Victoire retirée : Monaco dénonce une sanction « infondée », la course aux playoffs suspendue aux conclusions de l’appel
Qui de l’ASM de Jordan Loyd ou de la SIG de Paul Lacombe sera déclarée gagnante du match Monaco – Strasbourg, remporté sur le terrain par la Roca Team mais attribué par la LNB aux Alsaciens
En jetant un coup d’œil sur le classement dimanche matin, après son succès contre Le Mans (66-60), le SLUC Nancy pensait se retrouver 9e de Betclic ÉLITE, avec le même nombre de victoires que Strasbourg (14). Mais les dirigeants nancéiens ont eu la désagréable surprise de découvrir que la SIG avait engrangé deux succès dans le week-end, pour pointer à 15. « On l’a découvert, comme tout le monde, en regardant le classement et en se demandant de bonne foi s’il y avait eu un bug », indique Youri Verieras, le directeur général lorrain.
Nombreuses zones d’ombres
Pour trouver les raisons de ce soudain avancement de l’équipe alsacienne, il a fallu fouiller jusque dans les méandres du site de la LNB, pour exhumer un document PDF portant sur les décisions de la Commission Juridique, de Discipline et des Règlements de la ligue. Le dossier n°54 concerne la rencontre de la 26e journée de Betclic ÉLITE entre Monaco et Strasbourg (92-78), et il est simplement indiqué que la Roca Team perd cette rencontre par pénalité, même pas que le SIG récupère le gain de la victoire sur tapis vert, pour « manquement aux règles posées posées par les règlements de la FFBB. »
En l’occurrence, l’AS Monaco a été sanctionné pour avoir inscrit sur la feuille de match l’intérieur Jaron Blossomgame (0 point à 0/2 en 5 minutes) et le coach Sasa Obradovic, tous deux sous le coup d’une suspension automatique d’un match ferme pour des fautes disqualifiantes reçues le week-end précédent en Coupe de France lors de l’élimination face à la… SIG Strasbourg (89-93). Par conséquent, le club champion de France a été sanctionné car le CJDR considérait qu’il ne pouvait ignorer le règlement.
Mais de nombreuses zones d’ombre planent sur l’affaire. L’Équipe a révélé dès dimanche que ni la table de marque, ni le commissaire, ni les officiels de la rencontre n’avaient été notifiés de la sanction par les services fédéraux ou ceux de la ligue. « La Commission a appliqué les règlements à partir des informations dont elle disposait », a expliqué le directeur général de la ligue, Fabrice Jouhaud, dans les colonnes du quotidien sportif. « En revanche, même si les sanctions sont relatives à un match de Coupe de France, la Ligue nationale doit maîtriser les informations qui concernent les joueurs, entraîneurs et clubs qui participent à ses Championnats. Sur ce cas précis, on aurait dû être meilleurs et ainsi éviter cette situation. »
« Pourquoi la fédération a-t-elle mis neuf jours à informer la ligue ? »
Plus troublant, l’avocat de l’AS Monaco, Me Xavier Le Cerf-Galle, précise que la LNB a été informée le 26 mars par la fédération qu’il existait des suspensions conservatoires à l’encontre de Jaron Blossomgame et Sasa Obradovic. Or, la rencontre Monaco – Strasbourg a eu lieu le 24 mars… Ce qui explique leur absence à Saint-Quentin lors du match suivant, le 30 mars, la Roca Team pensant qu’ils étaient suspendus pour ce déplacement-là. « On ne peut que s’étonner de cette absence d’information », regrette l’avocat. « Pourquoi la fédération a-t-elle mis neuf jours à informer la ligue d’une suspension provisoire ? Monaco a été extrêmement déçu de la sanction et estime qu’elle est infondée juridiquement et irrégulière sur la forme. »
Xavier Le Cerf-Galle pointe également le flou juridique entourant la sanction. L’avocat renvoie à l’article 12.2 des règlements disciplinaires de la LNB, stipulant « qu’un licencié sanctionné d’une faute disqualifiante avec rapport au cours d’une rencontre d’une compétition organisée par la LNB est immédiatement suspendu à titre conservatoire. » Or, la Coupe de France est une compétition fédérale, qui ne relève pas de la ligue. « Le texte spécial prime sur le texte général », martèle-t-il. « On est en matière disciplinaire : les textes s’interprètent de manière stricte, pas de façon extensible. Ce qui est interdit doit être spécifiquement mentionné de manière claire et compréhensible. »
« C’est impossible que ça passe »
Ainsi, l’AS Monaco a saisi la Chambre d’Appel de la FFBB afin de récupérer sa victoire. Le club de la Principauté sera auditionné ce jeudi 18 avril et se réserve ensuite le droit de saisir le CNOSF puis le tribunal administratif en cas d’échec. « Normalement, la Chambre d’Appel doit annuler la décision : c’est impossible que ça passe », pense Xavier Le Cerf-Galle. Ce qui ferait les affaires de Saint-Quentin et de Nancy, concurrents de la SIG et victimes collatérales dans l’affaire, presque plus que la Roca Team qui a déjà quasiment verrouillé sa première place.
Avec la 8e place de Strasbourg, avec ou sans victoire ajoutée, la décision fédérale aura une incidence énorme sur la course aux playoffs. « Le club fautif peut très bien avoir match perdu, sans qu’il y ait match gagné pour l’adversaire », espère Youri Verieras. « On serait excessivement frustrés si la pièce tombait du mauvais côté sur une décision purement administrative. On sait qu’on a un job à faire sur le terrain et on aimerait que les playoffs se jouent de manière uniquement sportive. »
😂 of course lol https://t.co/bEODN3FXrX
— Jordan Loyd (@mrjloyd) April 14, 2024
— Matthew STRAZEL (@mtwbucket32) April 14, 2024
Contactés, la fédération et la SIG Strasbourg ont décliné nos sollicitations.
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