Courageuse et séduisante, la JL Bourg frôle un exploit monumental à Valence
Le concept de « défaite encourageante » a un petit côté absurde mais la JL Bourg l’a pourtant touché des doigts ce mercredi soir. Complètement démunie dans la raquette avec les absences cumulées de Pierre Pelos et Eric Mika, l’équipe burgienne est passée à un tir d’emmener Valence en prolongation (95-98, score final). « À la fin, il reste toujours la déception de la défaite, on ne se contente jamais de perdre mais je pense effectivement que ce fut l’un de nos meilleurs matchs de la saison, avec du beau basket », souligne Laurent Legname.
La meilleure prestation offensive de la saison
Désireuse de montrer un meilleur visage à l’Espagne après l’infâme 1-21 encaissé mercredi dernier à Gran Canaria, « un accident », la Jeunesse Laïque a au moins réussi ce pari. Face à l’un des favoris de l’EuroCup, un effectif cinq étoiles en comparaison, les Bressans n’ont jamais baissé les yeux, démontrant de nouveau une vraie force de caractère après le retour de dimanche à l’Astroballe. Déjà intéressants en première mi-temps (43-50, mais malmenés avec douze points de retard à l’aune du quart d’heure de jeu (31-43, 15e minute), les visiteurs ont livré une superbe deuxième mi-temps, pleine d’abnégation, venant faire trembler les pénates de Joan Peñarroya en prenant même les commandes à l’aube du money-time (75-74, 32e minute). « Sans faire déshonneur à Bourg, nous avons un peu merdé », regrette Louis Labeyrie, impactant pour son retour à la compétition (8 points à 100%, 2 rebonds et 2 passes en 14 minutes). « Quand tu vois la première mi-temps, tu te dis que ça va passer sans trop forcer. Et on les laisse rentrer dans leur jeu au retour des vestiaires, on laisse des gars comme Sulaimon ou Harris s’installer… »
25 points pour Rasheed Sulaimon, de loin son record de la saison
(photo : Miguel Angel Polo / Valencia Basket)
Devant les 4 000 spectateurs du Pabellon Fuente de San Luis, les deux arrières de la JL Bourg ont de fait livré un récital, enchaînant les tirs de haut niveau pour rétablir l’équilibre assez rapidement (58-58, 24e minute). Longuement blessé pendant les premières semaines de compétition, C.J. Harris prouve qu’il était peut-être bien l’étincelle offensive qui manquait (24 points à 6/13, 3 rebonds et 4 passes décisives), parfaitement secondé par Rasheed Sulaimon, à créditer de 25 unités à 10/15. Avec un JaCorey Williams qui confirme son redressement (16 points à 6/9, 5 rebonds et 3 passes décisives), malgré quelques bêtises évitables en fin de première mi-temps, ils ont incarné la fluidité du jeu offensif burgien et ce désir de ne jamais abandonner. « En attaque, nous avons très bien joué », reconnaît Laurent Legname. « Marquer 95 points, ce n’est pas neutre. Il y a eu de l’agressivité, de la volonté d’aller vers le cercle, de l’intensité, un bon jeu de passes, une alternance intérieur – extérieur. Il n’y a pas grand chose à redire de ce point de vue-là… »
« Il va falloir qu’ils se ressaisissent, ça passe vite l’EuroCup »
En revanche, encaisser 98 points est évidemment beaucoup plus problématique… À cet égard, la JL Bourg pourra regretter sa nouvelle entame catastrophique, symbolisée par la première possession du match : un tir ouvert à trois points laissé au roi de la Fonteta, Bojan Dubljevic. Cinq minutes plus tard, la légende locale comptait déjà 10 unités au compteur et Valence semblait lancé (16-8). « On n’est pas dans les attitudes requises », tempête Laurent Legname. « Quand on joue contre des joueurs de ce niveau-là, ça leur donne forcément confiance. Il y a encore beaucoup trop d’erreurs défensives sur plein de situations. Alors oui, c’est bien de ne jamais abandonner mais il faut arrêter de démarrer les matchs comme ça. »
À 93-92 à 90 secondes du buzzer final, le tir primé du vétéran belge Sam Van Rossom a fait très mal
(photo : Miguel Angel Polo / Valencia Basket)
Passé ce premier interlude, dont Maxime Roos a fait les frais puisqu’on ne l’a pas revu sur le parquet après ses quatre minutes initiales, Bourg-en-Bresse n’a plus donné grand chose à Valence et la victoire espagnole ne tient qu’à quelques détails. Des rebonds offensifs échappés, un coup de sifflet non-donné à Maxime Courby qui se transforme en deux points pour l’excellent Xabi Lopez-Arostegui (18 points à 6/8), ce lancer-franc de C.J. Harris qui ressort, l’énergie de Jasiel Rivero (20 d’évaluation) et quelques tirs de haut niveau, tels ces deux shoots lointains de Sam Van Rossom. « On a su être solides à la fin, faire les stops qu’il fallait et surtout faire preuve d’intelligence tactique », relève Louis Labeyrie, agréablement surpris par la performance bressane du soir. « Il y a du talent. C’est une équipe atypique, avec un poste 5 comme Williams qui pose la balle au sol. Ils peuvent chatouiller quelques équipes mais il va falloir qu’ils se ressaisissent vite. Ça passe vite l’EuroCup, c’est une compétition traître ! » Et avec une seule victoire en cinq rencontres, la JL va peut-être se repasser longtemps le film de cette dernière tentative de C.J. Harris dans l’avion vers Le Mans demain. « On aurait pu le prendre ce match », synthétisait Laurent Legname, mi-fier, mi-déçu… Car lui aussi sait pertinemment que l’EuroCup, effectivement, ça passe vite. Surtout qu’après la victoire de Patras à Ulm, son équipe est désormais seule lanterne rouge du groupe B. Vraiment mal payée pour sa prestation du soir.
À Valence,
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