L’AS Monaco « comme des poulets sans tête » en Bresse
En réajustant son sac banane autour de sa parka, Sasa Obradovic lance un dernier regard vers l’assistance avant de quitter la salle de presse. « On doit jouer avec plus d’idées », soupire le coach monégasque. Soit tout ce qui a fait défaut à la Roca Team en seconde période, après une première mi-temps pourtant largement accomplie (60 points marqués), avec 20 minutes d’une extrême pauvreté. Entre une rencontre capitale pour se maintenir dans le Top 4 de l’EuroLeague vendredi, un 1/8e de finale de Coupe de France mercredi et la Leaders Cup le week-end prochain, un simple match de la phase régulière de Betclic ÉLITE n’était certes sûrement pas la priorité du moment pour le leader. Mais oujours est-il que le contenu proposé après la pause manquait singulièrement d’inspiration et était indigne du standing d’une telle équipe. « On a joué comme des poulets sans tête », résume Yakuba Ouattara. Pas la meilleure idée quand on vient en Bresse…
Une défaite en forme de « bon avertissement » pour la Roca Team
Avant de perdre en deuxième mi-temps, l’AS Monaco avait quand même fait beaucoup de choses bien. Les coéquipiers d’Élie Okobo (16 points à 6/13, 4 interceptions et 6 passes décisives) ont commencé par imposer un véritable défi athlétique, qui a longtemps fait déjouer des Bressans sans cohérence dans le premier quart-temps (7 balles perdues sur la période). « On a donné beaucoup trop de choses simples au début : des paniers, des fautes, des lancers-francs », énumère Frédéric Fauthoux. De quoi rapidement offrir 14 longueurs d’avance à la Roca Team (19-33, 10e minute). Mais le passage exceptionnel de Jordan Floyd (16 points et 3 passes décisives) a commencé par rééquilibrer les débats, permettant à la Jeu de ne pas être dans les cordes au moment de rentrer aux vestiaires, malgré 60 points encaissés (-6 seulement).
Et puis, la lumière s’est complètement éteinte… Hyperactifs pendant toute la première période, Chima Moneke et Alpha Diallo ont disparu des débats. Longtemps le meilleur marqueur monégasque (11 points à la pause), Matthew Strazel est sorti à la 24e minute pour ne plus jamais revenir, alors que le jeu monégasque était cohérent avec lui à la baguette. Mais au-delà des individualités, c’est tout un collectif qui a subitement sombré. « On les laisse revenir dans le match », regrette Yakuba Ouattara. « Offensivement, on déjoue et de l’autre côté, on manque de dureté, on perd tous les duels en un-contre-un. » La Roca Team s’est aussi frustrée vis-à-vis de l’arbitrage, particulièrement agaçant des deux côtés. Mais alors que les Burgiens ont réussi à mettre cela de côté dès le deuxième quart-temps, les hommes de Sasa Obradovic se sont progressivement agacés, jusqu’à sortir du match. « Si l’on accorde trop d’attention à cela, il est évident que l’on va perdre notre concentration », souligne le technicien serbe. « C’est exactement ce qui s’est passé pour nous. On s’est mis à manquer de concentration en attaque, puis ça s’est propagé à la défense. On a totalement perdu le contrôle. »
Ce court revers à Ékinox (88-90) ne sera pas spécialement problématique pour la Roca Team, toujours solidement accrochée à la première place avec deux longueurs d’avance sur Boulogne-Levallois, mais lui prouve, si tant est qu’il le fallait, qu’elle n’a pas spécialement de marge quand elle ne s’investit pas à fond dans les affaires du soir. À vrai dire, à cinq jours de retrouver la JL Bourg en quart de finale de la Leaders Cup, c’est aussi peut-être la meilleure chose qu’il pouvait lui arriver pour aller décrocher le premier trophée de la saison dans une semaine à Saint-Chamond. « C’est un match qui doit nous servir », martelait Yakuba Ouattara. « C’est un bon avertissement », renchérissait Sasa Obradovic.
« Les 20 meilleures minutes de la saison » de la JL Bourg
D’autant plus que l’AS Monaco n’a pas perdu toute seule. Si le leader est tombé pour la quatrième fois de la saison, c’est surtout également parce que la JL Bourg a proposé une grande prestation, une fois les errances de l’entame oubliées. « Ce sont nos meilleures 20 minutes de la saison », savoure Axel Julien. Comme l’a indiqué Sasa Obradovic, la Jeunesse Laïque a eu le mérite de toujours trouver les solutions adéquates au fil de la rencontre : d’abord par le talent de Jordan Floyd, puis par l’excellent passage de ses postes 4, Isiaha Mike dans l’intensité (20 points à 6/8, 3 rebonds et 2 interceptions) et Pierre Pelos dans une rentabilité remarquable (11 points à 100% en seconde mi-temps, 15 au total). « Tout a changé à partir du moment où l’on s’est mis à défendre », poursuit le meneur varois. « Quand on a répondu au combat, on a cessé d’être impacté par leur physique et c’est devenu beaucoup plus facile. Les stops défensifs nous ont permis d’avoir du rythme en attaque. »
De quoi acter le fait que la JL Bourg est sortie de l’ornière, après six semaines dans la nasse (9 défaites en 13 matchs) ? « Quand on perdait, on ne descendait pas trop bas donc on ne va pas monter trop haut parce qu’on a gagné », répond Frédéric Fauthoux. « Les ressorts pour se remettre de cette mauvaise passe ont été de se revoir, individuellement et collectivement, et de repartir sur ce qui avait fait notre force par le passé. On était parti sur du jeu qui n’était pas du tout ce que l’on voulait développer. » À ce titre, le contenu des deux dernières prestations (98-75 contre Limoges et 90-88 contre Monaco) a de quoi rassurer, surtout au vu de l’identité de l’adversaire du jour. « On n’avait encore jamais battu de grosse équipe, on cherchait une victoire donc c’est bon pour la confiance », relève Axel Julien. Il faudra bien cela pour aller l’emporter dans l’enfer de Beaublanc mercredi en Coupe de France, avant de retrouver des Monégasques vexés vendredi après-midi à Saint-Chamond…
À Bourg-en-Bresse,
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