Iliana Rupert : « Ça fait des années que je rêvais de ce moment »
Iliana Rupert a cumulé 15 points et 7 rebonds lors de la victoire de la France contre la Belgique
Peu voire pas utilisée en phase de poule par Jean-Aimé Toupane, Iliana Rupert (1,94 m, 23 ans) a vu son rôle grandir sur les phases finales. Le staff avait besoin de taille pour contrer les intérieures allemandes et belges, plus lourdes que les adversaires de Lille. C’est ainsi que la future joueuse de Mersin a joué 31 minutes lors de la demi-finale gagnée contre la Belgique.
Combattive, elle a apporté un peu de talent offensif (15 points à 5/13 aux tirs, 7 rebonds et 2 passes décisives), notamment grâce à son adresse extérieure (2/3). Après la demi-finale contre la Belgique, elle est revenue sur cette qualification en finale au micro des journalistes.
Après la médaille de Tokyo, de savoir que deux jours avant le dernier match, il y aurait une médaille autour du cou ?
Franchement, je n’ai pas les mots d’aller décrocher cette finale olympique à domicile. C’est juste incroyable. Ça faisait des mois, des années, des années que personnellement je rêvais de ce moment, que nous aussi on travaillait dur en équipe, et on l’a fait. Après le travail n’est pas terminé, on le sait. On a encore un dernier match, on va aller nous chercher cette médaille d’or. Et ça va être dur, on sait, mais on tout ce qu’il faut pour ça.
C’est un match qui a été assez étrange avec des séries, des hauts et des bas. Est-ce que tu as senti un moment que ça pouvait vous échapper?
Non, vraiment, en toute honnêteté, je n’ai jamais douté de notre équipe. Même quand on était un peu dans le down, on était derrière. Je savais qu’on avait des ressources pour, et surtout le mental, dans ce genre de match ce n’est que la tête. On connaît la Belgique, on savait que c’était une très très forte équipe, mais nous aussi. Et c’était à celles qui en voulaient le plus, avec les fans, on a réussi.
Le panier d’Emma Meesseman pour aller en prolongation, est-ce que ça ne vous a pas mis un coup sur la tête quand même?
Forcément, de terminer le match en 40 minutes, ça aurait été sympa, mais voilà, ça rajoute du suspense. Et au final, comme on gagne… On sait que Meesseman est une joueuse formidable, parce qu’elle peut créer pour elle et surtout pour les autres. On savait que c’était important de la couper (du jeu) et de ne pas la laisser enflammer toute son équipe. On a fait un bon boulot sur ça et on peut être fiers.
Ça représente quoi pour toi cette finale contre les États-Unis?
Ça représente beaucoup beaucoup de mois, d’années de travail et comme j’ai dit, c’est une très belle équipe les Etats-Unis mais on sait qu’on peut rivaliser avec elles les yeux dans les yeux. Ça va être dur mais on peut le faire.
Il y aura un petit sentiment particulier de retrouver des joueuses avec qui tu as gagné un titre WNBA, à Las Vegas?
Forcément, ça fait toujours bizarre de recroiser des coéquipières, surtout dans des moments chauds comme ça. Mais voilà, il faut essayer de tirer ça à son avantage. Il y a d’autres filles aussi dans l’équipe qui connaissent bien les joueuses en face. Il faut que ça soit une force.
« Ça fait plaisir de pouvoir contribuer à ce point dans cette demi-finale »
Elles sont sur une série historique aux Jeux Olympiques. Est-ce que le fait d’avoir joué en WNBA, ça ne te permet pas de les désacraliser, mais de les voir comme des joueuses comme les autres, tout simplement?
Exactement, ce sont des joueuses comme les autres. Elles ont des points forts, des points faibles, des limites. Il ne faut pas qu’on les mette sur un piédestal, il ne faut pas qu’on les mette trop haut. Après, je n’ai pas de doute avec mes coéquipières, je sais qu’on ne va pas faire ça, mais il faut vraiment qu’on les joue les yeux dans les yeux.
Sur un plan personnel, tu arrives à la fin de la course un peu reboostée par ta performance ce soir?
Oui, c’est sûr que ça fait plaisir de pouvoir contribuer à ce point dans cette demi-finale, de pouvoir aider l’équipe à aller en finale olympique, c’est juste incroyable. Merci à mes coéquipières, c’est vraiment grâce à elles que je suis là, qu’on en est là aussi en équipe aujourd’hui. Merci à elles.
Est-ce qu’il y a eu un déclic dans ton tournoi, après le premier match où tu n’avais pas joué, où tu as dû avoir de plus en plus de minutes jusqu’à ce soir?
Il n’y a pas eu de déclic particulier, moi j’étais vraiment dans la même mentalité à chaque match, je me tenais prête. Si je rentre peu importe pour combien de temps, c’est à moi de faire le travail donc je pense que ça m’a aidé.
Ça t’avait piqué peut-être de ne pas jouer le premier match?
C’est comme ça, c’est comme ça, c’est les choix, comme je dis moi je me tiens prête, c’est vraiment la mentalité qu’il faut et en équipe ça se passait bien donc on oublie rapidement.
Est-ce que le fait de jouer à Bercy ça peut vous aider aussi à combler l’écart sur le papier avec les Américaines? Vous avez dit que le public était très bruyant ce soir, il le sera peut-être encore plus dimanche?
J’espère qu’il le sera plus dimanche (rires). C’est vraiment notre sixième homme depuis le début de la compétition. Il y a des moments pendant le match là ce soir où on était fatigué mais d’entendre des fans derrière nous ça nous pousse et ça nous donne de l’énergie, c’est sûr.
Propos recueillis à Bercy,
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