Limoges ouvre son compteur à Strasbourg
Alors qu’il s’apprêtait à quitter le Rhénus, Mathieu Wojciechowski s’est permis une petite interruption de la conférence de presse en apercevant Nicolas Lang devant les micros. « Tu peux parler de la porcelaine s’il te plaît ? » Une référence évidente aux propos de Léopold Cavalière, tenus la veille dans les colonnes des Dernières Nouvelles d’Alsace. « Pour aimer Limoges, il faut y être né ou aimer la porcelaine », chambrait l’enfant de l’Élan Béarnais. Sur le moment, le sniper mulhousien a souri, mais n’a rien dit. Mais quelques minutes plus tard, la réponse est arrivée. « J’aime la porcelaine ! Je ne suis pas né à Limoges mais je m’y sens très bien. Je ne sais pas pourquoi il veut sortir une punchline à chaque fois qu’on vient jouer. À chaque fois. Tu fais ça quand t’es Michael Jordan et que tu mets 45 points derrière. »
Le problème Sanders : « Il m’a tué le match »
Frustré par sa soirée footing contre Monaco (seulement 3 shoots tentés en 27 minutes), avec Alpha Diallo en geôlier personnel sur le râble toute la soirée, Nicolas Lang s’était bien gardé de faire les gros titres avant son retour en Alsace, lui. Dans le huis-clos de Beaublanc, il a ruminé son entame ratée et a « fait la gueule toute la semaine ». Mais l’air strasbourgeois lui réussit, visiblement. « Je n’avais pas forcément un bon pressentiment mais on gagne et je joue bien », synthétise-t-il. Un récital offensif (21 points à 7/9), assorti de sa deuxième performance aux rebonds en carrière (8), certes grandement facilité par la passivité de la défense strasbourgeoise. Évidemment fin connaisseur du jeu de Nicolas Lang, Massimo Cancellieri avait répété toute la semaine qu’il ne fallait pas le laisser shooter en sortie d’écran. L’ancien arrière de la SIG (en 2018/19) a fait ça toute la soirée. « Idem avec Kameron McGusty : on avait répété qu’il ne fallait pas le laisser jouer en un-contre-un et il nous met 22 points pratiquement que là-dessus », souffle Hugo Invernizzi. « On les a laissés faire ce qu’ils voulaient. »
Peut-être la piqûre de rappel qu’il fallait à la SIG, avant une semaine européenne décisive en Turquie (trois matchs à gagner afin de se qualifier pour la BCL). Grisés par leur victoire inaugurale contre Nanterre (71-57), les Alsaciens ont oublié qu’ils n’avaient de marge sur personne. « Jouer un quart-temps sur quatre, c’est pour Monaco, l’ASVEL ou Bourg-en-Bresse, pas pour nous », lâche Massimo Cancellieri. Et pourtant, malgré ses multiples imperfections, de sa permissivité à sa maladresse longue distance (3/19), la SIG a eu les ballons pour gagner le match. À 80-80 à moins de 90 secondes du buzzer final, Dan Akin s’est précipité sur une claquette et a permis à Nemanja Nenadic d’aller redonner l’avantage au CSP en transition. Quelques instants plus tard, Quinton Hooker a vendangé la dernière possession avec une faute offensive sur Tyree Appleby, offrant la possibilité à Kameron McGusty de planter le shoot décisif dans le corner (80-85). « Nos deux dernières minutes sont terribles, on a besoin d’un meilleur killer instinct », conclut le technicien italien, qui va devoir gérer le dossier Nakye Sanders, diminué par une cheville récalcitrante, pourtant lancé dans le cinq de départ et auteur de trois premières minutes catastrophiques. Ses dernières sous le maillot alsacien ? « Il m’a tué le match. 4-13 sur son passage et derrière, je dois gérer un rookie (Dan Akin) pendant 30 minutes… On va voir ce que l’on peut faire. »
Le mental du CSP
Avec l’arrivée de Danilo Nikolic, son successeur sur le banc limougeaud, Ilias Kantzouris, a lui réglé ses problèmes d’effectif. Mais si l’on aurait pu penser qu’un premier succès lui permettrait de regagner Limoges avec plus de certitudes, ce n’est pas complètement le cas. « Oui, nous avons montré des progrès par rapport à la semaine dernière mais on a aussi cumulé des erreurs inacceptables à ce niveau, qui auraient pu nous coûter la victoire dans d’autres matchs. Il faut apprendre à être plus précis dans les dernières possessions, les dernières secondes. » Toujours est-il que Limoges a montré des valeurs intéressantes pour l’avenir, notamment de belles vertues mentales. Quand Nicolas Lang a perdu le ballon au milieu du terrain à la 37e minute (75-73), offrant à Paul Lacombe un lay-up de débutant afin d’offrir à Strasbourg son premier avantage depuis le tout début du deuxième quart-temps (24-23, 11e minute), le CSP aurait facilement pu s’effondrer. Il n’en a rien été. « Sur les temps-fort, c’est facile de jouer mais j’apprécie beaucoup plus de ne pas prendre la marée sur les temps-faibles », souligne le capitaine Lang, qui a également mis en exergue « une équipe beaucoup plus équilibrée » que contre Monaco. « Que McGusty prenne 14 shoots, c’est positif. Que Simi (Shittu) mette quelques contres, c’est positif. À notre niveau, tu ne peux pas penser que tout le monde peut tout faire. Chacun doit apporter ce qu’il sait faire. Et ce soir, chacun a été bien dans son rôle. » Sans aucun éléphant dans un magasin de porcelaine…
À Strasbourg,
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