[L’œil de coach Soares] Avant la finale des Jeux Olympiques, comment battre les Avengers ?
LeBron James, Stephen Curry et Team USA, un dernier obstacle XXL sur la route de l’or olympique pour les Bleus
Avec 106,8 points marqués par match pour un écart moyen de plus de 20 points en moyenne, les États-Unis semblent filer tout droit vers un titre qui, pour beaucoup, était acquis d’avance. Néanmoins, comme lors de leur avant-dernier match de prépa face au Soudan du Sud, l’équipe américaine a montré à l’occasion de sa demi-finale face à la Serbie qu’elle n’était pas invincible.
Comment les Bleus, après deux grosses performances face aux Canadiens et aux Allemands, peuvent-il réussir ce qui serait sans aucun doute un des plus grands exploits de l’histoire du sport collectif français ?
- Le rythme, encore une fois
Certains l’ont critiqué (manque de vitesse) mais l’équipe de France a montré une régularité impressionnante dans la gestion du rythme globale. Avec « seulement » 83, 80 et 82 possessions face au Brésil, Canada et Allemagne en demi, les Bleus ont toujours été performants lorsqu’ils ont su maîtriser le tempo.
Plus parlant encore, les hommes de Vincent Collet n’ont pas été dans leur standard dans leur deux plus mauvais matchs (90 face au Japon, 73 face à l’Allemagne en poule).
Comme on pouvait s’en douter, les Américains dominent le tournoi dans le volume de possessions avec 10 de plus par match que les Bleus : 91. Or, les Serbes, notamment par des changements de défense et l’utilisation d’une zone (image 1), ont réussi à faire tomber ce nombre à 82 seulement.
Contrôler leur jeu rapide et les tirs en première intention sera une des clés du match : les coéquipiers de LeBron James ont scoré 8,2 contre-attaques par match ! Bonne nouvelle pour les Bleus : en plus de savoir maîtriser le tempo, ils ont également assuré leur repli (seulement 3,6 paniers encaissés par match).
- Le jeu sans ballon
Les Américains excellent dans le jeu de coupes – 5 par match – et dans le trouver des solutions en « back door » (solutions de passes en direction du cercle).
Pas réellement mis en difficulté au cours de la compétition avec seulement 2 coupes encaissées par match, la défense plus agressive sur l’homme et autour du pick and roll laisse un peu plus d’espace dans le dos, ce qu’ont notamment trouvé les allemands en deuxième mi-temps face à l’équipe de France (5 coupes).
A contrario, les Serbes ont réussi à corriger leurs manquements entre les deux matchs (6 coupes en poule, 1 seule en demi).
- Dominer la raquette, être solide autour de la ligne à 3 points
Intraitables dans l’utilisation du post-up depuis le début de la préparation, les Français ont encore pris une nouvelle dimension par l’utilisation plus prononcée de Lessort au détriment de Gobert. Avec le seul seul Embiid comme poste 5 et l’utilisation récurrente de poste 3 (Durant, LeBron James) en 4, les Bleus ont une vraie carte à jouer pour trouver des paniers « faciles », mais aussi provoquer des fautes et casser le rythme.
Mais ce qui semble être encore plus important, ce sera la réussite derrière l’arc. La statistique semble surréaliste, mais elle est bien vraie : 14,1 / 31,4 à 3-points, soit plus de 45% pour Team USA. Baisser ce chiffre semble fondamental afin de pouvoir espérer l’emporter, même si les serbes ont échoué (16/32, soit 50% jeudi).
Encore plus important, il faudra surtout être très performant en attaque sur cet aspect du jeu. Avec 33% de moyenne depuis le début de la compétition, les Bleus vont devoir hausser ce pourcentage, sans doute autour des 40%, comme les Serbes jeudi (38,5) ou les Sud-Soudanais lors de leur dernier match de préparation perdu de seulement deux points (42,4%).
Encore une fois, une domination dans le post up forcera les américains à défendre plus proche du cercle et devrait nous ouvrir des espaces pour de bons tirs.
- Garder le cœur et la prise de responsabilité
Impressionnants d’énergie depuis le début des phases finales, les joueurs et le staff de l’équipe de France ont montré un caractère immense, tant individuellement que collectivement. L’union sacrée que l’on a pu voir sur les deux derniers matchs sera LE facteur déterminant afin de ne pas décrocher lors des fameux « run » américains.
Qui est Guillaume Soares ?
Ancien joueur de niveau NM3 – Prénationale (avec quatre apparitions en NM1 en 2008), reconverti dans le coaching depuis, Guillaume Soares (35 ans) a été assistant-coach ces quatre dernières saisons. D’abord aperçu à Andrézieux-Bouthéon (NM1, aux côtés de Sébastien Chérasse), Pont-de-Chéruy (NM1, Dounia Issa) et Vichy (Pro B, Guillaume Vizade), il a fini par découvrir la Betclic ÉLITE l’hiver dernier, recruté par l’ADA Blois pour seconder David Morabito. Par ailleurs professeur des écoles, le Stéphanois avait démarré avec des équipes de jeune (U15, U17, U20 filles et garçons) à Grasse et Cagnes-sur-Mer.
Pour le deuxième été consécutif, Guillaume Soares tiendra une chronique tactique en marge des matchs de l’équipe de France masculine aux JO.
Les précédentes chroniques de Guillaume Soares :
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