Raphaël Desroses, entraîneur des Espoirs de Paris : « On montre notre légitimité à évoluer dans ce championnat »
Arrivé à la tête des Espoirs du Paris Basketball à l’été 2022 dans un contexte compliqué, Raphaël Desroses vit une deuxième saison de coach encourageante, avec déjà 4 victoires au compteur contre 2 seulement sur l’ensemble de la saison dernière. L’ancien capitaine du Limoges CSP nous en dit plus sur les progrès de son équipe et sur l’évolution du centre de formation.
Après une année compliquée, vous comptez déjà 4 succès cette saison et restez sur deux victoires consécutives face à Saint-Quentin et Chalon-sur-Saône (ITW réalisée avant la défaite de vendredi face à Blois). Vous êtes satisfait de ce début de championnat ?
Ça fait du bien. En Espoirs, l’objectif principal n’est pas forcément le résultat ou le classement, c’est avant tout de développer des joueurs. Mais c’est vrai que le faire en gagnant un minimum de matchs, c’est plus agréable.
Qu’est ce qui a changé cette saison ?
J’ai hérité d’une situation compliquée l’an dernier. On avait trop de joueurs en U18 et U21, ce qui m’obligeait à en laisser 5 ou 6 sur le côté à chaque match. C’était un sentiment horrible. Cette année, on a resserré les effectifs, pour que tout le monde joue chaque week-end. Ça permet aussi de faire monter certains jeunes en U21 et d’accélérer leur progression. L’autre évolution majeure, c’est l’ajout d’un préparateur physique sur le centre de formation, qui nous permet de travailler davantage sur la musculation et de manière individualisée avec nos jeunes. Notre collaboration avec The One Ball cette année nous permet d’accéder aux infrastructures nécessaires pour réaliser tout ce travail.
L’Arena Porte de la Chapelle attendue avec impatience
L’Arena Porte de la Chapelle sera livrée en février prochain et deviendra officiellement l’antre du Paris Basketball. Qu’est ce que cela va changer pour vous ?
Le problème de Paris, c’est la disponibilité des salles. En ce qui nous concerne, on alterne entre la Halle Carpentier, où on joue le week-end, et The One Ball, où on s’entraîne souvent en semaine. Avec l’Arena, on tue le sujet puisque nous devrions avoir à notre disposition une salle annexe du complexe. Ce sera un vrai plus pour l’équipe sachant que nous logeons cette année 11 joueurs, contre 4 seulement l’an dernier, à quelques pas seulement de ce nouvel écrin. C’est un effort important réalisé par le club cette saison, qui va nous simplifier la vie d’un point de vue logistique pour nous permettre de passer plus de temps à l’entraînement que dans les transports.
Vous avez perdu Mo Diawara, qui évolue exclusivement avec le groupe pro cette année, et récupéré Maxim Logue, en provenance du Pôle France. Comment se passe son intégration et comment jugez-vous ses premières prestations ?
Maxim a prouvé des choses en Nationale 1, mais il doit encore se développer. Il a appris toute sa vie à être un role player, donc aujourd’hui il apprend à développer d’autres qualités, parmi lesquelles le jeu dos au panier. Ce n’est pas forcément à la mode en ce moment, mais les modes, ça va, ça vient. Et si on jette un œil à ce qu’il se passe en NBA, on voit que la ligue est dominée par Nikola Jokic et Joel Embiid. Donc on n’est pas à l’abri que le jeu poste bas redevienne à la mode. Il excelle dans le pick & roll, qu’il a largement pratiqué dans sa carrière. C’est à nous de l’aider à développer d’autres aspects du jeu et notamment son tir, sachant qu’il a un bras intéressant. Il a un tel potentiel qu’on est forcément très exigeant. Il a un gros impact sur nos résultats, c’est indéniable, mais j’ai tendance à voir ses axes de progrès avant ses performances. Il a encore une grosse marge de progression même s’il nous apporte déjà pas mal. Il nous permet aussi d’avoir un axe 1-5 très fort, associé à Bilal Destouches, Hugo Nguyen ou Ilian Moungalla, trois meneurs de grande qualité.
Quels sont les autres motifs de satisfaction cette année ?
