[L’œil de coach Soares] Le Collet Game
Guerschon Yabusele dans le cinq, l’un des ajustements tactiques payants du staff français contre le Canada
Avant de parler basketball, il semble essentiel de mettre en avant la prise de responsabilité de l’ensemble de l’équipe, joueurs et coachs. Félicitons d’abord les joueurs pour leur investissement individuel au service d’une cause collective, puis le public pour son énergie si précieuse. Tentons ensuite d’analyser les choix payants du staff.
Ce qui n’a pas changé
- La gestion du rythme
Une vraie constante depuis la prépa, l’équipe de France tient une cadence aux alentours de 80 possessions par match (80 exactement hier), avec une faible volonté de jeu rapide : seulement quatre contre-attaques tentées, dont les 2 premiers tirs à 3 points de Cordinier.
De même, on a encore une fois privilégié le repli plutôt que le rebond offensif (seulement 32% de rebond off et 4 contre-attaques réussies par les Canadiens).
- La mobilité postée
Une nouvelle fois les Français ont beaucoup pu s’appuyer sur le post-up et la mobilité autour qui a toujours été une constante dans les équipes de Vincent Collet.
Avec 6,4 post-up (avec tir direct) tentés par match, la France est l’équipe qui s’appuie le plus sur ce secteur de jeu, loin devant le Canada (3) ou les USA (4,4), mais aussi l’Allemagne (4,6) ou encore la Serbie de Jokic (5).
Ce qui a changé
- Beaucoup de « early » situations
« Early screen » ou « early post up » sont des intentions de jouer directement du pick and roll ou du post up dans une situation de transition libre, sans annoncer de système pré-définis. En plus de créer de l’incertitude et d’amener de la vitesse dans leur jeu, les Bleus en ont aussi profité pour trouver des mismatchs grâce aux switchs du Canada sur le poste 4.
Une nouveauté dans la façon de jouer de l’EDF, que l’on a (trop ?) souvent vu s’appuyer sur de longs systèmes afin de faire travailler l’adversaire longtemps.
- Une défense de pick and roll plus agressive.
En plus d’utiliser principalement Lessort et Wemby en poste 5, le staff a demandé auxpivots d’être plus haut sur les situations de pick and roll afin d’empêcher le porteur de balle de pouvoir avancer et forcer les intérieurs à devoir produire du jeu.
On a aussi vu beaucoup de switchs (stratégie payante contre le Brésil) mais toujours avec cette volonté pour l’intérieur d’être agressif sur le porteur.
- Des rotations claires et serrées
De son plein gré ou sans doute à l’écoute d’une bonne partie du vestiaire, le staff de l’équipe de France a tranché sur la répartition des temps de jeu. Ce qui a permis de retrouver notre « 4 majeur » 14 minutes ensemble sur le terrain pour un + 17, bien aidé par les bonnes performances de Lessort et Yabusele.
- Le niveau de jeu des Canadiens
Bien que l’équipe de France ait réalisé une prestation très solide, on doit tout de même mettre en relief le niveau très décevant de son adversaire. Que ce soit tactiquement au début de match où il est très difficile d’identifier une stratégie (aucune situation claire de pick and roll au cours du premier quart), ou mentalement tout au long de la partie (42 lancers concédés, dont une bonne partie sur des fautes loin d’être indispensables), les Canadiens ont réalisé une prestation très brouillonne et n’ont jamais semblé en mesure de pouvoir structurer leur jeu.
Qui est Guillaume Soares ?
Ancien joueur de niveau NM3 – Prénationale (avec quatre apparitions en NM1 en 2008), reconverti dans le coaching depuis, Guillaume Soares (35 ans) a été assistant-coach ces quatre dernières saisons. D’abord aperçu à Andrézieux-Bouthéon (NM1, aux côtés de Sébastien Chérasse), Pont-de-Chéruy (NM1, Dounia Issa) et Vichy (Pro B, Guillaume Vizade), il a fini par découvrir la Betclic ÉLITE l’hiver dernier, recruté par l’ADA Blois pour seconder David Morabito. Par ailleurs professeur des écoles, le Stéphanois avait démarré avec des équipes de jeune (U15, U17, U20 filles et garçons) à Grasse et Cagnes-sur-Mer.
Pour le deuxième été consécutif, Guillaume Soares tiendra une chronique tactique en marge des matchs de l’équipe de France masculine aux JO.
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