Les mots du capitaine Evan Fournier avant France – Italie
« J’ai l’impression d’avoir survécu à un truc », nous avait-il dit en zone mixte après la victoire miraculeuse des Bleus face à la Turquie en huitièmes de finale. Trois jours plus tard, l’émotion est retombée et l’équipe de France s’apprête à jouer un second match couperet dans cet EuroBasket face à l’Italie et peut s’ouvrir les portes du dernier carré. Le capitaine des Bleus Evan Fournier a fait le point ce mardi midi lors du traditionnel point presse de l’équipe de France.
Evan, vous jouez l’Italie, c’est un peu du déjà vu. Qu’est-ce que ça vous inspire ?
Pour moi, ça mériterait un peu plus de confrontations en compétition pour réellement dire qu’il y a un contexte particulier et qu’il y a une animosité. Je le prends comme un quart de finale. Je ne sais pas si eux auront envie de se venger de l’été dernier. Forcément, ça ne leur a pas plu de perdre, mais c’était la première fois où on s’était rencontré en compétition. Pour moi, il n’y a pas assez d’histoire entre les deux pays sur ces dernières années. Néanmoins, il y a vraiment cette sensation de se connaître, car on les a joués deux fois en préparation. Mercredi, ça sera la troisième fois qu’on les joue et c’est beaucoup.
Est-ce que l’Italie sera un adversaire plus dangereux compte tenu de son euphorie ?
L’an dernier, ils sortaient quand même d’une qualification contre les Serbes au TQO. Ce n’était pas prévu qu’ils arrivent en quarts. Ils jouent avec la confiance. Ils sortent d’un très très grand match où ils sortent encore une fois les Serbes quand même. Niveau confiance, ils sont au maximum, en tout cas pour cet été. Il faut s’attendre à affronter une équipe très combative et pleine de confiance dès le début du match.
Le groupe se sent-il miraculé ? Est-ce que ça donne une énergie supplémentaire ?
Pour ma part, je l’ai senti dans l’après-midi suivant le match. Maintenant, ça fait quand même trois jours et je n’ai plus trop ce sentiment. Je me dis que nous sommes là où nous devons être. Forcément, il y a beaucoup d’enseignements à tirer de ce match.
« La capacité d’adaptation est l’une de nos grandes forces »
Est-ce que vous estimez que votre défense est bonne ?
Oui. On peut toujours mieux faire, mais globalement, elle est bonne. Malheureusement, nous avons des trous d’air sur nos pertes de balles qui impactent énormément notre défense. Quand c’est sur du repli ou de la contre-attaque, c’est quelque chose qu’on ne peut pas arrêter. Notre défense demi-terrain est bien en place. Notre axe de progression, c’est l’exécution et la compréhension de ce que les équipes peuvent nous proposer.
En ce sens, la moindre perte de balle face à une équipe d’Italie qui shoote beaucoup à 3-points sera sanctionnée… Comment s’adapter face à ce problème à ce stade de la compétition ?
Il faut qu’on continue à faire de la mise en place à l’entraînement et comprendre ce que nous essayons de faire, comprendre les bons spacing et les bons timings. Mine de rien, ça se joue sur des détails et il faut apporter de la clarté au porteur de balle pour ensuite faire les meilleurs choix. Parfois, on le fait très bien et il y a des moments où on s’écroule.
Est-ce que cette équipe de France dispose d’une force dans son ADN pour réussir à se sortir de situations inconfortables ?
Je pense que l’une de nos grandes forces est notre capacité d’adaptation. On l’a toujours montré. Je pense aussi à la Coupe du Monde et aux Jeux Olympiques : on était souvent derrière à la mi-temps et c’était souvent dans le troisième quart-temps où l’on s’ajustait. Bon pas contre les Turcs… (il sourit)
L’Italie est une équipe qui court et Vincent Collet a remarqué que sur ce tournoi que de plus en plus d’équipes ont ce style de jeu en étant très offensif. Est-ce que vous voyez cette évolution ?
C’est le basket qui est comme ça. C’est un peu l’effet Golden State. Depuis quelques années, il y a de plus en plus de joueurs qui tirent à trois points, qui travaillent leurs techniques offensives durant l’été, des intérieurs fuyants et ça se répercute comme ça sur le terrain. Ce n’est pas forcément plus rapide qu’avant. Maintenant, à la place d’avoir deux intérieurs sur le terrain, tu as réellement quatre extérieurs. Tout le monde peut tirer, ça attire les défenses et il y a des situations qui s’ouvrent sur les transitions.
On parle beaucoup du jeu atypique des Italiens. Est-ce qu’ils défendent aussi de cette façon ?
Ils sont très actifs. Ils n’ont pas d’intérieur traditionnel de plus de 2,10 m qui pose des écrans et qui met des « coups » pour contrôler la raquette. L’Italie compense par son activité et sa vitesse comme d’autres équipes en Europe. Ce qui les rend spéciaux, c’est plus leur attaque que leur défense.
« Ce serait bien que l’Italie soit mon match »
Est-ce qu’il y a un lien entre l’Argentine au Mondial 2019, que vous aviez aussi battue en préparation juste avant ? Est-ce que le niveau de concentration sera le même contre l’Italie ?
On peut comparer. Vus de l’extérieur, nous sommes les favoris de ce match et il ne faut pas du tout se dire que parce que c’est l’Italie et pas la Serbie, ça sera plus facile. À l’époque, les Argentins avaient fini premiers de leur poule et ils étaient invaincus quand nous les avons joués. Ils ont fait une compétition où ils ont bien joué tandis que les Italiens ont plutôt fait un upset donc sur cet aspect-là, c’est différent. Cependant, il faudra être vigilant.
Au sein du groupe, vous n’enfilez pas le costume de favori ?
Non, on ne pense pas comme ça. Même si c’était face à la Serbie, ce n’était pas comme ça. On veut vraiment se concentrer sur nous, peu importe contre quelle équipe on joue. On souhaite progresser pour ensuite aller vers le plus haut niveau.
En huitièmes, vous aviez déclaré que vous deviez faire plus. Est-ce que l’Italie sera votre match ?
Oui, ça serait bien. Il y a pas mal de raisons. Il faut qu’on s’entraide. Même moi, quand je suis à mon meilleur niveau, j’arrive à créer des situations et à mettre des tirs très compliqués. À titre personnel, commencer un match là-dessus, ce n’est pas le mieux, mais je sais que je suis capable de relever ce défi-là, je l’ai déjà montré par le passé.
Propos recueillis à Berlin,
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