De 8 à 8 000 spectateurs : comment le Paris Basketball gagne en soutien populaire
Après la qualification en finale de Betclic ÉLITE, T.J. Shorts a filé en tribune pour fêter ça avec les supporters du Paris Basketball
Bien sûr, il y aura toujours des petits chiffres qui feront mal. Comme ce mardi 26 mars où le Paris Basketball a accueilli 5 425 spectateurs à l’Adidas Arena pour une demi-finale de Coupe d’Europe, un soir où Orléans faisait plus en… Pro B (5 608 contre Saint-Chamond). Mais quand on se rappelle d’où le club est parti, c’est à dire nulle part, la croissance est déjà exponentielle…
Moins de 1 000 spectateurs de moyenne en 2018/19
« On faisait moins de 1 000 personnes la première saison », insiste Mathias Priez, le directeur général délégué du Paris Basketball. Et seulement 1 459 spectateurs lors de la seconde saison en 2019/20, 11e affluence de Pro B. La légende des 8 spectateurs du premier match officiel en Leaders Cup peut également être convoquée. « Jouer devant aussi peu de monde, ça nous faisait presque sourire », se remémorait le capitaine Gauthier Denis en février. « On était un peu gênés. Je me souviens qu’ils avaient créé un Paris Basketball Week-end, avec un match amical contre Caen à Carpentier, des entraînements ouverts au public, des micros aux coachs et certains joueurs. Comme si Carpentier allait être rempli et qu’on allait avoir un engouement autour de ça… Au final, il n’y avait personne. »
Ce mercredi, pour l’Épisode 4 de la finale de Betclic ÉLITE, le Paris Basketball va enchaîner son troisième guichets fermés d’affilée à 8 000 personnes en dix jours. « Je me rappelle que l’on jouait parfois dans une Halle Carpentier peu garnie en début de saison », retrace le MVP, T.J. Shorts. « D’un point de vue médiatique, le club prend une ampleur incroyable à Paris et en France », poursuit Nadir Hifi. « On le ressent vraiment en tant que joueurs. On savait que ça allait prendre une autre dimension avec l’Adidas Arena. Ce n’est que du bonus pour nous : on joue dans une salle magnifique, on a un soutien incroyable de la part de nos supporters et c’est génial de pouvoir remplir une salle de 8 000 personnes. »
Trois rencontres d’affilée à 8 000 personnes, la plupart des sorties entre 3 500 et 6 000 personnes, un Match 1 de demi-finale contre Villeurbanne affichant 50% de sièges vides (4 044 spectateurs), il n’y a rien de révolutionnaire non plus. Mais par rapport aux standards parisiens, plutôt faits d’ambiances feutrés, c’est déjà presque le bout du monde… « Cela prouve qu’il y a un potentiel énorme à Paris, une vraie demande et que le public parisien était orphelin d’un club de haut niveau », embraye Priez. « Surtout, nous sommes à l’image de ce que les Parisiens attendent : une image urbaine, qui emprunte aux codes de la mode, de la musique et de la NBA. » Où l’on en revient à tous les coups marketing d’un club qui s’est très rapidement rendu visible aux quatre coins de la ville et des réseaux : les superstars NBA James Harden et Donovan Mitchell s’affichant avec le logo et le slogan du club sur les playgrounds de Carpentier en 2019, les matchs délocalisés, la signature du rappeur Sheck Wes, etc.
