Jonathan Bourhis, quinze ans déjà…
Jonathan Bourhis s’est éteint le 1er novembre 2009, à l’âge de 19 ans
Il y a quinze ans, le 1er novembre 2009, le basket français se réveillait avec une terrible émotion. La veille, devant les caméras de Sport+, Jonathan Bourhis avait parfaitement remplacé Errick Craven à la mène de la JDA Dijon : 4 points, 3 rebonds et 2 passes décisives en 13 minutes sur le parquet de Hyères-Toulon, son meilleur match en Pro A.
Une performance qui en appelait d’autres, tant le jeune meneur tourangeau était appelé à connaître un joli parcours. Lors de la saison 2008/09, il avait terminé meilleur marqueur et meilleur passeur du championnat Espoirs, avant d’enchaîner EuroBasket U18 et Coupe du Monde U19 au cours de l’été 2009.
Mais l’effroyable est survenu dans la nuit du 1er novembre. Revenu de sa belle soirée varoise aux alentours de 4h30 à Dijon, Jonathan Bourhis a pris son véhicule personnel afin de se rendre chez son amie, à une quarantaine de kilomètres de la préfecture de la Côte d’Or. Il n’est malheureusement jamais arrivé à destination. Sous un épais brouillard, il a perdu le contrôle de sa voiture, percuté un parapet puis terminé sa course dans les eaux du canal de Bourgogne à Veuvey-sur-Ouche.
Un drame qui a profondément marqué les esprits et qui a anéanti la saison de la JDA Dijon, co-leader de Pro A au soir de la Toussaint et incapable de retrouver la victoire avant le 6 mars 2010, finalement reléguée en fin d’exercice. Jonathan Bourhis n’a jamais été oublié par le basket français : ses collègues de la génération 1990 lui ont rendu un formidable hommage l’été suivant en remportant le championnat d’Europe espoirs à Zadar (et parmi eux, Nicolas Lang, devrait devenir recordman du plus grand nombre de tirs à 3-points en carrière LNB en ce triste anniversaire), ses jeunes amis dijonnais ont tous réussi à faire carrière (Benjamin Monclar, Abdou Mbaye, Alexis Tanghe, Ferdinand Prénom) et, surtout, le nom Bourhis continue à résonner longtemps en LNB puisque son jeune frère, Lucas, actuel meneur de Fos-Provence, s’est déjà imposé comme l’un des meilleurs meneurs de Pro B. Le n°90 sur le dos, évidemment…
Les souvenirs d’Abdoulaye M’Baye
« La veille, on disputait un match télévisé à Toulon où Jonathan joue, et bien en plus », nous avait raconté son ami Abdoulaye M’Baye en 2022, lui qui était son coéquipier à la JDA à l’époque. « Ce qu’il faut savoir, c’est que Benjamin (Monclar), Jonathan et moi, on était extrêmement proches. Ils vivaient au centre de formation alors que j’avais un appartement en ville : ils venaient chez moi regarder tous les matchs. On parlait, on rêvait, on faisait des plans sur la comète. Comme des jeunes quoi ! On regardait Juanca Navarro, on se disait « vas-y on fait pareil », on s’amusait à l’imiter à l’entraînement, lui et les autres. Quand je dis qu’on était tout le temps ensemble, on était tout le temps ensemble ! Et là, tu rentres de déplacement, tu vas te coucher et tu te réveilles le lendemain en apprenant que l’un de tes meilleurs potes, avec qui tu rigolais encore la veille dans le bus, est décédé dans un accident de voiture.
Jusqu’à aujourd’hui, rien que le fait d’en parler là, ça ne me semble pas réel… Les gens ne se rendent pas compte de l’impact que ça peut avoir. J’avais 21 ans, il était si proche de moi, il y a quelque chose qui a changé ce jour-là. Encaisser une nouvelle comme ça, le vivre, c’est vraiment un truc de fou. Le plus dur, c’est de s’en remettre et d’essayer d’avancer : toute l’année, tu vas dans le vestiaire, tu vois sa place et tu sais qu’il ne reviendra jamais. Son décès est une cicatrice qui est encore là et qui le sera pour toujours. Je ne m’en suis jamais servi d’excuse mais c’est clairement une fracture (dans son parcours). Ce qui s’est passé, c’est quelque chose d’extrêmement violent, il faut le dire. Ce sont des choses dont on met énormément de temps à se remettre, surtout quand on est jeune. Mais le fait de voir Lucas jouer et être à un très bon niveau, ça me fait vraiment plaisir. Je sais qu’il y a un peu de Jonathan en lui. »
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