Régis Boissié sur la 5e place des Bleuets à l’Euro U18 : « On a manqué de vécu collectif »
Régis Boissié a coaché l’équipe de France U18 cet été.
Après avoir échoué au pied du podium en 2023, l’équipe de France U18 masculine a fini dimanche à la 5e place de l’EuroBasket 2024 disputé en Finlande. Les coéquipiers de Nolan Traore, éliminés dès les quarts de finale malgré un sans faute en préparation et une bonne entame de tournoi, ont toutefois trouvé les ressources pour finir en beauté et s’offrir une place à la Coupe du monde U19 l’été prochain. Une campagne à rebondissements sur laquelle Régis Boissié, le sélectionneur national, est revenu pour nous.
Entre la déception d’une sortie prématurée et le bonheur d’arracher votre qualification au mondial U19, qu’est ce qui prime aujourd’hui ?
C’est avant tout une expérience positive. On a atteint l’objectif qui était de se qualifier pour le mondial. Effectivement on espérait mieux parce qu’on a montré qu’on pouvait faire partie des bonnes équipes de ce championnat d’Europe. On a joué 7 matchs et on en a gagné 6. Malheureusement on a perdu celui qui aurait pu nous permettre d’aller tout en haut. Mais entre la préparation, où on gagne nos 6 matchs, et la compétition, on termine avec un bilan de 12 victoires pour une seule défaite. Donc j’ai envie de retenir beaucoup de positif de cette campagne. Le match des quarts aurait pu nous offrir des perspectives plus intéressantes, mais on est pas passés. Il faut aussi donner du crédit à l’équipe d’Israël, qui a montré beaucoup d’engagement et de valeurs sur le match. Mais sur l’ensemble de la compétition, aux dires aussi des gens qu’on a pu rencontrer là-bas, et sur ce qu’on a montré avant le match et après les quarts, je pense qu’on faisait partie des très bonnes équipes de cet Euro. Hélas on a échoué sur un match qui nous aurait permis de finir parmi les tous meilleurs.
« Il y avait beaucoup de joie au coup de sifflet final »
Comment expliquez-vous la défaite contre Israël en quarts alors que vous aviez bien démarré dans le tournoi et sortiez d’une excellente préparation, à en juger par vos résultats en match amicaux (6-0) ?
On est tombé sur un binôme extraordinaire, Ben Saraf (23 points) et Omer Mayer (31 points), et on a lâché le match en première mi-temps selon moi. On aurait dû être à +8 ou +10 à la pause en étant plus cohérents et efficaces. Mais on rate des lancer-francs, et on manque de lucidité sur des actions de fin de quart-temps, où on encaisse des paniers au lieu de faire faute. On n’a pas pu creuser l’écart et derrière ça a changé pas mal de choses. Je pense clairement que ça se joue sur la première période. On aurait du rentrer aux vestiaires avec une avance plus confortable.
Comment l’équipe est-elle restée soudée ? Comment a-t-elle réussi à se remobiliser ?
Ça n’a pas été simple parce qu’on avait d’autres ambitions. Et encore une fois, vu ce qu’on avait montré, on se projetait sur quelque chose de supérieur, mais il a fallu digérer tout ça. Et on a eu du mal. Le premier match de classement contre la Belgique a d’ailleurs été notre plus mauvaise prestation, en terme de contenu et d’attitudes. On a senti qu’il fallait digérer notre élimination. Mais on a insisté sur le fait qu’il y avait une cinquième place à aller chercher pour vivre un championnat du monde dans un an. Donc on gagne, sans la manière, contre les Belges, et on arrive à se remobiliser pour livrer un match de haut niveau face à la Lituanie et terminer à la 5e place. Tous les garçons ont fait corps pour atteindre cet objectif. Et il y avait beaucoup de joie au coup de sifflet final, car le match aura été très disputé.
Au regard du tournoi et des forces en présence, la France est elle à sa place où pensez-vous qu’il y avait mieux à faire ?
Il y avait mieux à faire. Mais ce n’est pas moi qui le dit, car je ne peux pas être objectif. Ce sont les gens sur place qui nous disaient en substance : « ça se joue à pas grand-chose mais vous faisiez clairement partie des grosses équipes de cet Euro. » Mais un match à élimination directe c’est un match à élimination directe. Mais ça se joue à rien dans ce genre de compétition. Israël lâche deux matchs en phase de poule avant de faire un match extraordinaire en huitièmes contre l’Espagne puis de faire un match très solide face à nous en quarts, avec beaucoup de détermination et un duo très talentueux. Et en demi-finales, ils étaient à un cheveu de passer. Sur les matchs qui comptaient, eux ont su donner le meilleur d’eux même.
« Face à Israël, on aurait eu besoin de Talis Soulhac »
Nolan Traore et Noa Essengue étaient très attendus. Ils ont été vos deux leaders sur la compétition. Qu’avez-vous pensé de leurs prestations ?
Ils nous ont porté. Ils ont amené tout le talent qui les caractérise, car ce sont deux potentiels incroyables. Noa qui a élevé son niveau de jeu lorsque les matchs à élimination directe ont commencé. On lui a fait comprendre qu’avec un Noa à 100% on prendrait une autre dimension, et il a su le faire. Je ne dis pas qu’il n’était pas bon avant mais on sentait qu’il pouvait faire mieux. Et il l’a montré. Nolan, lui, c’est la force de percussion. Il a vraiment alterné entre la création pour lui-même et le fait de faire briller ses partenaires, en trouvant le juste équilibre. Il a su faire des choses individuelles tout en impliquant ses partenaires. En revanche face à Israël on aurait eu besoin de Talis Soulhac (1,88 m, 17 ans), qu’on a perdu un jour avant le début de la compétition, et qui figure parmi les joueurs importants de cette génération 2006. Le fait d’avoir un autre créateur aux côtés de Nolan sur ce match, capable en plus d’impacter défensivement, ça nous aurait permis de soulager Nolan, même si d’autres ont pris le relai. Mais un joueur du niveau défensif de Talis aurait été utile pour s’occuper d’Omer Mayer, qui a maintenu Israël dans le match en première période.
L’Allemagne a été sacrée pour la 1ere fois de son histoire dans cette catégorie d’âge après une médaille d’or à l’Euro U16 en deuxième division en 2022. Un petit mot sur cette génération allemande ?
C’est une génération très complète. Avec du talent sur les lignes arrières et du physique à l’intérieur. C’était clairement l’une des équipes les plus complètes de la compétition. Là où des équipes comme la Serbie et Israël, où le jeu tournait autour de deux ou trois joueurs, l’Allemagne présentait une plus grande profondeur d’effectif. Le fait que 7 de leurs joueurs aient participé au titre de l’Euro U16 deuxième division a aussi joué je pense. Car ils connaissaient le format d’une telle compétition avec 7 matchs en 9 jours. Et je pense qu’à l’inverse, il nous a manqué ce vécu collectif, notamment contre Israël. L’expérience de ce genre de tournoi est importante.
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