[L’œil de coach Soares] L’autre côté du coaching
Vincent Collet et l’ensemble de son staff en marge du match amical contre l’Allemagne à Montpellier le 8 juillet
Les Bleus ont réussi leurs Jeux Olympiques ! Difficile à imaginer après les matchs de prépa ou même à la fin du premier tour, mais ils l’ont fait. Énorme bravo aux joueurs et au staff.
Durant toute la compétition, j’ai essayé de décrypter les idées tactiques du staff de cette équipe. Je vais tenter pour conclure d’évoquer les facteurs de réussite humains et émotionnels.
- Garder son cap…
Je l’ai beaucoup évoqué avec le manque de rythme et de rebonds offensifs, mais dès le départ, le staff a identifié comme facteur de réussite une gestion plus lente du jeu ainsi qu’une priorité pour le repli plutôt que le rebond offensif. Au-delà de la réussite, il faut souligner le fait que cette confiance en leur stratégie et leur travail influe à un moment ou un autre sur le groupe et sur la confiance des joueurs envers leur staff.
…Tout en restant disponible pour ajuster
Vincent Collet en a parlé juste après le match : la mise en retrait de Rudy Gobert (à partir du début des phases finales) a été un des éléments décisifs dans le renouveau de l’équipe et une nouvelle dynamique s’est enclenchée.
De même, Collet n’a pas hésité à utiliser à Bercy une défense de pick and roll beaucoup plus agressive suite aux dégâts infligés par les Japonais et les Allemands au premier tour.
- Gérer les émotions
Sauf erreur de ma part, c’est encore un tournoi sans faute technique pour Vincent Collet et son staff. Au-delà de cet exemple, il faut souligner le calme et la sérénité dégagés par tous les coachs sur le banc. On pourrait croire que c’est un signe de faiblesse, mais force est de constater au vu du résultat final que c’est plutôt un signe de sagesse et de contrôle. Aurait-on eu ce coup de sifflet sur le tir de Matthew Strazel contre le Japon si le staff s’était énervé durant le match ?
- Rendre les joueurs autonomes avec la stratégie.
Au-delà de faire adhérer les joueurs à la stratégie, on remarque aujourd’hui qu’il est encore plus important que les membres du groupe s’en imprègnent et se responsabilisent de manière individuelle pour la réussite collective.
On a vu au fur et à mesure du tournoi des joueurs prenant des initiatives tout en respectant le plan de jeu et les systèmes de jeu qui paraissaient au départ trop « fermés ».
Rappelez-vous, je l’ai évoqué face au Brésil, avec un Nicolas Batum qui a su sortir des plays pour se créer des opportunités. Il a ensuite été suivi par Isaïa Cordinier, Mathias Lessort ou encore Guerschon Yabusele qui ont tous les trois été littéralement monstrueux au fur et à mesure du tournoi. Collet et son staff sont très ouverts à la discussion, prennent beaucoup de temps avec chacun des joueurs, et cela paye.
- Donner du crédit au groupe et à l’humain
Pour avoir beaucoup suivi l’équipe de France, sur place, lors de la dernière Coupe du Monde à Jakarta, il semblait vraiment y avoir une cassure entre les joueurs et le staff. Avec le départ de Tony Parker puis la sanction contre Thomas Heurtel, l’équipe de France se cherchait des leaders. Choisir les bons joueurs pour cette campagne était primordiale.
Collet et son staff ont réussi à ne pas construire un ensemble d’individualité mais un groupe qui a su par lui-même et avec l’adhésion de tous se parler et trouver des solutions. Cette équipe avait envie de jouer ensemble. Ces mecs avaient envie de se donner les uns pour les autres.
Je pense que c’est la plus grande réussite de Collet et quelque chose qui fera partie de son héritage pour les futures campagnes. Comment ne pas évoquer le fait que les 12 joueurs ont participé à la finale ? Avec autant d’enjeux sur ce match, c’est une véritable prouesse de coaching.
- Aimer ses joueurs et son staff en toute humilité
Vincent Collet, Pascal Donnadieu, Ruddy Nelhomme… Je pense que la plupart des joueurs qui auront évolué dans leurs différentes équipes diront la même chose : ces coachs-là aiment leurs joueurs et souhaitent leur réussite avant la leur. Nul doute que Kenny Atkinson est également du même acabit, sans oublier Bryan George à la vidéo, Boris Diaw comme team manager mais aussi l’ensemble du staff médical (Nicolas Barth, le kiné, travaille depuis plus de 20 ans avec Donnadieu) et d’intendance.
La fidélité de Collet envers son entourage assure une unité et une sincérité entre eux ainsi qu’avec les joueurs.
Qui est Guillaume Soares ?
Ancien joueur de niveau NM3 – Prénationale (avec quatre apparitions en NM1 en 2008), reconverti dans le coaching depuis, Guillaume Soares (35 ans) a été assistant-coach ces quatre dernières saisons. D’abord aperçu à Andrézieux-Bouthéon (NM1, aux côtés de Sébastien Chérasse), Pont-de-Chéruy (NM1, Dounia Issa) et Vichy (Pro B, Guillaume Vizade), il a fini par découvrir la Betclic ÉLITE l’hiver dernier, recruté par l’ADA Blois pour seconder David Morabito. Par ailleurs professeur des écoles, le Stéphanois avait démarré avec des équipes de jeune (U15, U17, U20 filles et garçons) à Grasse et Cagnes-sur-Mer.
Pour le deuxième été consécutif, Guillaume Soares tiendra une chronique tactique en marge des matchs de l’équipe de France masculine aux JO.
Je profite de ce dernier article pour remercier Alexandre et Gabriel pour leur confiance et la liberté qu’ils me laissent dans le choix de mes sujets. Merci également à toute la communauté pour vos lectures et vos retours. Le basket est en train de prendre une nouvelle dimension grâce à l’ensemble de ses acteurs, et il est important de continuer à partager nos expériences.
I love this game !
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