On a plusieurs individualités qui se dégagent, c’est sûr, mais on a surtout la volonté de s’appuyer sur tout un groupe. C’est ce qui explique la bonne répartition des temps de jeu et le grand nombre de joueurs qui contribuent à chaque match. Ça crée une certaine émulation et tout le monde à sa chance. Ça leur apprend aussi à être productifs sur des séquences plus courtes, car la porte vers le haut niveau passe par des temps de jeu réduits dans un premier temps. Et c’est là qu’il faut réussir à être bon, sur les quelques minutes qu’on se voit offrir. Beaucoup de joueurs ratent leur chance parce qu’ils ne savent pas être rentable sur des petits temps de jeu. Cette année ils ont un super exemple avec le jeu que pratique l’équipe professionnelle, où personne ne joue plus de 25 minutes. Et on voit que ça paye. Le week-end dernier (contre l’Élan Chalon, NDLR) par exemple, Bilal Destouches met 18 points en 20 minutes, alors qu’Hugo Nguyen et Ilian Moungalla font eux aussi un bon match. On a réussi cette année à créer de la profondeur de banc avec un meilleur équilibre dans l’équipe, pour que chaque soldat puisse apporter sa pierre à l’édifice. On veut les amener au haut niveau, et le haut niveau, c’est rarement 35 minutes par match.
Paris investit dans la formation
Vous pointez à la 11e place du classement (14e depuis, avec 4 victoires en 10 matches, quelles sont vos ambitions pour la suite de la saison ?
Les ambitions elles vont venir au fur et à mesure de la saison. On a appris de certaines défaites, notamment celle contre Dijon, où on perd sur un coup de dés, et on est en train de gagner en confiance. La victoire face à Chalon-sur-Saône dimanche m’a plu car on a gardé notre intensité jusqu’au bout pour l’emporter avec un gros écart (+19). On ne s’est pas relâchés. On a un calendrier compliqué qui démarre, et on va voir quel est notre véritable niveau face aux équipes du haut de tableau, mais on a déjà montré qu’on avait fait un vrai pas en avant sur l’équipe Espoirs, en gagnant deux fois plus de matchs que l’an dernier. Ce n’est pas neutre.
Y a-t-il des raisons à chercher au-delà du terrain pour expliquer cette progression ?
Bien sûr. On peut penser à l’intégration d’un préparateur physique à l’équipe, à l’amélioration des passerelles entre U18 et U21, mais aussi à l’arrivée de Christophe Denis cet été pour prendre la tête du centre de formation. Sa venue nous fait beaucoup de bien car il a, comme moi, l’expérience du haut niveau, ainsi qu’une belle expérience dans la gestion de centres de formation après ses années passées à la tête des Espoirs du Paris-Levallois. Elle a permis une prise de conscience au niveau du club, qui comprend mieux ce qu’il peut tirer de son centre de formation. On a posé les premiers pierres de notre transformation, et montré notre légitimité à évoluer dans le championnat Espoirs, ce qui n’était pas le cas l’an dernier. C’est le plus important.
Qu’entendez-vous par légitimité ?
Il faut savoir qu’on a eu du mal à recruter l’été dernier. On a vu des joueurs décliner nos propositions pour s’engager en Espoirs Pro B, c’est dire l’image qu’on avait. Là je pense qu’on a fait un premier virage en terme de qualité, qui va nous permettre de gagner en attractivité, sachant qu’on a sur Paris un vivier de joueurs sans égal. Pour accroître cette attractivité, on a aussi décidé, avec Christophe Denis, de miser sur la jeunesse en proposant très tôt dans le process de jouer en Espoirs. Le meilleur exemple, c’est Ilian Moungalla (le Montpelliérain est arrivé à l’été en provenance du Pôle France, NDLR), qui a 15 ans seulement (il fêtera ses 16 ans le 13 novembre), a déjà démarré dans le 5 majeur cette saison. Et il n’est pas le seul. Cette précocité constitue l’un des axes de notre politique de formation, et c’est ce qu’on veut mettre en avant. Il faut que les jeunes comprennent qu’en rejoignant Paris, ils évolueront en Espoirs un an avant les autres en moyenne, ce qui fait une énorme différence quant à leur développement.
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