Dijon se balade au Rhénus et enfonce Strasbourg dans les profondeurs du classement
« Au moins on rigole… » La SIG Strasbourg n’a toujours pas de fonds de jeu mais Massimo Cancellieri n’a pas encore perdu son sens de l’humour lui. En arrivant en salle de presse, le technicien italien a fait mine de démarrer son analyse d’après-match par une critique des trois arbitres, « terribles », devant le commissaire LNB, avant de se raviser. « Non, ce n’est pas vrai… » Une manière, peut-être, de relativiser l’ampleur du chantier qui prend place au Rhénus, où la SIG vient d’être défaite pour la quatrième fois de rang en championnat, par Dijon (64-81).
Une mi-temps de référence pour la JDA
Une défaite d’autant plus problématique pour les Alsaciens qu’elle survient lors d’un duel entre deux outsiders déçus, « le bal des inquiets » comme le titrait joliment Les Dernières Nouvelles d’Alsace ce dimanche matin. D’un côté, une équipe alsacienne aux deux visages, aussi imprenable sur la scène européenne (5/5, en comptant les qualifications) que friable à l’échelon national (3v-6d). De l’autre, une JDA Dijon en appel après son naufrage contre Bourg-en-Bresse le week-end dernier (66-84), seulement capable de battre les deux victimes expiatoires du début de saison, Gravelines-Dunkerque et Boulogne-Levallois, ainsi que l’Élan Chalon grâce au seul talent de David Holston ce soir-là (34 points). Soit un pas vers la zone de relégation pour le perdant, avec un niveau de jeu en première mi-temps à l’image du classement des deux protagonistes : médiocre. 19 balles perdues en cumulé, et un festival d’erreurs des deux côtés.
Ce fut beaucoup plus propre après la pause (9 balles perdues au total), mais une seule équipe s’est réellement mise à jouer au basket : la JDA Dijon, revenue transformée des vestiaires, pour passer de 37-38 à 48-66 (30e minute). « Je savais que les trois – quatre premières minutes allaient être très importantes », savourait Nenad Markovic, ravi d’être enfin allé s’imposer au Rhénus après y avoir subi trois claques en deux saisons (60-82 en 2021/22, 67-86 et 75-93 en 2022/23). « Je me suis dit qu’on allait mettre Strasbourg sous pression si l’on redémarrait bien le match et c’est exactement ce qui s’est passé, avec beaucoup de concentration et de dureté défensive de notre côté. » Avec, aussi, deux acteurs majeurs : Cameron Hunt, auteur de son record de la saison (23 points) alors qu’il était très décrié, et Allan Dokossi, magnifique d’engagement pour masquer les carences au poste 5 (blessure de Vitalis Chikoko et problèmes de faute de Jacques Alingue). Avec 17 rebonds (dont 6 offensifs), pour aller avec ses 13 points et 2 passes décisives, l’ancien Fosséen a établi la nouvelle performance référence de la saison dans le domaine. « Il a livré un très bon match », commentait sobrement Nenad Markovic, avant de faire rejaillir sur l’ensemble du collectif. « Tout le monde a été important. Hunt a été plus agressif comme on lui dit de l’être, David (Holston) et Gregor (Hrovat) ont amené un bon rythme, Aleks (Lazic) a eu de bonnes séquences, Giovan (Oniangue) a mis deux shoots qui font du bien, etc. »
« Une équipe qui n’en est pas une » à la SIG
Des petits apports individuels pour cimenter une belle prestation collective, le résumé, aussi, de tout ce qui a manqué à la SIG ce dimanche, sous les yeux de son nouvel investisseur M. Pokora… « Nous avons beaucoup de petits problèmes qui, ensemble, font que notre équipe n’en est pas une », se lamente Massimo Cancellieri, « déçu mais pas énervé », qui manque effectivement d’un peu de tout dans son groupe : de fonds de jeu (seulement 10 passes décisives), comme dit, d’adresse longue distance (4/18 à trois points), de présence sous les panneaux (27 rebonds à 40), de talent, cruellement. Et au-delà de toutes ses considérations techniques, d’engagement surtout… « Notre énergie et notre concentration ont posé problème en seconde mi-temps », pointe Quinton Hooker. « Il nous faut plus de passion et d’énergie. Et on l’a en nous, on l’a montré en début de saison… » Sauf qu’il est effectivement compliqué de gagner un match en se délitant complètement au retour des vestiaires : 11-27 il y a quinze jours contre Monaco, 9-27 dimanche dernier à l’Astroballe, 13-28 cet après-midi… « J’avais pourtant mis les cinq joueurs qui me semblaient le mieux en première période », soupire Cancellieri, ensuite à créditer de l’un des temps-mort les plus courts de l’histoire : réclamé 41 secondes après la reprise, pour lâcher trois noms d’oiseaux puis sa plaquette, et laisser ses joueurs seuls pendant le reste de l’intervalle. « Je ne sais pas si c’est mental ou physique mais nous ne sommes jamais prêts pour le troisième quart-temps. C’est mieux de dire ça plutôt de voir que nous ne sommes pas compétitifs. » Oui, certes, mais dans tout ça, il y a un gros problème : Saint-Quentin vient dès mardi au Rhénus et si celui-là s’échappe aussi, il risque même de n’y avoir plus de sens de l’humour…
À Strasbourg,
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