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Le cuisant échec populaire de l’EuroBasket féminin : 592 spectateurs de moyenne…

EuroBasket 2023 - Bouclé dimanche par le premier sacre continental de la Belgique, le 39e championnat d'Europe féminin s'est déroulé dans un effrayant anonymat, entre Tel-Aviv et Ljubljana, attirant tout juste 23 000 spectateurs sur l'ensemble de la compétition, soit à peine 600 par match... Un véritable fiasco pour la FIBA Europe.
Le cuisant échec populaire de l’EuroBasket féminin : 592 spectateurs de moyenne…
Crédit photo : BeBasket

Et dans une obscurité bleutée, Emma Meesseman souleva le trophée. De la fumée s’échappe des quatre coins du parquet, des confettis et des étincelles sont projetés en l’air, le titre Dream On d’Aerosmith résonne à fond mais personne, ou presque, n’est là en tribunes pour applaudir les nouvelles reines d’Europe : des milliers de sièges verts vides, désertés, comme depuis le début de la compétition, pour une finale disputée devant seulement 1 691 personnes… « C’est un peu touchant », regrettait la Belge Maxuella Lisowa-Mbaka, sa médaille d’or autour du cou. « Je sais que beaucoup de gens nous ont regardé au pays mais nos matchs méritent beaucoup plus de public . » De tout l’Euro, la rencontre qui a attiré le plus de monde fut l’entrée en lice du pays hôte, la Slovénie, avec à peine 2 150 spectateurs pour accueillir la Grande-Bretagne. Un total ridiculement faible au sein d’une enceinte qui peut théoriquement accueillir 12 480 personnes, mais qui était de toute façon en configuration réduite avec un anneau supérieur intégralement recouvert par de grandes bâches noires.

100 spectateurs ou moins, lors de 10 matchs sur 39

De quoi interroger sur la pertinence du choix de la Stozice Arena, de toute évidence largement surdimensionnée pour un tel évènement. « La FIBA a fait du basket féminin sa priorité stratégique et nous sommes persuadés que les matchs féminins doivent être joués là où les masculins le sont », a expliqué Kamil Novak, directeur exécutif de la fédération internationale, à L’Équipe la semaine dernière. Une intention louable mais qui ne fait malheureusement que renforcer le terrible contraste existant avec les hommes : en 2013, les phases finales de l’EuroBasket masculin, disputées dans la même salle, avaient attiré 8 476 spectateurs de moyenne, contre 715 pour son pendant féminin dix ans plus tard…

Pire, dix rencontres se sont disputées devant 100 personnes, ou moins, avec un triste record pour le Grèce – Lettonie tenu le 16 juin à Tel-Aviv devant 66 spectateurs… Et encore, il est permis d’émettre quelques doutes sur la véracité des chiffres au vu du nombre de matchs annoncés avec 100 spectateurs tout rond. Bref, cet EuroBasket partagé entre la Slovénie et Israël fut un fiasco populaire, loin des aspirations du début. « Nous voulions utiliser ces deux pays afin d’éveiller l’intérêt pour la discipline », plaide Kamil Novak. Pour cela, il aurait peut-être fallu mieux communiquer en amont. À Ljubljana, rien ne laissait penser qu’un championnat d’Europe féminin se déroulait sur place. Pratiquement aucune campagne d’affichage, des visuels au compte-goutte dans le centre historique, une poignée de bus flanqués des couleurs et du slogan de la compétition, mais rien de visible, contrairement à ce qu’a l’habitude de faire l’EuroLeague lors du Final Four, avec des drapeaux et publicités qui quadrillent la ville hôte… L’échantillon n’a aucune valeur scientifique mais les diverses personnes croisées sur les playgrounds de la capitale slovène n’étaient nullement informées de l’existence de l’EuroBasket.

