« L’un des joueurs les plus dominants en Europe à son poste » : les dessous de la qualification de Dwayne Bacon
Fin octobre, le jour d’une victoire contre l’Étoile Rouge de Belgrade, il était arrivé un peu comme un cheveu sur la soupe en Principauté, venant renforcer un effectif déjà pléthorique. Une sorte de joker de luxe, utilisé uniquement pour les soirées d’EuroLeague. Et les premières semaines monégasques de Dwayne Bacon n’ont pas été couronnées de réussite. Archétype du joueur NBA, très tourné vers le jeu individuel, sa découverte de l’Europe n’a pas été de tout repos : particulièrement irrégulier, il semble avoir été l’un des premiers à se lasser du discours de Zvezdan Mitrovic.
Mais pour lui, comme pour beaucoup, l’arrivée de Sasa Obradovic a tout changé. Devenu un cadre de l’AS Monaco (une seule soirée en dessous de la barre des 25 minutes), il est passé de 10,6 points de moyenne, sous l’ère Mitrovic, à 14 depuis la prise de pouvoir d’Obradovic. Surtout, le Floridien a gommé son inconstance. Il ne s’est raté qu’une fois, dans les grandes largeurs certes (3 points à 1/6 et -2 d’évaluation à Berlin), et s’impose comme l’un des joueurs les plus intrigants de toute l’EuroLeague. Dans un style qui détonne pour les standards de la compétition continentale, l’homme aux 207 apparitions NBA impose ses qualités physiques pour dominer n’importe qui en un-contre-un. Particulièrement précieux dans la remontée de la Roca Team vers le Top 8, il sort d’une semaine monstrueuse avec 21 points à 8/15 et 6 rebonds à l’Astroballe mardi puis 20 unités à 8/16 et 6 rebonds à Saint-Pétersbourg jeudi.
Bien sûr, la dimension collective du jeu peut encore lui sembler un concept abstrait (7 passes décisives au total) mais Dwayne Bacon était devenu si indispensable que le choix de ne pas le qualifier en Betclic ÉLITE était de moins en moins tenable. De fait, l’ASM a ainsi décidé de lui attribuer son 16e et dernier contrat LNB.
« De mon point de vue, il y a plusieurs raisons », explique Oleksiy Yefimov, le directeur sportif. « Premièrement, le joueur devrait savoir que nous comptons sur lui dans les deux compétitions. Ensuite, ce sera plus facile de rester en forme. Cela nous aidera également à reposer des joueurs qui sont trop utilisés, comme Will Thomas par exemple. Enfin, et surtout, il possède un très gros talent et ce ne serait pas juste de ne pas s’en servir dans notre quête du titre. »
« Parfois impressionnant à regarder »
Mais ce revirement porte surtout la marque d’un homme : Sasa Obradovic. Sous le charme de son ailier, l’entraîneur a pesé de tout son poids auprès de sa direction afin de pouvoir s’appuyer sur l’ancien joueur de Charlotte et Orlando en Betclic ÉLITE. Interrogé après avoir obtenu gain de cause, le Belgradois pouvait difficilement se montrer plus dithyrambique à propos de son protégé, l’un des plus forts joueurs du continent à ses yeux. Le jeu monégasque reposant de plus en plus sur sa capacité à faire la différence en isolation, il était désormais logique de jouer la carte de la continuité en LNB.
« Je pense que cela aurait été tellement dommage pour le championnat de France de ne pas voir quelqu’un comme Dwayne Bacon. Nous parlons là de l’un des joueurs les plus dominants en Europe à son poste. Il a de telles qualités athlétiques et avec toute la palette de ce qu’il sait faire sur un parquet, c’est parfois impressionnant à regarder honnêtement. Il possède des qualités incroyables et il est vraiment en train de progresser. Il peut aussi bien shooter qu’utiliser son corps, tant il est physique. Je n’ai vu encore vu personne capable de le stopper pour l’instant… De plus gros matchs vont arriver, on verra les tactiques qui vont être mises en place face à lui, peut-être que des joueurs plus athlétiques vont se pencher sur son cas. Surtout que ce n’est pas forcément évident d’aller aider sur lui puisque nous avons de très bons shooteurs à côté. Lors des deux derniers matchs, nous avons d’ailleurs eu d’excellents pourcentages, peut-être parce les équipes adverses étaient effrayées par les qualités de Mike James ou Dwayne Bacon en un-contre-un. Autrement, il est encore en train de s’ajuster à notre stratégie collective, notamment d’un point de vue défensif. Il s’améliore dans ce secteur. À Saint-Pétersbourg par exemple, il a fait du très bon boulot sur le low-post. Je peux voir qu’il essaye et qu’il n’est pas ciblé comme le plus mauvais défenseur. Mieux, quand il veut, il peut vraiment être très bon. »
Dwayne Bacon en civil pour le championnat de France, c’est terminé
(photo : GPJ)
Soit un joli casse-tête en perspective pour Germain Castano et Orléans qui seront les premiers à faire face au phénomène ce samedi en Betclic ÉLITE. Et moins de migraines en vue pour les dirigeants monégasques concernant un éventuel changement d’effectif pour le championnat puisque les 16 contrats ont été utilisés. « Nous avons assez de joueurs, je ne suis pas inquiet à ce sujet », balaye Sasa Obradovic. Et pour cause, les 16 joueurs professionnels sont tous actuellement à sa dispositif. Parfois décevant en première partie de saison, l’un des effectifs les plus impressionnants de l’histoire du championnat est désormais en ordre de marche. Et avec une tranche de Bacon en plus, l’objectif est limpide : renverser l’ASVEL et offrir à l’AS Monaco le premier titre de son histoire.
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