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Jeremy Morgan, l’infiltré de la JL Bourg face au « Paris BasketBonn »

EuroCup - L'été dernier, la connexion Bonn - Paris a tourné à plein régime : dix éléments du Telekom Baskets embarqués vers la capitale française. Or, ils seront onze engagés lors de la finale de l'EuroCup face à la JL Bourg puisque le camp d'en face abrite Jeremy Morgan, ancien joueur de base du système Iisalo.
Jeremy Morgan, l’infiltré de la JL Bourg face au « Paris BasketBonn »

Des retrouvailles entre Jeremy Morgan et le trio Leon Kratzer – Tyson Ward – Collin Malcolm en finale d’EuroCup

Crédit photo : Christelle Gouttefarde

Dix membres du Telekom Baskets Bonn version 2022/23 à Paris, contre… un seul à Bourg-en-Bresse. Et encore, ils auraient pu être onze du même côté, avec Tuomas Iisalo qui a longtemps envisagé d’emmener Jeremy Morgan (1,93 m, 28 ans) dans la capitale, avant de devoir renoncer, notamment à cause des différentes subtilités règlementaires entre la Betclic ÉLITE et la Bundesliga. « La chose la plus difficile à vivre a été de nous séparer« , admet l’entraîneur parisien. « On a été en contact tout l’été mais à un moment, il est devenu évident qu’il avait des offres très lucratives ailleurs, et qu’on avait d’autres possibilités de notre côté, alors qu’il nous fallait des joueurs Cotonou. On a donc tous les deux fini par choisir une autre option. »

Avec Javontae Hawkins (parti à Samara), Deane Williams (Oldenburg), Finn Delany (Saragosse) et Zachary Ensminger (Göttingen), Jeremy Morgan fait partie des rares vainqueurs de la BCL à ne pas avoir été emmené dans les valises du technicien finlandais à Paris. À partir de ce mardi, l’ailier de la JL Bourg retrouvera ainsi la quasi-intégralité de son ancienne équipe de Bonn : six coéquipiers, le coach et trois assistants.

Une effrayante blessure en 2022

Après deux premières saisons professionnels partagées entre la G-League et la Finlande, Jeremy Morgan a atterri dans la galaxie Iisalo, en 2019/20, du côté de Crailsheim. « Avec Tuomas, j’ai appris ce qu’était la vraie intensité, car il l’est de manière complètement folle. Il a un incroyable niveau d’exigence envers ses joueurs. Tout le monde est tenu pour responsable de ses actes et personne ne peut sortir du système. C’est pour ça que ses résultats sont si bons. » Une collaboration interrompue par le Covid, puis mise entre parenthèses pendant une année, le temps que le natif d’Iowa file découvrir l’Italie, avant d’être relancée à Bonn entre 2021 et 2023. Avec un succès phénoménal : une seconde place de BBL en 2022, la première en 2023 (mais une défaite en finale contre Ulm), ainsi qu’un titre européen avec la Champions League.

Ici avec Collin Malcolm et Tyson Ward, Jeremy Morgan est resté proche de certains anciens coéquipiers (photo : Telekom Baskets Bonn)

Sauf que la saison 2022/23 de Jeremy Morgan a été très difficile à vivre. Certes deuxième meilleur marqueur du Telekom Baskets, derrière T.J. Shorts, le Burgien a craint pour la suite de sa carrière après une blessure à la nuque contractée le 26 décembre 2022. « Un moment très émouvant pour nous tous », souffle le cerveau scandinave. Ce jour-là, on ne jouait que depuis 20 secondes contre Chemnitz lorsque la tête de Morgan a heurté le pied du panier. « J’ai su assez vite que c’était quelque chose de grave », raconte-t-il. « Mon bras était engourdi jusqu’au bout des doigts. » Interdit de bouger la tête, il a passé les sept semaines suivantes avec une minerve autour du cou, se demandant s’il rejouerait un jour au basket.

Spoiler : Jeremy Morgan a rejoué au basket. Et plutôt (très) bien. À tel point qu’il pourra participer, après avoir manqué celle de l’année dernière, à une finale de Coupe d’Europe, face à ses amis de Bonn, face à tous ceux qui l’ont aidé à redevenir un basketteur. « Dans ma reconstruction mentale, ma reprise de confiance, ils ont été très importants. Tous ces gars-là m’ont vraiment aidé à traverser cette épreuve. » Pour, finalement, retrouver le même niveau qu’avant, et ce rôle de joueur complet, facilitateur de jeu, observé avec nostalgie par Tuomas Iisalo à quelques centaines de kilomètres d’Ékinox. « C’est l’un des joueurs les plus fiables que je n’ai jamais eu ! Un fort esprit de compétition, un gros QI basket, du shoot, des qualités athlétiques : il n’y a pas beaucoup de choses qu’il n’est pas capable de faire. Je ne suis pas surpris de voir son équipe jouer avec autant de dureté, de consistance et d’envie de gagner : cela découle du caractère de Jeremy. C’est un joueur fondamental de leur équipe, comme il l’était chez nous. »

« La première fois, c’était bizarre ; là, ce sera juste cool »

L’émotion de Jeremy Morgan lors de la victoire burgienne contre Paris en décembre (photo : Jacques Cormarèche)

