Bodian Massa raconte sa première de rêve en équipe de France : « Boris Diaw m’a dit que je pouvais maintenant porter le n°1,3 »
Du propre aveu du sélectionneur Vincent Collet, « Bodian Massa a été la surprise du match » dimanche contre la Lituanie (70-63). Pour sa première sélection, à 25 ans, le géant strasbourgeois a crevé l’écran à Trélazé, en relais d’un Victor Wembanyama initialement en difficulté face à la défense balte : 11 points à 5/5, 4 rebonds, 1 passe décisive et 2 interceptions en 16 minutes. Et un joli 16 d’évaluation, la plus haute marque du soir pour l’équipe de France. Pas mal pour quelqu’un qui n’avait encore jamais touché un ballon de basket à 16 ans ! « C’était sa première sélection et il a parfaitement réussi ses débuts en équipe de France », enchaîne Vincent Collet.« Il fallait voir l’accueil qu’il a eu dans le vestiaire, ça faisait chaud au cœur. Les joueurs se sont tous levés, ont applaudi, ont crié parce qu’ils étaient contents pour lui. » Retourné en Alsace, le néo-international a débriefé sa première soirée avec les Bleus en notre compagnie.
— Équipes de France de Basket (@FRABasketball) February 27, 2023
« Je ne pouvais pas rêver mieux »
Bodian, deux jours après votre première sélection en équipe de France, êtes-vous redescendu de votre nuage ?
Oui mais franchement, c’était incroyable ! Je ne m’attendais pas à faire partie du groupe. Cette entrée en matière en équipe de France a été exceptionnelle, je ne pouvais pas rêver mieux.
Avant de parler de la Lituanie, comment s’est passée la semaine ?
Plutôt bien ! Quand le groupe est parti en République tchèque, je suis resté chez ma mère à Paris pendant deux jours. Je les ai rejoint vendredi à Angers. Le premier jour, j’ai fait du travail individuel pendant qu’ils étaient en récupération. Samedi, je me suis entraîné avec l’équipe et c’est lors de la réunion du soir, après la séance vidéo, que Vincent Collet a annoncé qu’il allait procéder à une modification d’effectif et que j’allais intégrer le groupe.
Comment avez-vous réagi à ce moment-là ?
Je pense que ça se verra dans la vidéo réalisée par la fédération mais je suis resté stoïque. Je voulais montrer que j’étais quand même sérieux (il rit). Je crois que je n’ai même pas souri. Tout le monde a applaudi. Au fond de moi, j’étais super heureux. J’avais été un peu frustré de ne pas aller en République tchèque quelques jours auparavant mais je me disais que tout vient à point à qui sait attendre. Au final, le sélectionneur m’a donné ma chance sur le deuxième match et quitte à choisir, si j’avais pu, j’aurais voulu démarrer en France.
Lors de votre premier rassemblement avec les Bleus, vous disiez n’avoir aucune pression. En avez-vous eu cette fois avant cette première sélection ?
Oui, j’avais la pression quand même ! C’était mon premier match international et même si on a l’habitude de jouer au basket, c’est quelque chose de différent. On représente tout un pays cette fois, pas que son club. Au cours de la journée, j’ai reçu des messages d’amis et de proches. Paul (Lacombe), Nicolas Lang et Andrew Albicy m’ont aussi un peu parlé, ont joué leur rôle d’ancien auprès de moi. Franchement, c’était cool !
« À jamais gravé dans ma mémoire mais ce n’est pas une fin en soi »
Et de manière individuelle, cela s’est passé comme dans un rêve ?
Complètement. J’ai mis une minute à rentrer dans mon match mais une fois que le premier panier est rentré, j’étais en totale confiance derrière.
C’est ce que l’on a vu lorsque vous avez joué Martinas Geben dos au panier pour finir sur un petit hook. Pour le pivot qui reste encore parfois timoré offensivement, c’est marquant de faire ça sur l’un de vos premiers ballons en équipe de France…
Il y avait la confiance hein ! Après, toute la semaine, j’ai bossé avec Jo Gomis et Boris Diaw qui ont insisté sur le fait de ne pas hésiter lorsque j’avais la balle poste bas. Lorsque j’ai eu la situation, j’en ai profité pour montrer ce que j’avais travaillé pendant tous ces derniers jours.
