Digué Diawara, 33 points à 85% et le tir de la victoire : enfin la saison de l’envol ?

C’est une séquence d’un joueur en pleine confiance. À trois secondes du buzzer final entre Quimper et Lille, Lorenzo Thirouard-Samson a la main dans le visage de Digué Diawara (24 ans). Mais l’ailier breton n’en a que faire. Intouchable depuis le début de la rencontre (30 points à 10/12, dont 5/5 à trois points), il balance une sixième flèche à trois points, pour la gagne. Réussie, évidemment (85-84). « On devait jouer un pick pour essayer de trouver Digué et c’est ce que l’on a fait », explique Laurent Foirest au micro de Jérémy Proux, journaliste à Ouest France. « Ce n’était pas techniquement bien mais l’intelligence de jeu est là, on a trouvé l’homme qui était chaud à ce moment là et ça a payé. »

33 points avec un joli 6/6 à 3-points dont ce panier de la victoire pour Digué Diawara avec les @BeliersdeKemper. What else ? ☕️ pic.twitter.com/XfRIybzGEi

— Théo Quintard (@TheoQuintard) January 10, 2023

Pris en grippe à Pau

Par son game-winner, Digué Diawara a sûrement éviter aux Béliers de plonger dans la crise en brisant une spirale de quatre défaites d’affilée. Mais il a surtout confirmé les promesses d’une saison exceptionnelle (19,4 points à 53%, 6,9 rebonds et 1,9 passe décisive), encore peu imaginable il y a quelques temps. Grand espoir du basket français, double champion d’Europe juniors avec la génération 1998, l’ancien villeurbannais s’est perdu en route au cours de ses quatre premières saisons professionnelles, entre Hyères-Toulon et l’Élan Béarnais, au point d’être pris en grippe par une partie du public des Palais des Sports de Pau. Même son ex-entraîneur Laurent Vila avait un temps fait part de son exaspération en ciblant « ses caprices d’enfants gâtés », avant que le départ avorté du Francilien en G-League ne force les deux hommes à poursuivre leur collaboration.

Descendu en Pro B l’an dernier, Digué Diawara a progressivement repris confiance à Quimper (11,7 points), malgré la saison collectivement chaotique de l’UJAP. Des turbulences qui ne l’ont pas empêché de prolonger dans le Finistère, malgré le pont d’or offert par Boulazac cet été. Bien lui en a pris : l’ex-prospect s’impose comme le principal concurrent de Mathis Dossou-Yovo dans la course au trophée de MVP, et fait surtout preuve d’une constance exceptionnelle. Passé pour la première fois sous la barre des 10 points avant la trêve (à Orléans), il a eu toutes les vacances pour ruminer et s’est vengé avec une prestation majuscule face au LMB : 33 points à 11/13, 5 rebonds, 2 passes décisives et 2 interceptions pour 34 d’évaluation en 34 minutes, son record en carrière. Tout juste pourra-t-on lui reprocher ses cinq balles perdues mais cela semble assez peu significatif à côté de son impact dans le succès quimpérois. Plus tôt cette saison, le 10 décembre contre l’ASA, Diawara avait déjà atteint la barre des 33 points, mais il lui avait fallu 52 minutes pour cela.

« Je peux assumer les responsabilités »

« C’est une progression linéaire », juge Laurent Foirest. C’est un gamin qui a du talent, mais qui était sur le banc depuis trois saisons à Pau, en jouant 5-6 minutes par ici ou par là. Or, pour progresser, il faut jouer. L’année dernière, il a beaucoup joué, il a fait beaucoup d’erreurs et il commence à comprendre certaines choses cette saison. Que tout ne peut pas tourner autour de lui, qu’il ne faut pas qu’il se prenne la tête quand il rate, etc. Mais il progresse, et j’espère qu’il va continuer comme cela, en emmenant les autres dans son sillage. » Toujours enclin à avouer haut et fort son rêve de NBA, Digué Diawara avait expliqué le mois dernier au Télégramme les raisons de son explosion soudaine. « Je me suis dit que, quitte à rester en Pro B, autant rester dans un club qui me fait confiance. Avoir cette confiance du staff et des coéquipiers m’a aidé à passer un cap. Mentalement, j’ai progressé. J’ai plus de connaissance sur mon jeu. Je suis plus serein, plus sûr de mes forces. Le travail des années passées est aussi en train de payer. J’ai plus de responsabilités. C’est toujours ce que j’ai voulu. Mais aujourd’hui, je peux les assumer. » Au point de presque faire gagner à lui seul une équipe…