Une SIG Strasbourg référence fait craquer Paris
23 points à 7/10 pour Hugo Invernizzi !
Dans cette salle qu’il fréquentait si souvent étant gamin, lui l’enfant d’Illkirch-Graffenstaden, Nadir Hifi a eu la balle dont il rêvait : celle qui pouvait lui permettre de planter un poignard dans le cœur de la SIG, le club qui ne l’a jamais réellement considéré lors de ses jeunes années. À -3 à 13 secondes du buzzer final, le futur international s’est précipité vers le corner gauche, juste devant le banc alsacien, tentant de déborder Quinton Hooker avant d’armer de loin. Raté, fond de cercle, il n’y aura pas de hold-up pour Paris (89-86, score final).
« C’est une équipe que l’on doit battre »
« Je me suis dit qu’il fallait que je tire vite », ressassait le produit de la SIG Association en conférence de presse. « Ce sont des shoots que j’ai l’habitude de prendre et de mettre. Quand c’est serré, c’est là où je suis le meilleur. Là, j’ai mis trop de force… J’aurais aimé le mettre, bien sûr, mais on ne perd pas sur ça. » Non, Paris a surtout perdu à cause d’une quantité infinie d’erreurs : les 20 rebonds offensifs abandonnés à Strasbourg – « la vraie différence » selon Massimo Cancellieri –, son entame catastrophique (25-7, 9e minute), son manque de maîtrise, etc. Tous les Parisiens sont d’accord là-dessus. Mais la faute à qui ? C’est là où les points de vue divergent.
« C’est une équipe que l’on doit battre », regrette Hifi, alors que Paris a lâché son premier match depuis le 18 novembre (à Roanne) face à un club n’appartenant pas au Top 4, lâchant du terrain (12v-7d) sur les deux dauphins, l’ASVEL et la JL Bourg (15v-5d). « Quand on perd les matchs, c’est nous qui les perdons, pas l’équipe adverse qui nous bat. Ça a encore été le cas aujourd’hui. On a fait trop d’erreurs et on ne mérite pas de gagner. On leur a donné des choses, ils les ont prises, bravo à eux. Mais si on fait les choses que l’on travaille et que l’on joue de la bonne façon, je pense qu’il n’y a pas beaucoup d’équipes qui peuvent s’imposer contre nous. » Sauf qu’il serait trop facile d’écrire que le Paris Basketball s’est battu tout seul.
L’émotion de Cancellieri
« Je veux féliciter le staff de Strasbourg et toute l’équipe de la SIG », reconnaissait ainsi Tuomas Iisalo, de retour dans une salle marquante du triomphe continental de Bonn la saison dernière avec cette victoire en quart de finale retour (66-76) et qui retrouvait d’ailleurs neuf supporters du Telekom Baskets qui avaient parcouru 320 kilomètres pour venir saluer les 10 anciens du Paris BasketBonn. « Ils nous ont forcé à faire toutes ces erreurs et nous ont surpassé dans tous les secteurs du jeu. Strasbourg a vraiment du mérite ce soir. »
À vrai dire, sous les yeux de deux vice-champions olympique (Antoine Rigaudeau et Crawford Palmer), la SIG a certainement signé l’une des toutes meilleures performances de sa saison, à hauteur de sa démonstration de novembre contre Izmir (80-65). Remarquables dans leur irrégularité jusque-là cette saison, les joueurs de Massimo Cancellieri – qui, presque ému aux larmes, a dédié cette victoire à l’ancien médecin de l’Olimpia Milan, Ezio Giani, décédé mercredi à 73 ans – ont poursuivi sur cette voie ce samedi. Des débuts euphoriques immédiatement douchés par un 0-15 dans le deuxième quart-temps (de 29-16 à 29-31), puis cette fébrilité dans le money-time, si ce n’est le lève-tard Phil Booth (auteur de 14 de ses 16 points dans le quatrième quart-temps), pour laisser Paris revenir à un point (87-86, 21 secondes à jouer), alors que le match semblait gagné (87-79, 38e minute).
Invernizzi tout proche de son record en carrière
Mais il y avait un petit truc en plus. Il y avait un Hugo Invernizzi des grands soirs, qui avait choisi de ne plus se poser de question. « J’ai eu très peu de ballons à négocier sur les derniers matchs et j’étais un peu frustré », raconte-t-il. « J’ai décidé d’être plus agressif, d’envoyer à la moindre opportunité. » Ça a donné un joli 6/8 de loin, et un record en carrière effleuré (23 points, contre 26 à deux reprises). Il y avait, aussi, une vraie paire de pivots entre le combatif Dan Akin (13 points et 7 rebonds) et le géant Nysier Brooks (12 points et 11 rebonds) qui confirme son redressement, depuis que l’on a écrit qu’il peinait à trouver sa place. « Il change toute la face de l’équipe », souligne Invernizzi. Et il y avait, surtout, un état d’esprit fantastique, une vraie combativité, et cette envie d’aller se jeter sur tous les ballons, quitte à oublier que le rebond était censé être leur faiblesse face à Paris, équipe référente dans le domaine : 45 prises à 29, 20 rebonds offensifs (contre un ancien record à 15), dans un calque inverse du match aller à Bercy.
Avec une folle séquence : cinq échecs d’affilée, cinq rebonds offensifs, un panier avec la faute de Dan Akin, le lancer-franc raté, une nouvelle seconde chance captée par Lacombe puis un dunk d’Akin pour soulever le Rhénus (81-71, 35e minute). « 2e chance, 3e chance, 4e chance, ce n’est pas normal », énumérait Nadir Hifi, dépité. D’ailleurs, avec un inattendu 0/2 aux lancers-francs à 4,1 secondes de la sirène, Tyrus McGee avait théoriquement offert une dernière carte à jouer aux Parisiens. Avant que Paul Lacombe ne s’élève plus haut que Collin Malcolm pour sécuriser le dernier ballon. Vraiment l’histoire de ce match…
À Strasbourg,
Commentaires