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Victor Wembanyama vs. Chet Holmgren : au cœur de la prochaine grande rivalité de la NBA ?

NBA - Dans un match maitrisé par Oklahoma City face aux Spurs (140-114), Victor Wembanyama et Chet Holmgren se sont livré un duel de premier choix, ce mercredi soir. Une opposition appelée à durer de longues années.
Crédit photo : Théo Quintard

Après l’avoir pris à contre-pied, Victor Wembanyama a foncé tête baissée vers Chet Holmgren, à la façon d’un rugbyman, avant de déployer ses immenses segments dans le ciel du Frost Bank Center pour claquer un dunk. Wemby, après avoir sorti les muscles, a gentiment trash talké l’ancien joueur de Gonzaga. Au coeur du 4e quart-temps, cette action n’était qu’un bref aperçu du duel de géants que Victor Wembanyama (2,24 m) et Chet Holmgren (2,16 m) se sont adonné. Alors que la salle continuait de se vider, par peur sans doute d’assister à un nouveau garbage time, les deux rivaux souhaitaient visiblement se livrer une foire d’empoigne jusqu’à la dernière seconde, jusqu’au dernier souffle. Le match était plié depuis longtemps mais l’un comme l’autre nourrissait ce besoin – existentiel ? – de se challenger (victoire 140-114, au final).

Ce match dans le match, au final savoureux, est conforme à leurs pedigrees et d’un bien meilleur calibre que leur premier affrontement outre-Atlantique en novembre dernier, conclu par une victoire sans saveur du Thunder (123-87).

Sous les yeux du staff de l’équipe de France

Perchés dans l’une des loges de la salle texane, juste en face du banc d’OKC, Vincent Collet, Boris Diaw et Ruddy Nelhomme – en tournée américaine pour les JO – ont pu admirer les actions abracadabrantesques et les pirouettes en tout genre des deux protagonistes de la soirée. Des coups d’épaules par-ci, des coups de coudes par-là, Victor Wembanyama et Chet Holmgren étaient, vraiment, dans tous les bons coups tant offensivement que défensivement. Souvent happé par Jalen Williams, un arrière d’1,96 m, parfois entouré de trois défenseurs, Victor Wembanyama a livré un match plein, remportant ainsi son affrontement face au n°2 de la draft 2022, de deux ans son aîné et privé de toute la saison 2022-2023 à cause d’une rupture du ligament du médio-pied droit.

Toujours sous le coup d’une restriction de temps de jeu, désormais portée à 30 minutes par match maximum, Wemby a remporté le duel du soir, avec 24 points (9/18 aux tirs), 12 rebonds, 4 passes et 4 contres en 28 minutes, signant au passage son 19e double double de la saison. Chet Holmgren, auteur d’une prestation un peu moins aboutie (17 points à 7/13 aux tirs, 9 rebonds et 4 passes en 30 minutes) mais rouage essentiel d’un collectif bien huilé, a, lui, empoché le gain du match avec le Thunder, récent leader à l’Ouest (31 victoires – 13 défaites). Ils n’ont pas tout le temps été directement opposés l’un à l’autre mais ils finissaient toujours par se retrouver inlassablement sur le terrain.

« C’est un sport collectif, ce n’est pas du tennis »

Chez les Spurs comme au Thunder, tout le monde est resté de marbre face à cet affrontement ô combien alléchant. Mark Daigneault, l’entraîneur d’OKC, a été le premier à calmer l’emballement médiatique. « C’est un sport collectif, ce n’est pas du tennis », justifiait-il en avant-match. « Il y a d’autres joueurs sur le terrain. Je comprends que ce duel soit attractif pour susciter l’intérêt dans les médias mais on se concentre sur la substance et la pertinence de ce que nous faisons. » Gregg Popovich, avec son flegme habituel, était du même avis après la rencontre : « Victor a joué avec la même intensité qu’un autre match. Qu’importe son adversaire, il en est encore au stade où il affronte chaque soir un nouveau joueur de talent qu’il n’avait jamais rencontré avant ».

Personne ne s’est laissé emporter. Personne, non plus, n’a osé prononcer les quatre mots suivants : « Rookie of The Year ». Personne, mais pourtant, tout le monde les avait en tête. À commencer par les deux principaux intéressés, promis à la lutte finale pour cette distinction honorifique. D’autant que Victor Wembanyama, après avoir affronté Milwaukee, le 6 janvier, avait annoncé que « chaque match serait une déclaration (« statement ») estimant qu’il « aurait ce qu’il mérite au bout du compte ». Mais alors avait-il une motivation supplémentaire, un petit supplément d’âme face à Chet Holmgren ? « Je ne pense pas à ça quand je joue », esquive poliment Wemby. « Je joue pour gagner. »

La finale du Mondial U19 en 2021, le début d’une rivalité

Sans le vouloir et sans s’en rendre compte, l’enfant de Nanterre 92 s’est contredit quelques instants plus tard, se remémorant son premier duel face à l’ailier-fort américain, il y a de cela bientôt trois ans. C’était en finale de la Coupe du monde U19 2021 où Chet Holmgren avait soulevé le trophée de champion du monde (83-81) et de MVP, privant la génération 2002 (Wemby était surclassé) d’un incroyable dénouement. « Chaque fois que j’affronte quelqu’un de cette équipe, je m’en rappelle et c’est dans un coin de ma tête », relève Victor Wembanyama, ajoutant que leurs retrouvailles en sélections nationales seront « plus spéciales » qu’en NBA. 

Au-delà des hostilités d’un soir, des quelques mots doux glissés dans l’oreille, cette rivalité Victor Wembanyama – Chet Holmgren semble seine et le respect mutuel. « Victor est un joueur talentueux, il va plus haut que beaucoup d’autres », soulignait notamment Chet Holmgren après la rencontre. D’éloges, Victor Wembanyama ne lui en a pas faites mais c’est tout comme. La marque de respect de en pré-saison, surtout quand on connaît l’importance qu’accorde Victor à sa famille, vaut bien plus que deux compliments chuchotés en conférence de presse. Lors de son tout premier match de préparation, début octobre, il n’avait pas hésité à lui présenter sa mère Élodie de Fautereau dans les coursives du Paycom Center une bonne demi-heure après la rencontre. 

Dans cette riche « Rivals week » soigneusement concoctée par la NBA, Victor Wembanyama retrouvera Scott Henderson avec Portland, « le n°1 de la draft 2023 si je n’étais pas né » dixit Wemby avant de croiser le fer avec Rudy Gobert et les Wolves dans l’hypothèse où il serait de nouveau autorisé à rejouer les back-to-backs.

De notre correspondant à San Antonio (États-Unis).

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