La révolte bleue : la France renverse la Lituanie !
« On est quel jour ? Le 3 septembre ? Eh bien on va dire qu’on est né le 3 septembre 2022 », glisse Rudy Gobert dans un sourire, avant de s’éclipser de la zone mixte. Manière de souligner que cette fois, l’EuroBasket était bel et bien lancé. Dans les compétitions internationales, la vérité d’un jour est rarement celle du lendemain : indigents face à l’Allemagne jeudi (63-76), les Bleus ont envoyé un message fort avec une prestation extrêmement rassurante face à la Lituanie. « Pour nous, c’est le vrai départ de cet Euro », embrayait Vincent Collet. « La réaction dont on a su faire preuve est intéressante. »
Albicy – Tarpey – Fall, « les héros attendus »
Une double réaction, même. Une réaction après la claque allemande, certes, mais aussi après la nouvelle mauvaise entame du soir. De nouvelles largesses défensives, incarnées par Thomas Heurtel et les errances de Rudy Gobert, ont propulsé d’emblée la Lituanie sur la voie royale (8-21, 7e minute). Et puis, les barbelés sont arrivés… Simultanément dans le petit centre de gravité du pitbull Andrew Albicy, « qui par sa pression tout terrain a complètement cassé leur tempo » dixit Vincent Collet, par l’incessante activité de l’infernal Terry Tarpey III (8 points, 4 rebonds et 4 interceptions) et par le retour en fanfare du géant Moustapha Fall, « complètement hors de rythme » de son propre aveu mais totem soudainement infranchissable pour Jonas Valanciunas et point de fixation salvateur. « Que dire de lui ? Sa première mi-temps a été impressionnante », applaudit le sélectionneur. « Des héros inattendus ? Non, ce sont des héros attendus », corrigeait Rudy Gobert. « C’est pour ça qu’ils sont là, pour changer le cours du match et ils l’ont fait. »
Evan Fournier de retour aux affaires
Pour l’équipe de France, tout va aussi mieux avec un leader bien dans son basket. Méconnaissable face à la Mannschaft (7 points à 2/10), Evan Fournier a profité de l’absence de dimension physique des extérieurs lituaniens pour renouer avec ses standards internationaux (27 points à 9/20, 5 rebonds et 3 passes décisives). « Je voulais juste mieux jouer, je voulais qu’on joue bien », explique-t-il. « On m’a beaucoup plus servi et j’ai essayé de rendre ça. J’aime bien commencer les matchs en étant agressif. » Car oui, auteur de 18 unités dès la première période pour rapidement remettre es Bleus dans le coup (28-28, 12e minute), l’arrière des Knicks a surtout retrouvé ce qui le caractérise le mieux. « Avant dans la préparation, je trouvais qu’il attaquait moins le panier et il l’a beaucoup plus fait aujourd’hui », souligne Vincent Collet. « On a besoin de son agressivité, elle est fondamentale dans notre jeu. »
Le capitaine tricolore a aussi incarné le scénario de la deuxième période. Un petit passage à vide, des shoots ouverts qui ressortent, et les Baltes qui reprennent leurs distances (50-56, 30e minute), mais pas d’affolement. « Souffler sur le banc m’a fait du bien, je suis ressorti avec plus de peps. » La sérénité de l’équipe de France à ce moment-là est à souligner : comme contre la Bosnie-Herzégovine et l’Allemagne, la fin du troisième quart-temps fut extrêmement délicate mais les coéquipiers de Rudy Gobert ont su rehausser leur intensité. « C’est la défense qui a fait la différence dans le money-time, notre communication et notre intensité. Ça nous a aidés à prendre le dessus et à marquer des paniers faciles en attaque. »
« OK, là, on y est »
Ironie du sort, ce sont les deux joueurs désignés coupables de la mauvaise entame qui ont terminé le travail dans une fin de match étouffante (64-64, 35e minute). Rudy Gobert – d’un coup redevenu hermétique défensivement, parfait aux lancers-francs (6/6) et auteur d’une énorme claquette dunk à 42 secondes du buzzer – et Thomas Heurtel, muet jusque-là et à créditer de 4 points d’affilée pour définitivement permettre à la France de poser sa main sur le match (71-64, 37e minute).
Le point final d’une soirée qui a vu l’Europe du basket retrouver la vraie équipe de France, son identité défensive (seulement 48 points encaissés dans les trois derniers quart-temps, 11 interceptions), son impact athlétique et sa justesse offensive (9 balles perdues seulement). « Au-delà du résultat, c’était surtout la manière qui m’importait », avouait Evan Fournier. « Quand j’étais sur le banc, je nous regardais jouer et je me disais : « OK, là, on y est. » J’avais le sentiment de nos dernières compétitions où peu importe qui on jouait, je me disais : « OK, ça ira ». Maintenant, il ne faut pas que ce soit juste l’histoire d’un soir mais que ça dure toute la compétition. » Où signe-t-on l’acte de naissance au 3 septembre ?
À Cologne,
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