[Gros plan] Nebojsa Bogavac, électrochoc réussi pour l’Alliance Sport Alsace
En deux mois, Trumo Bogavac a rapidement fait l’unanimité à l’ASA
Ce n’était certainement pas le bon soir pour aller voir l’Alliance Sport Alsace version Nebojsa Bogavac. Le 30 janvier, BeBasket était dans les travées des Sept-Arpents de Souffelweyersheim et l’équipe alsacienne a livré « son pire match » de l’ère monténégrine, de l’aveu même du principal intéressé. Face à l’ex-lanterne rouge, Fos-Provence, l’ASA s’était inclinée 52-76.
Un non-match absolu. « En défense, on n’a pas fait le job », pestait Léopold Ca ce soir-là. « On a manqué d’agressivité et de dureté. » Soit pile tout ce que Trumo Bogavac avait justement apporté à Gries-Souffel depuis sa prise de poste le 11 décembre; ce qui accrédite la thèse de l’accident de parcours face aux BYers. Avant son arrivée, sous l’égide de Julien Espinosa (demi-finaliste de Pro B en 2022 avec le club), l’ASA encaissait 83,3 points de moyenne. Depuis, cette moyenne est tombée à 70,4 points ! « Depuis son arrivée, nous sommes la meilleure défense du championnat », applaudit Ca. « Un changement de coach déclenche toujours un électrochoc. Il a apporté une vision différente, plus dans la défense, la dureté et l’agressivité. » Oui, vraiment tout ce qui manquait, avant et contre Fos… « La Pro B, ça se joue là-dessus, il faut mettre des coups. »
De la dernière place aux portes du Top 8
Et puisque la défense gagne des matchs, Nebojsa Bogavac a transfiguré la saison bas-rhinoise. Quand il a débarqué en Alsace, l’ASA était lanterne rouge de Pro B, lestée de huit défaites en dix matchs. La voici désormais aux portes du Top 8, victorieuse de sept des dix rencontres du mandat de son nouvel entraîneur. « On savait qu’il ne manquait pas grand chose mais il a réussi à très rapidement redresser la situation », applaudit son président Romuald Roeckel. La contre-performance fosséenne a d’ailleurs agi comme une piqûre de rappel salvatrice pour Gries-Souffel qui a enchaîné deux victoires sur la route après coup (80-79 à Angers et 80-64 à Lille). « J’ai changé des choses en défense et en attaque », explique-t-il, sans s’étendre. « Le bilan est pas mal, assez positif, dans un championnat qui est dur. On a bien joué, déjà obtenu de belles victoires. L’objectif, c’est de continuer à bien travailler et à gagner. »
Soit des débuts idéaux sur la grande scène française, pour Bogavac, après avoir fourbi ses armes pendant plus de dix ans dans l’ombre. Ex-shooteur fétiche de Vincent Collet, avec qui il fut champion de France en 2009 à Villeurbanne, l’ancien ailier du Mans (2006/08) et de Dijon (2010) s’est immédiatement lancé dans le coaching dès la fin de sa carrière de joueur, prenant en main l’équipe serbe de Vrsac en 2011/12, avant de rejoindre l’école… Vincent Collet. Pendant quatre ans (2013/14 puis 2017/20), il a été assistant à la SIG Strasbourg, victorieux de la Coupe de France 2018 et de la Leaders Cup 2019. « Il s’occupait notamment du travail individuel, comme avec les Youssoupha Fall et Louis Labeyrie », retrace Lauriane Dolt, son alter-ego de l’époque.
« Un coach très dur, mais juste et exigeant »
Après un deuxième intermède comme head coach, au KK Podgorica de Ludovic Beyhurst, où il a terminé deuxième de Ligue Adriatique II l’an dernier, Nebojsa Bogavac avait retrouvé le basket français cette saison, profitant du réseau de… Vincent Collet pour s’engager avec les Metropolitans 92. Dans la galère francilienne, le Monténégrin a servi d’adjoint à Laurent Foirest et Jean-Paul Besson, avant de s’échapper début décembre avant le naufrage, direction l’ASA. « C’est mon gars », s’exclame l’ex-levalloisien Alen Omic, à l’évocation de son nom. « De tous les coachs que j’ai eu, c’est celui dont je suis resté le plus proche. Je peux dire que c’est un bon ami. Il m’a beaucoup aidé quand je suis arrivé aux Mets. On parlait tous les jours dans notre langue natale. Quand il est parti, c’est comme si j’avais perdu un membre de ma famille. Ça a été très dur pour moi. »
Mais Trumo Bogavac avait alors reçu l’une de ces opportunités qu’on ne peut pas refuser. « Quand on lui a demandé si ça l’intéresserait, il a dit qu’il viendrait dès le lendemain », sourit Romuald Roeckel. « Son nom est naturellement venu en tête de notre short-list : on avait des liens communs, pas mal de monde de notre entourage le connaissait très bien grâce à ses années à Strasbourg. Malgré son engagement à Boulogne-Levallois, il était prêt à sauter dans le train et à venir relever le challenge. » Car un poste d’entraîneur en chef à l’ASA représentait une formidable promotion dans sa carrière naissante… « Oui, c’est bien pour moi », répond sobrement le principal intéressé, lorsqu’on l’interroge sur la signification de ce nouveau statut de head coach en France. « Je me sens comme chez moi à Strasbourg. J’ai passé quatre ans ici, je connais le basket local, j’ai des relations avec beaucoup de monde. C’est la même chose que le Monténégro pour moi, ma seconde maison. »
Les conseils d’Omic
Pas vraiment enclin à s’ouvrir à la presse pour l’instant, l’ancien joueur de l’ASVEL laisse son travail parler pour lui. « C’est un coach très dur, mais juste et exigeant : il ne lâche pas tant qu’il n’obtient pas ce qu’il veut », explique le président Roeckel, rejoint par Lauriane Dolt. « Trumo, c’est la méthode des pays de l’Est ! C’est beaucoup d’exigence, du travail, de la dureté... Il veut que ses joueurs se donnent à fond, notamment sur l’aspect défensif. De plus, c’est quelqu’un d’entier, qui sera toujours là pour son entourage, sur qui on peut compter. » Et lui aussi peut s’appuyer sur certains proches… « C’est un bon coach, qui comprend le basket », clame Alen Omic. « J’espère qu’un club lui donnera sa chance à un niveau plus élevé dès la saison prochaine ! Il a changé la saison de son équipe, ils ne sont plus qu’à une victoire des playoffs. Je l’appelle tous les 3-4 jours pour lui demander comment ça va, s’il a besoin d’aide, s’il a besoin du point de vue d’un autre joueur ou de quoi que ce soit. On discute de choses positives pour qu’il reste fort pour le reste de la phase retour. Mais je sais qu’il bosse dur et qu’il profite vraiment de ce qui lui arrive. » Les conseils occasionnels d’une légende de l’EuroCup, c’est très bien. Mais on aura compris que le redressement de l’Alliance Sport Alsace, c’était d’abord une question de dureté, de défense et de travail..
À Souffelweyersheim,
Commentaires