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La France déjà tournée vers Paris 2024 : « On a le droit de rêver de la plus haute marche »

Or et bronze à la Coupe du Monde : les équipes de France 3x3 ont excellé en fin de semaine dernière à Anvers, en Belgique. Une performance historique et de bon augure à deux ans des Jeux olympiques de Paris en 2024. Si les Françaises sont bien parties pour décrocher une qualification directe, les Français devront a priori finir parmi les deux nations européennes. Une équipe professionnelle de six joueurs va d'ailleurs voir le jour cet été.
Crédit photo : FIBA

« On continue à se faire des passes D dans la soirée, on sert les pizzas – et rien que ça – aux copains. » Camaraderie, bulles de bonheur et tranches de rires : Alex Vialaret, capitaine des Bleus, a assuré le service d’après match dans un charmant restaurant italien « Da Giovanni » au cœur d’Anvers en Belgique.

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Chemise à damiers rouge et blanc parfaitement ajusté et son short de l’équipe de France encore à la taille, l’ancien shooteur des JSA Bordeaux s’est faufilé entre les tables, plats à la main, avec une aisance déconcertante. « Sa reconversion est toute trouvée », glisse en chœur les Bleues. « Il a été incroyable », continue Marie-Ève Paget. Avant que Myriam Djekoundade ajoute : « On a fait péter les calories. On a vraiment bien mangé alors qu’on était à la diète toute la semaine. » Il fallait au moins ça pour célébrer les médailles d’or et de bronze à la Coupe du Monde 3×3, remportées respectivement par l’équipe de France féminine et masculine.

« Chaque équipe a son histoire mais disons que c’est une revanche pour la France »

Peut-être plus qu’en 5×5, les émotions sont exacerbées en 3×3. Les matchs sont rapprochés, intenses et indécis de bout en bout. Une interception par ci, une filoche à 2-points et vous voilà sur une autre planète. Double championne d’Europe en 2018 et 2019, les féminines ont été sacrées championne du Monde pour la première fois contre le Canada (16-13). « C’est le Graal, j’ai encore un peu de mal à réaliser », continue la meneuse de Basket Landes. « Chaque équipe a son histoire mais disons que c’est une revanche pour la France », souligne Marie-Ève Paget, rescapée de Tokyo 2020 avec Laëtitia Guapo. « On voulait avant tout écrire notre propre histoire et aller le plus loin possible. »

Plus loin, plus fortes : les Bleues ont réussi leur pari. Quatrièmes des Jeux olympiques de Tokyo 2020, les Bleues n’avaient pas pu rivaliser contre la Chine lors de la petite finale (16-14), après une cruelle défaite contre les États-Unis en demi-finale (18-16). Elles ont également pris une belle revanche sur l’Espagne qui avait sorti les Bleues en demi-finale de la Coupe d’Europe au Trocadéro, en septembre dernier.

« Une bouffée d’émotions »

Il faut dire que la France a été portée par une très grande Laëtitia Guapo. Reine de la compétition, MVP du Mondial, l’arrière de Bourges a épuisé les Canadiennes. « Je ne sais pas comment l’expliquer et pourtant, je suis fatiguée », souffle la championne de France et victorieuse de l’EuroCup avec Bourges. « On me dit parfois qu’il faut que je sois un peu plus dans le cadre mais c’est un véritable effort. Donc si ça peut aider, je donne. »

Ce sacre, les Bleues ont pu le partager avec leurs homologues masculins, auréolés d’une belle médaille de bronze. Des tribunes, les Bleues ont vécu le match intensément avant d’entrer en scène. Hortense Limouzin raconte : « Quand j’ai vu les gars sortir du terrain après leur victoire pour la médaille de bronze, j’ai une bouffée d’émotions », rembobine la meneuse landernéenne. « Je me suis dit “Hortense, tu ne vas pas pleurer maintenant”. Ce n’était pas le moment car le match allait commencer mais ça nous a donné un espèce de peps pour la finale. »

Rivaliser contre les spécialistes de la discipline

Les Bleus, eux, ont aussi eu leur dose d’adrénaline. 34 minutes de match contre la Belgique (18-17), 11 minutes de prolongation. Un scénario fou et quelques hauts de cœur ! Sans Antoine Eïto blessé à la cheville gauche contre la Lituanie en demi-finale (17-18 a.p.), les tricolores se sont transcendés pour décrocher une 3e médaille à la Coupe du Monde, après l’argent de 2012 et le bronze de 2017 à Nantes. « On ne s’en contente pas et on sait qu’il y a beaucoup de choses qui vont arriver », prévient Franck Seguela, déjà victorieux des playoffs de NM1 avec le Stade Rochelais. « On veut essayer de perpétuer ce cercle vertueux et montrer qu’on est, nous aussi, capables de faire des résultats. »

Ramener de nouvelles médailles européennes ou mondiales passera nécessairement par la professionnalisation du 3×3. De nouveau sacrés champions, les Serbes disposent de plusieurs joueurs entièrement dédiés à la pratique de cette discipline alors que Léopold Cavalière (Strasbourg), Antoine Eïto (Chalon-sur-Saône), Franck Seguela (La Rochelle) et Alex Vialaret (Bordeaux) doivent jongler avec leur saison de 5×5. Vraiment pas l’idéal pour espérer s’inscrire dans le haut du gratin mondial. Ce ne sera bientôt plus qu’un mauvais souvenir puisqu’une première équipe professionnelle de six joueurs va d’ailleurs, selon nos informations, voir le jour. La Fédération Française de Basketball (FFBB) devrait l’officialiser début juillet. Ils devront rapporter un maximum de points pour faire monter la France dans le ranking mondial.

Une équipe directement qualifiée pour Paris 2024, pas l’autre

« On a déjà tous les Jeux olympiques 2024 en tête », reprend Yann Julien, l’entraîneur des Bleues, qui a défaut d’avoir des joueuses exclusivement dédiées au 3×3, souhaite continuer à les voir évoluer au plus haut niveau en 5×5. « On a le droit de rêver de la plus haute marche de ces Jeux mais il faut qu’on arrive à stabiliser la performance. Être dans les quatre premières nations sur les grandes compétitions est un enjeu majeur. »

Contrairement au 5×5, les deux équipes du pays organisateur ne décrochent pas automatiquement leur sésame pour la compétition. « Le genre le mieux classé sera directement qualifié, actuellement ce sont les filles (4es) », indique Karim Souchu, le sélectionneur des équipes de France. « L’autre équipe devra passer par un tournoi de qualification ou être dans les deux meilleures nations européennes (les Bleus sont 8es). ll faudra essayer de combler ce retard en allant sur des tournois du World Tour. » À deux ans des JO, Paris 2024 est bel et bien lancé…

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