’avais joué uniquement que contre des gens de mon âge.
À quel moment de ta formation as-tu senti que tu progressais le plus vite ?
Outre cette année, je pense que je dirais pour ma dernière année U18. À ce moment-là, j’avais vraiment un rôle de leader et des responsabilités dans mon équipe. En même temps, je pouvais me développer différemment la veille en NM3 où j’apprenais vraiment la dureté. Cette année-là, j’ai beaucoup appris.
Cette année, tu connais une évolution importante dans le club et dans l’équipe première du Havre. Comment vis-tu cette progression et cette prise de responsabilité ?
Je me sens bien cette année et j’ai pris confiance avec mes coéquipiers et avec ma coach qui est arrivée en début de saison et qui m’a directement fait confiance. Vu que je suis un fort travailleur, la confiance de Lauriane m’a aussi fait progresser et m’a poussé à bosser encore plus dur pour honorer ces nouvelles responsabilités. Je me sens épanoui cette année. L’année dernière était plus compliquée pour moi.
Ça a été l’année de la gestion de la frustration pour moi. Sur le plan collectif, on était loin de la saison qu’on réalise actuellement avec pas mal de défaites. On était très loin de nos objectifs et ça a été très dur de gérer la frustration du peu de temps que j’avais pour m’exprimer sur les parquets. En plus de ça, cette saison, le projet était clair. L’été dernier, avant son arrivée, Lauriane m’a appelé et tous les retours que j’avais à son sujet, notamment sur l’utilisation des jeunes joueurs, étaient très positifs. Donc j’ai décidé de lui faire confiance et à raison, car cette année j’ai vraiment passé un cap.

Y-a-t-il un domaine dans lequel tu as particulièrement progressé cette saison ?
Il y a plusieurs domaines dans lesquels je pense avoir progressé. D’abord, l’évidence : forcément avec cette deuxième année en pro, j’arrive mieux à lire le jeu et lire les défenses. L’adaptation s’est faite progressivement sur la saison dernière et la saison actuelle car ça joue plus grand et plus vite dans ce championnat-là. Cette progression dans la lecture de jeu me permet d’être plus percutant dans le drive et de mieux trouver mes coéquipiers sur des passes ou des passes décisives.
Ce sur quoi je me concentre actuellement, c’est augmenter mes pourcentages au tir à trois points comme au lancer franc. Sur la ligne de réparation, je suis à peu près à 70% de réussite, ce que je dois grandement améliorer vu que j’attaque beaucoup le cercle et que je provoque pas mal de fautes. Je travaille aussi beaucoup sur le plan physique avec mon préparateur personnel mais aussi avec le préparateur du club, car une saison de Nationale 1 est très longue et je touche du bois, mais cette année, je n’ai manqué aucun match et aucun entraînement. Évidemment, la santé, c’est l’élément le plus important d’une progression constante à mon sens.
Souvent dans les progressions comme la tienne, on trouve un match référence qui change la vision du joueur sur son jeu. Y a-t-il un match ou une action que tu retiens de ta saison ?
J’ai envie de dire le premier match contre Feurs à domicile (victoire 67-45 le 25 octobre).
Je fais un bon match défensif et je suis un joueur qui se met en rythme à partir de sa défense. Ça m’a donc permis de faire aussi un bon match offensif en finissant meilleur marqueur de ma formation. D’autres matchs m’ont fait du bien cette saison, notamment ceux contre Orchies et Quimper à la maison dans lesquels j’ai pu avoir un réel impact dans le jeu pour répondre aux attentes que mes coéquipiers et ma coach placent en moi même dans les grands rendez-vous.
« J’ai encore une grande marge de progression
mais je ne veux pas griller les étapes »
La défense est un aspect spécial du basket. Certains s’appliquent à défendre et d’autres aiment tout simplement ça. C’est ton point fort sur le terrain, alors comment te situes-tu à ce sujet-là ?
C’est un aspect du jeu que j’ai beaucoup travaillé dès le centre de formation avec mon coach qui est très axé sur la défense. Un joueur qui ne défendait pas n’allait pas jouer en Nationale 3, pour lui c’était très important. J’apprécie défendre, notamment dans les missions qui me sont confiées sur les meilleurs extérieurs adverses, mais surtout comme je l’ai dit avant, le fait de bien défendre me met en rythme en attaque donc mon attitude défensive construit ma performance offensive. Aussi, là où je suis le plus performant, c’est le jeu en transition. Donc forcément, si on réalise des stops ou des interceptions, j’aurai des situations en un contre un ou en deux contre un face au cercle et c’est là où je suis le plus performant.
Quels sont les joueurs, français ou étrangers, qui t’inspirent le plus et pourquoi ?
Pas forcément dans le style de jeu mais plus dans la confiance, je dirais Nadir Hifi. Il est légèrement plus âgé que moi, lui aussi part de la Nationale 3 et sa saison de Rising Star d’EuroLeague où il impose son jeu atypique, je trouve ça remarquable.
Mon inspiration dans le jeu serait plus celle de Jrue Holiday pour son aspect défensif, son efficacité mais aussi son aspect décisif car des joueurs comme lui sont très importants et constamment présents dans des équipes qui ont des ambitions collectives très élevées. J’aime bien le fait qu’il puisse défendre sur 3 voire 4 postes et c’est aussi ce que j’essaie de faire.
La carrière de ton père et son héritage est-il lourd à porter dans la construction de ta propre carrière ?
Comme je l’ai dit, je ne l’ai pas vu jouer, mais son parcours est un exemple de motivation avec son arrivée en France à 20 ans, ses débuts en Nationale 2 et toute la belle carrière qu’il a pu réaliser par la suite. J’ai pu m’inspirer de son évolution car lui aussi a connu la différence physique avec les autres joueurs de son âge à 15-16 ans qui faisaient déjà un mètre 80 voire mètre 90. Je ne me suis cependant pas reposé sur lui et sa carrière pour construire la mienne. J’ai toujours vécu avec ma mère donc j’ai passé les étapes à mon rythme en réussissant les détections pour en arriver jusqu’ici.

Quels sont tes objectifs et tes envies à court et moyen terme ?
L’objectif à court terme pour moi et pour l’équipe, ce sont les trois prochains matchs. La saison a été très longue et à la fin de ces rencontres, on en aura joué 40. Ce fut une saison éprouvante et maintenant que nous en sommes arrivés là et que nous avons notre destin en main, le plus important pour nous est de gagner ces trois prochains matchs. Avec trois victoires, on est sûr de l’ascension en Pro B.
Pour la saison prochaine, l’objectif pour moi est de découvrir le championnat supérieur. Un autre objectif que j’ai développé récemment en participant au tournoi européen universitaire de basket 3×3, serait de participer à cette discipline sous le maillot bleu dans les sélections jeunes. Cela reste tout de même un objectif d’arrière plan par rapport à ma carrière dans le basket classique en 5 contre 5.
Et où te vois tu aller sur du long terme ?
Cette année, j’ai passé un cap mais je pense encore avoir une grande marge de progression. Par la suite, je ne me mettrai pas trop de limites mais je ne veux pas griller les étapes. Par exemple, viser plus haut que la Pro B dès l’année prochaine n’aurait pas forcément de sens car je peinerais à obtenir des minutes de jeu en Betclic ÉLITE et freinerais ma progression.
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