Paris – Le Mans, le tournant…
De mémoire de suiveur du Paris Basketball, l’ambiance du Match 5 contre l’ASVEL en demi-finale (98-92) fut la plus belle jamais vue autour du club. « Ça a été vraiment incroyable », souffle T.J. Shorts. Même l’atmosphère de la finale d’EuroCup face à la JL Bourg n’était pas comparable. Là encore, le delta est abyssal avec le silence des premières années, d’autant plus lorsque l’on sait que c’est la visite du Mans, pourtant loin d’être le public le plus intimidant de LNB, qui a servi d’électrochoc au club. À l’occasion de la deuxième réception de l’histoire du Paris Basketball en Betclic ÉLITE à Carpentier en ce dimanche 24 octobre 2021, le club de David Kahn prend une leçon sur le terrain (81-92) et en tribunes. « C’est le moment où l’on s’est rendu compte qu’au-delà du simple fait d’accueillir du public, il fallait surtout qu’on accueille des fans, structurés autour d’un kop. On a réalisé contre Le Mans qu’on allait se retrouver face à des clubs qui allaient arriver avec leur groupe de supporters et qu’il fallait pouvoir répondre à cela. »
Dans la foulée nait alors le Kop Parisii, une association rassemblant désormais presque 100 membres, dont certains abonnés de la première heure. Installés dans une tribune latérale basse, à proximité du banc parisien, ils ont le mérite de réveiller l’Adidas Arena lors des matchs lambdas et dictent le tempo des soirs soirs de gala. Plutôt jeunes, chambreurs, ces supporters se sont rapidement fait remarquer par des chants qui sortent de la norme des salles françaises. Comme lorsqu’ils crient « Surcoté, surcoté, surcoté ! » à quelques jeunes adversaires, dont Zaccharie Risacher, Matthew Strazel et même… Victor Wembanyama. Tout MVP de l’EuroLeague qu’il soit, Mike James a eu droit à la version anglaise dimanche. Un trash-talking qui sait également s’inspirer de l’actualité : les « il n’est pas payé » pour Joffrey Lauvergne ou « oublie les JO » pour Timothé Luwawu-Cabarrot ont largement fait sourire l’Adidas Arena lors de la série face à l’ASVEL.
Le formidable timing de l’Adidas Arena
Dans sa volonté d’accroitre son soutien populaire et de développer la marque Paris Basketball, le club de la capitale est aussi un peu béni des dieux… Débarrassé de la vétuste Halle Carpentier, qui n’incitait pas vraiment le grand public à venir y passer son samedi soir, Paris a vécu des débuts idéaux à l’Adidas Arena, la fusée censée hisser le projet vers de nouveaux cieux. Le style Iisalo et les résultats ont permis de séduire à grande échelle. « On sent l’engouement autour de notre équipe et je suis extrêmement fier de ce que l’on a construit ensemble », savoure le technicien finlandais. « L’enthousiasme, l’altruisme et la cohésion véhiculés par notre équipe sont des valeurs auxquelles se rattachent nos supporters. Or, pour moi, l’objectif le plus important de n’importe quelle équipe est de créer une connexion avec son public, ça donne une valeur à ce que l’on fait. Si notre travail n’était important pour personne, pourquoi le ferait-on ? »
De fait, quatre mois après son ouverture, le Paris Basketball version Iisalo a permis à l’Adidas Arena d’accueillir une finale de Coupe d’Europe, une finale de championnat de France, des matchs cruciaux de playoffs dans les deux compétitions et des scénarios renversants. « On ne pouvait pas rêver mieux », admet Mathias Priez. « Ceux qui étaient là contre l’ASVEL sont repartis avec des souvenirs à vie. On se créé une histoire, c’est bien mieux que n’importe quelle campagne de communication. » Idéal pour fidéliser un nouveau public autour du club et donner envie à des novices de venir s’aventurer vers la Porte de la Chapelle. Surtout lorsque cela s’accompagne d’une communication réussie, à l’image de cette vidéo de Lilian Thuram réagissant au tir décisif de Nadir Hifi, déjà visionnée plus de 2 millions de fois sur Twitter… La prochaine fois que Paris jouera une demi-finale de Coupe d’Europe, on est prêts à parier qu’elle accueillera plus de monde que l’éventuel match de Pro B programmé le même soir. Mais si c’est le déplacement des Félins du MSB qui a agi de révélateur, qu’en sera-t-il lorsque ce sera au tour des supporters du Partizan Belgrade ou du Panathinaïkos Athènes la saison prochaine ?
Bonjour Paris ☀️☕️
On vous propose de commencer la journée avec la réaction LÉGENDAIRE de Lilian Thuram sur le tir de la victoire de @NadirHifi hier soir 😍😍😍😍😍
(Ça va le dos Kephren ? 🤣) pic.twitter.com/VMtIF2IGWE
— Paris Basketball (@ParisBasketball) June 3, 2024
À Paris,
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