Si l’on vous avait dit que vous termineriez meilleure évaluation de l’équipe de France pour votre première sélection ?
Je n’y aurais jamais cru ! Je pensais que j’allais rentrer timidement. Avec tous les joueurs qu’il y a autour, je croyais que j’allais rentrer petit à petit. Mais ça s’est super bien passé. Maintenant, ce n’est pas une fin en soi. C’était simplement un match, il faut faire ça lors de toutes les rencontres maintenant.
Vincent Collet a évoqué l’accueil qui vous a été réservé dans le vestiaire par vos coéquipiers après le match. Il parait que cela a été marquant…
Oui, tout le monde m’a applaudi. Il y en a même certains qui ont jeté de l’eau. Franchement, ça faisait plaisir. Je pense que ce qui était marquant pour le coach est de voir l’ensemble de l’équipe contente pour moi parce que j’avais fait un bon match.
La joie des Bleus dans le vestiaire après la première réussie de Bodian Massa 🤩
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« De 0,13 à 1,3 »
Était-ce la meilleure soirée de votre carrière ?
(il hésite) Oui, oui… Car c’était mon premier match international. Après, il y a eu d’autres soirées importantes : la montée avec Fos-sur-Mer, la victoire en Leaders Cup Pro B. Mais c’est vrai que ce dimanche restera à jamais gravé dans ma mémoire. Rien que le fait de chanter la Marseillaise avant le match, c’était la première fois de ma vie. J’avais toujours l’habitude de le faire devant la télévision avant. Se battre pour la France, jouer dans une salle remplie, c’était exceptionnel. Allez, je dirais que c’est dans mon Top 2.
Vous avez suscité une grosse attention médiatique la semaine dernière, et plus encore dimanche : l’interview à la mi-temps sur beIN Sports, celle d’après-match pour France 4, le seul joueur envoyé en zone mixte pour L’Équipe. C’est quelque chose de totalement nouveau pour vous. Comment l’avez-vous géré ?
Certains ne savaient pas qu’on ne prononce pas « Bodiane » (il sourit). Après, oui, c’était nouveau mais je n’ai pas eu à gérer ça. La seule chose qui m’importait réellement est le bonheur et la fierté de mes proches de me voir réaliser cette performance-là. Cela dit, c’est vrai qu’il y a eu énormément d’attention médiatique la semaine dernière : il y a eu votre article sur BeBasket, un autre qui annonce que je suis dans le groupe, plein de choses qui ont fait que les projecteurs étaient sur moi. Mais cela n’a joué en rien sur mon match par exemple.
Vous êtes le premier joueur à avoir osé porter le n°13 depuis 2018, inutilisé depuis la retraite de Boris Diaw…
Il m’a chambré ! Après, il est super cool. Je pense que tous les fans de basket rêvent de le rencontrer et je suis hyper content d’avoir eu la chance de le faire. En plus, il m’a donné quelques petits conseils, comme sur le poste bas justement : « Regarde, tu viens de marquer comme ça en équipe de France, tu devrais essayer d’en faire un peu plus à Strasbourg. » Après, il m’a donné des conseils techniques sur les poses d’écran, sur la manière d’enfoncer mes joueurs. Concernant le n°13, il m’a dit que j’aurais le droit de le porter si je gagnais un un-contre-un avec lui. Malheureusement, ça s’est soldé sur une défaite de ma part à Pau en novembre. Bon, il a quand même accepté. Je lui ai ensuite redemandé si ça le dérangeait réellement que je prenne le n°13. Il a été cool en répondant que non. Après le match, il m’a fait une blague : « OK, maintenant, tu n’as pas encore le n°13 mais le 1,3. Avant, c’était 0,13, maintenant 1,3 et en fonction de tes performances, peut-être qu’on décalera la virgule un jour pour que ça devienne le n°13. »
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