Avec Noah Bolanga, Orléans nouvelle victime de l’exode des prospects : « Les clubs ne sont pas protégés ! »
Noah Bolanga n’a pas répondu aux propositions de prolongation de l’Orléans Loiret Basket
L’an dernier, l’Élan Chalon perdait un jeune de 19 ans, arrivé à l’Élan à l’âge de 15 ans en 2019, et Rémy Delpon éructait. « Nous sommes vraiment furieux ! Nous en voulons aux règlements qui permettent à des universités américaines richissimes de pouvoir recruter un joueur au club depuis 4 ans, sous contrat stagiaire et sous convention de formation jusqu’en juin 2024, et ce pour 0€ d’indemnités… » Un an plus tard, après un crochet par l’université de Miami, le jeune en question, Kyshawn George, a été drafté au premier tour par les New York Knicks et l’Élan Chalon ne touchera pas un centime…
Blois et Roanne aussi…
Dans sa diatribe de l’été 2023, celui qui est désormais devenu directeur général d’Antibes espérait pouvoir faire « bouger les instances afin que les clubs soient plus protégés à l’avenir. » Force est de constater que les vannes n’ont pas été refermées ces derniers mois… Au cours de l’intersaison, Blois a été le club le plus touché, perdant coup sur coup ses prospects Dominique Diomande et Halvine Dzellat-Diakeno. Dans son communiqué, l’ADA regrettait de n’avoir « pour l’heure aucun moyen juridique d’action à l’égard de la NCAA qui demeure sur le papier un championnat universitaire ». C’est bien toute la problématique : la NCAA, qui incarne encore le rêve américain, reste théoriquement un championnat d’étudiants-athlètes, mais peut se permettre, depuis 2021, et l’introduction du NIL (Name, Image and Likeness), de rémunérer ses joueurs en droit à l’image, renforçant ainsi une concurrence déjà dense sur la scène mondiale, surtout depuis que le Ratiopharm Ulm ou l’Australie ont initié une chasse aux prospects français.
Actuellement, la Chorale de Roanne tente de faire valoir ses droits face à Théo Pierre-Justin, qui, attiré par une prestigieuse université, sèche la reprise alors qu’il est sous contrat jusqu’en 2025, tandis qu’Orléans a renoncé à Noah Bolanga. Ce mercredi, après des mois d’un feuilleton silencieux, l’OLB s’est résolue à communiquer. « Après plusieurs relances de la part de la direction du club et à la suite de sa décision de ne pas se présenter à la reprise de l’entraînement du groupe professionnel début août, Orléans Loiret Basket prend acte du refus de Noah Bolanga de signer la proposition de prolongation de son contrat qui lui a été transmise fin mai pour les deux prochaines saisons, et ce malgré la volonté commune de mettre en place un prêt dans un autre club de Pro B pour la saison 2024/2025. L’OLB lui souhaite le meilleur pour la suite de sa carrière pour laquelle le club ne manquera pas, le cas échéant, de faire valoir ses droits en tant que club formateur. »
🗞️ Retrouvez un communiqué de presse de l'OLB sur la situation de Noah Bolanga : https://t.co/BABkaCEHSI#TousOLB pic.twitter.com/rK6QNcsOax
— OrléansLoiretBasket (@OLB45) August 20, 2024
Déjà particulièrement tenté par l’idée d’un départ à l’étranger l’année dernière, Noah Bolanga (2,03 m, 21 ans) s’était décidé sur le tard à passer professionnel avec son club formateur. Le Poitevin avait ainsi signé un contrat 1+2 et a obtenu un vrai rôle en 2023/24 sous l’égide de Germain Castano (5,1 points à 35%, 1,9 rebond et 1 passe décisive en 18 minutes de moyenne sur 41 matchs), incitant l’OLB à tenter d’activer les deux années supplémentaires pour le conserver dans son giron, quitte à passer par un prêt d’une saison ailleurs. « Le sujet a été traité de suite avec le changement de staff », relève Olivier Rouet, le président loiretain. « Il y avait une vraie volonté de notre part de le conserver au sein des effectifs du club, tout en le prêtant, comme on l’avait déjà fait antérieurement avec Jean-Fabrice Dossou ou Neftali Difuidi. » Mais face au silence du camp Bolanga, Orléans a acté le divorce, malgré deux saisons optionnelles supplémentaires restant en suspens.
« On n’arrive pas à conserver nos jeunes, c’est terrible ! »
Si l’OLB peut ressentir « une petite amertume » vis-à-vis de son ancien joueur (arrivé en cadets première année en 2018) « sur la forme », l’irritation est bien plus globale que le seul cas Bolanga. « On tape souvent sur les clubs qui ne veulent pas conserver les jeunes mais ce n’est pas le cas », martèle Olivier Rouet. « On essaye de faire converger les intérêts du club et les intérêts des joueurs dans un cadre juridique et règlementaire qui n’est pas respecté, souvent au détriment des clubs. Nous avons des obligations en tant que club professionnel, notamment d’avoir un centre de formation, mais on n’arrive pas à conserver nos jeunes. C’est terrible. Tout est fait pour essayer d’y parvenir, en leur offrant de vraies conditions de progression, mais les jeunes se sauvent de leur club formateur. Ce qui s’est passé à Roanne ou à Blois, c’est sidérant. Nous avons été performants face aux Américains dans des finales olympiques, il faudrait désormais l’être autant sur le terrain juridique. C’est un sujet qui a été laissé de côté jusque-là et nous ne sommes pas protégés. »
« Nous avons été performants face aux Américains dans des finales olympiques, il faudrait désormais l’être autant sur le terrain juridique »
Olivier Rouet, président de l’Orléans Loiret Basket
Consciente du danger, la Ligue Nationale de Basket travaille sur le dossier depuis un an, en concertation avec la fédération. La ligue envisage notamment de lancer un programme commun avec la NBA pour favoriser le maintien des prospects en France, avec un système qui pourrait être incitatif financièrement. « Il faut tout faire pour éviter que nos meilleurs jeunes aillent à l’étranger, que ce soit en Europe, en Amérique ou en Océanie », nous disait le président Philippe Ausseur l’an dernier. « Maintenant, il faut mettre en place un programme, qu’on le finance, pour faire en sorte que les prospects français restent dans le championnat de France, avant de viser plus haut. Le rêve ultime restera toujours la NBA mais si l’on peut faire passer l’idée que l’un des meilleurs championnats avant d’aller en NBA est la Betclic ÉLITE, c’est là-dessus qu’il faut qu’on travaille… » Et puis, peut-être, ensuite à garantir des indemnités de formation pour les clubs, car c’est bien de cela dont il s’agit à la fin du communiqué orléanais, lorsque l’OLB indique qu’il ne « manquera pas, le cas échéant, de faire valoir ses droits en tant que club formateur ». Mais c’est certainement encore un peu utopique…
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