« J’étais limite paralysée » : quand Sandrine Gruda découvre au Train Bleu qu’elle ne fera pas les Jeux Olympiques…
Nommée dans le cinq idéal de l’EuroBasket 2023, Sandrine Gruda sera la grande absente des JO 2024
Meilleure marqueuse de l’histoire de l’équipe de France (2 878 points), potentiellement la meilleure joueuse de l’histoire du basket féminin français, Sandrine Gruda (1,93 m, 36 ans) va quitter les Bleues par la toute petite porte. L’intérieure aux 14 campagnes, avec 9 médailles internationales, est restée à quai de la sélection de Jean-Aimé Toupane, jugée inapte, après une saison galère à l’ASVEL, à encaisser le défi physique.
Quasiment un affront au vu de l’histoire, mais un sacrifice que l’ancien entraîneur de Clermont-Ferrand a jugé nécessaire. « Sandrine est une joueuse exceptionnelle. Elle a toujours porté le maillot de l’équipe de France avec beaucoup d’engagement. Ça n’a pas été une décision facile pour moi. En tout cas on a essayé de respecter la joueuse, qui a beaucoup apporté à cette équipe de France. J’ai fait des choix basés sur la performance, et non sur l’individu. On a essayé de construire une équipe avec la meilleure alchimie possible et ça n’a pas été facile pour moi de lui annoncer. Mais ma responsabilité voulait que je prenne une décision plus par rapport à la performance. »
« À partir du moment où il prononce cette phrase… »
Comment lui-a-t-il annoncé, justement ? Sous le choc depuis le mercredi 8 mai, où elle a appris qu’elle ne serait pas de l’aventure olympique qui la faisant tant rêver, Sandrine Gruda s’est confiée dans une longue interview accordée à Basket Europe. La légendes des Bleues raconte l’avoir découvert lors d’un entretien à trois, en compagnie de l’adjoint Christophe Léonard, au cœur de la luxueuse brasserie Le Train Bleu, située au premier étage de la Gare de Lyon à Paris.
« Je le sais depuis huit jours pour rester exacte. Et je suis choquée depuis huit jours. Aujourd’hui, c’est encore plus dur, parce que c’est officiel. Mais c’est vrai que ça a été un choc. Le coach a demandé à me parler. Il me donne rendez-vous, gare de Lyon. Au Train Bleu… C’est marrant, parce qu’on parle quand même d’une campagne en bleu. Et là, il est accompagné de Christophe Léonard, il me parle et me dit qu’il ne me prendra pas cet été. Et là c’est vrai que… à partir du moment où il prononce cette phrase, c’est comme si j’avais un sifflement, un bourdonnement dans les oreilles, je n’entends plus rien ; j’avais une tasse de thé devant moi, que je buvais. Je voyais bouger ses lèvres, donc je savais qu’il parlait, mais je n’entendais plus rien. Je suis sous le choc. Je ne sais même pas quoi lui dire en fait ; le rendez-vous, il a duré dix minutes. Je ne sais pas quoi lui dire, la seule chose que je lui demande c’est « pourquoi » ?
En fait, de ce qu’il m’explique, je retiens que je ne corresponds plus au plan de jeu qu’il veut appliquer à l’équipe de France. Là, je déconnecte encore, je n’entends plus rien. En fait, le rendez- vous ne dure pas. Il n’y a plus d’échange. Comme lui n’a rien à me dire d’autre et que moi je suis totalement, limite paralysée, la discussion s’achève et il part. Et moi, je reste assise à ma place. Je reste dans le Train Bleu facilement une demi-heure parce que je suis sous le choc, incapable d’aligner ma pensée de savoir ce que je vais faire.
J’arrivais de Lyon, et je venais à Paris pour faire des entrainements avec mon coach individuel, j’avais prévu des tas de trucs pour arriver dans les meilleures conditions avec l’équipe de France. J’avais mis un plan en place pour arriver fin prête. Et donc là, lorsqu’au bout d’une demi-heure, j’ai les pensées qui fusent dans tous les sens, je me dis que je dois annuler mes entraînements, je n’arrive pas à avoir une pensée claire… Je reste donc une demi-heure à ma place, en train d’essayer de me refaire, de réaliser, et je n’y arrive toujours pas ; je me dis même que je dois faire attention, car je ne suis pas présente dans l’instant, et qu’il faut je reste vigilante, que je fasse attention en descendant l’escalier, en traversant la rue. Il fallait que je reste suffisamment connectée. Et après j’ai appelé ma famille, parce que j’avais besoin de soutien moral, d’être réconfortée ».
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