Et, même s’il est officiellement incertain à cause de sa cheville, Jeremy Morgan est surtout l’une des clefs de la finale. « On échange beaucoup avec lui », glisse Frédéric Fauthoux. Après trois ans à pratiquer le système Iisalo, il en connait tous les recoins, maîtrise tous les trucs et astuces, comprend le moindre détail de la philosophie parisienne et peut quasiment anticiper chaque système, chaque annonce ou fausse-annonce… « Si l’on peut prendre un avantage grâce à ça… », sourit-il. « Je ne vais pas me priver de donner une chance supplémentaire à mon équipe de gagner ! » En décembre, à l’aide de ses carnets (voir ci-dessous), son décryptage a été particulièrement précieux pour le staff burgien avant la rencontre de Betclic ÉLITE (83-81). « Quand on préparait le match, il nous avait expliqué leur façon de faire, les petites astuces, les choses qui les dérangent dans leur collectif des deux côtés du terrain », se souvient Axel Julien.

Ce week-end là, Ékinox avait réellement découvert l’esprit de compétiteur de Jeremy Morgan, particulièrement émotif et expressif tout au long de l’intense combat contre Paris. Une opposition achevée en prolongation, qui n’était alors un simple match de saison régulière de Betclic ÉLITE… Alors imaginez avant une finale d’EuroCup ! « Ça faisait quelques temps que la pensée qu’on pouvait les retrouver à ce stade m’avait traversé l’esprit », avoue-t-il. « La première fois, c’était un peu bizarre mais là, je pense que ce sera juste cool. Je sais que Paris est une grande équipe, qu’il y a un bon coach : ce sera vraiment top d’affronter tous mes anciens coéquipiers. » Comme il a continué de le faire, tout au long de la saison, aux jeux vidéos, par exemple. Mais là, on parle d’une partie autrement plus importante…

Les carnets de Jeremy Morgan

La finale de l’EuroCup mettra aux prises deux des meilleurs coachs émergents d’Europe : Tuomas Iisalo et Frédéric Fauthoux. Tout en sachant que la relève se situe peut-être sur le parquet… « Je n’ai aucun doute sur l’avenir de Jeremy en tant que coach », lance le natif d’Helsinki, avant de s’esclaffer. « D’ailleurs, j’ai assez peur de la nouvelle génération qui arrive ! »

Du haut de ses 28 ans, Jeremy Morgan a encore quelques belles années à vivre sur le terrain, mais sait que son avenir s’inscrira juste à côté : il sera coach, peu importe la forme. « Je ne connais que le basket donc je veux rester dans ce milieu après ! » Une manière, aussi, d’entretenir la tradition familiale : ses deux parents ont joué en NCAA, ont tous les deux coaché, notamment dans le staff de l’équipe féminine d’Iowa pour son père, Michael, son mentor. « Il a été mon premier entraîneur ! C’est lui qui m’a appris toutes les bases. Il m’emmenait à la salle pour ses entraînements et on restait pour shooter ensuite. »

Jeremy Morgan tentera de nouveau de déborder son ami Tyson Ward (photo : Jacques Cormarèche)

D’autres techniciens ont été importants dans l’évolution basket de Jeremy Morgan : Steve Bergman au lycée, « pour la défense », Ben Jacobson à l’université, « pour l’éthique de travail », l’actuel Frédéric Fauthoux, « pour la passion et l’envie permanente de gagner », et évidemment Tuomas Iisalo, « pour l’intensité. » Le Parisien est aussi celui qui a initié l’une des pratiques les plus surprenantes de Morgan : tenir un carnet personnel, une pratique lancée à Bonn en 2021. « On a démarré cela avec les joueurs il y a trois ans et Jeremy a pris cela un peu trop à cœur », sourit le coach de l’année en EuroCup.

Dans un cahier, l’ancien ailier de Kouvot consigne absolument tout : les schémas de jeu, les systèmes, les exercices, ses avis, ses débriefings sur les matchs et entraînements. « J’essaye de le faire très régulièrement », explique-t-il. « Je mets les choses à l’écrit pour pouvoir m’en souvenir, pour pouvoir y revenir quand je démarrerai ma seconde carrière. Je dessine beaucoup dedans, les systèmes ou les exercices, ça me permet de mieux visualiser. Mais la plupart du temps, il s’agit de mes impressions sur les matchs : ce que j’aurais pu mieux faire, ce que l’équipe aurait pu mieux faire, le scouting adverse, etc. » Soit une belle manière de responsabiliser les joueurs pour le Finlandais, loin de se douter en 2021 que ces fameux cahiers pourraient se retourner contre lui et potentiellement servir de source ouverte pour le staff adverse en finale de Coupe d’Europe.« S’il a encore ses carnets de l’année dernière, qu’il les sorte ! », se marre Axel Julien. Ce n’était certainement pas le but premier, mais à très court-terme, difficile, effectivement, de leur trouver une plus grande utilité…

Propos recueillis à Bourg-en-Bresse et Paris (avec Maxime Bodilis),

Commentaires


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cambouis
Pourvu qu'il joue déjà...
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gai27
On a hâte que cette finale démarre.
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