Luol Deng et le Soudan du Sud dénoncent une injustice : « Un énorme manque de respect envers le basket africain »
Abattus après leur élimination, les joueurs du Soudan du Sud ont tout de même communié avec le public de Villeneuve-d’Ascq
Leurs larmes reflétaient l’ampleur de leur déception. Qualifiés pour leurs premiers Jeux Olympiques, les joueurs du Soudan du Sud sont passés tout près d’un exploit monumental : devenir la première nation africaine à se hisser en quart de finale des Jeux Olympiques. Un honneur depuis laissé à l’équipe féminine du Nigéria.
Dans le coup à la 31e minute face à la Serbie (71-72), les Bright Stars ont fini par complètement exploser dans le money-time (85-96). Et qu’importe s’ils ont conquis le cœur de la planète basket, devenant l’équipe fétiche de cette olympiade 2024, les coéquipiers de Nuni Omot étaient dévastés après le buzzer final. À l’image de Luol Deng, l’homme à tout faire de la sélection, les Sud-Soudanais étaient extrêmement remontés contre un arbitrage jugé partial (du Français Yohan Rosso, avec le Bosnien Ademir Zurapovic et le Letton Martins Koslovskis).
« Je ne comprends pas pourquoi il n’y a pas d’arbitre africain aux JO »
« J’ai vécu énormément de matchs au cours de ma carrière, et ce soir c’était volontaire : on ne nous a pas laissés être aussi agressifs que les Serbes. C’est un pays de basket et quand on voit la façon dont leurs arrières jouent, c’est comme si les arbitres les connaissaient et les laissaient jouer. Mais dès que nos joueurs essayaient de jouer leur style, ils se faisaient siffler des fautes. Comme s’il y avait ce récit selon lequel les joueurs africains sont juste agressifs. »
Le Soudan du Sud pointait notamment une statistique : 31 lancers-francs à 6 en faveur de la Serbie. À lui seul, Nikola Jokic (7/12) en a shooté deux fois plus que les Bright Stars. De quoi faire bouillonner l’ancien All-Star NBA, dénonçant l’absence d’arbitre africain sur les Jeux Olympiques. Une affirmation légèrement erronée puisque le Malgache Yann Vézo Davidson figure parmi les 30 sifflets sélectionnés pour les JO (sur le tournoi féminin). Mais un seul arbitre africain sur 30, formé en France qui plus est, cela est évidemment bien trop faible…
« Je ne comprends pas pourquoi il n’y a pas d’arbitre africain aux Jeux Olympiques », tonne Luol Deng. « Nous sommes en 2024. Vous pouvez dire ce que vous voulez : si vous voulez représenter le continent, il faut le faire complètement. Il faut continuer à travailler dessus mais si ces arbitres ne connaissent pas notre style ou notre jeu, je ne sais plus ce que sont les championnats du Monde ou les Jeux Olympiques… Est-ce que ces compétitions correspondent juste au basket européen ? La Serbie est une meilleure équipe que nous mais on aurait eu de plus grandes chances de gagner si ce match avait été arbitré justement. […] Tout le monde sait qu’il y a un énorme manque de respect envers le basket africain. Mais il faut que l’on développe le basket sur tout le continent : il nous faut plus d’infrastructures, il faut que l’on forme des arbitres et des coachs, etc. Nous en sommes conscients. Il y a encore une mentalité vis-à-vis de notre style de jeu et on l’a vu ce soir. Il faut qu’on continue à offrir à nos joueurs des opportunités et c’est ce qu’on va faire. On va revenir et on sera meilleurs ! Cela demande beaucoup de travail, on n’en est qu’à 3 ans et demi. Mais nous ne sommes pas qu’un objet de curiosité. On mérite d’être à ce niveau, nous sommes une bonne équipe !
Le coach Royal Ivey tout aussi furieux
Après le buzzer final, le sélectionneur Royal Ivey a traversé la zone mixte comme une furie. « Quelle mascarade ! Quelle mascarade ! Mes gars ont mis tout leur cœur et leur âme dans ce match, et quelle mascarade… C’est tout ce que j’ai à dire ! » Pas tout à fait vrai… À peine calmé, l’ancien joueur aux 506 matchs NBA est revenu une dizaine de minutes plus tard. Pour étoffer son propos, tout en gardant la même colère.
« J’essaye de comprendre comment ils peuvent shooter 31 lancers-francs et nous 6. Comment est-ce possible ?! On a mis plus de paniers qu’eux, plus de paniers à 3-points, pris plus de rebonds offensifs ! Et on n’a shooté qu’un seul lancer-franc en seconde mi-temps… C’est une mascarade. J’ai essayé de parler aux arbitres mais ils m’ont mis une faute technique : ils étaient plus concentrés sur mes joueurs debout sur le banc que sur le match. Je ne peux pas expliquer ce qui s’est passé, j’ai besoin de réponse ! Il faut que j’envoie des extraits vidéo à la FIBA, au Comité olympique, à n’importe qui, pour leur montrer à quel point c’est flagrant. Mes gars ont tout donné et ils se font sortir comme ça… Ils méritaient mieux et ils sont en pleurs dans le vestiaire maintenant. J’aurais préféré perdre de 30 points que comme ça. C’est une honte ! »
À Villeneuve-d’Ascq,
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