« Une finale de championnat d’Europe mérite de se jouer devant plus de monde »

Et pourtant, la jeune nation des Balkans est une vraie terre de basket de basket. Le match amical Slovénie – Grèce programmé en août à la Stozice Arena a fait guichets fermés en quelques minutes. Mais là-bas, il y a Luka Doncic et le reste : il faut encore évangéliser tout un pays au basket féminin. « On s’attendait à une telle affluence car les Slovènes ne connaissent ni les autres sélections nationales ni les joueuses étrangères », explique Tilen Jamnik, journaliste local pour RTV. « Le basket féminin n’est pas très populaire ici. De plus, le contexte autour de notre équipe a été mauvais avant l’EuroBasket avec l’affaire Nika Baric (expulsée de la sélection pour avoir critiqué le choix fédéral d’embaucher un technicien étranger, ndlr) et l’incapacité à ramener une Américaine naturalisée. Les gens s’attendaient à de mauvais résultats de la Slovénie (0v-3d au total) et ils n’ont donc pas acheté de billets. Ce n’est qu’en cas de beau parcours qu’ils seraient venus. » Un manque de curiosité flagrant à l’heure du dernier carré : alors que des rencontres d’une telle magnitude auraient pu aiguiser l’intérêt des aficionados Slovènes, disputées en dehors des horaires scolaire en plus (un autre argument expliquant la désaffection), les demi-finales et les finales se sont simplement jouées devant les contingents de supporters des quatre pays concernés, dont 70 à 80 Français qui n’ont cessé de chanter dans le vide.

Un problème qui est loin d’être nouveau pour la FIBA Europe, et qui ne concerne pas que les femmes. Deux ans après l’enchantement des phases finales de Lille avec 18 000 spectateurs de moyenne, on se souvient encore du Sinan Erdem Dome déserté d’Istanbul pour l’EuroBasket 2017, avec la conférence lunaire de Turgay Demirel en fin de tournoi qui avait nié l’évidence, évoquant des affluences « normales ». Plus récemment, la Tbilissi Arena avait régulièrement sonné creux pour le premier tour du championnat d’Europe 2022, avec plusieurs matchs joués devant moins de 1 000 personnes. « Je ne sais pas quels sont les leviers », souffle le sélectionneur clermonto-belge, Rachid Meziane. « Il y a forcément la médiatisation mais aussi peut-être le choix des pays organisateurs. Après, pourquoi pas aussi chercher à promouvoir le basket ailleurs pour provoquer un nouvel engouement. » Soit, certes, ce qu’essayait la FIBA, avant le cruel révélateur des chiffres finaux : 23 069 spectateurs sur l’ensemble de la compétition, soit une moyenne dérisoire de 592 par match. « Bien sûr que c’est regrettable », soupire Meziane, sacré avec les Belgian Cats. « Une finale de championnat d’Europe mérite de se jouer devant plus de monde dans la salle. »  Sollicité, le président du comité d’organisation, Emir Haskic, n’a pas répondu à nos questions.

Depuis dix ans, de moins en moins de monde…

Depuis le coup de poignard infligé par l’Américano-Espagnole Sancho Lyttle, lors de l’édition 2013 tenue à Orchies, plus aucune finale de championnat d’Europe féminin ne s’est disputée devant une salle comble. Des chiffres en chute libre, Euro après Euro. De quoi obliger à une profonde remise en question, avec une réflexion différente pour le choix de l’organisateur en 2025 ? Si tant est qu’il y ait vraiment des candidats…

Les affluences des dernières finales :

  • 2013 : 5 500 spectateurs à Orchies (France – Espagne)
  • 2015 : 5 200 spectateurs à Budapest (France – Serbie)
  • 2017 : 4 500 spectateurs à Prague (France – Espagne)
  • 2019 : 3 622 spectateurs à Belgrade (France – Espagne)
  • 2021 : 2 376 spectateurs à Valence (France – Serbie)
  • 2023 : 1 691 spectateurs à Ljubljana (Belgique – Espagne)

À Ljubljana,

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