Jugée inique par Olivier Lafargue, la formule des playoffs de la Wonderligue nuit-elle à Bourges… et aux gros ?

La déception d’Inès Pitarch-Granel et Kariata Diaby : Bourges a été éliminé des playoffs par Tarbes (155-156 au meilleur des deux matchs)
L’année dernière n’était donc pas un accident. Pour la première fois depuis 29 ans, Bourges s’était fait barrer l’accès aux demi-finales du championnat par Tarbes (67-85 à l’aller et 98-83 au retour). Un an après, alors que la domination en saison régulière des Tango s’est intensifiée (seulement trois défaites, contre quatre l’an dernier), rebelote : le club le plus titré de l’histoire a été sorti dès les quarts de finale par le TGB (-1 sur l’ensemble de la série, 76-74 à l’aller et 79-82 au retour).
La conséquence, forcément, d’une formule expéditive (aller-retour, à la différence de points), qui ne protège pas du tout l’équipe la mieux classée, même si Ana Maria Filip ne s’est pas cachée derrière cela.
« Je ne veux pas remettre en cause le format mais on a lâché beaucoup de plumes au match aller », a-t-elle concédé en conférence de presse, dans des propos relayés par Le Berry Républicain… « Est ce qu’avec un match trois, ça aurait été différent, je ne sais pas. C’est très difficile à accepter car on ne se récompense pas. Dans certains sports quand on finit le championnat en tête, on est championnes… là c’est pas le cas. »
Une formule changée en 2022 pour deux ans, désormais en vigueur jusqu’en 2026
Auparavant disputées au meilleur des trois matchs, le format des quarts de finale et demi-finales avait été modifié en avril 2022 par la FFBB « dans le but d’alléger un calendrier très chargé et ainsi avoir des dates de report en cas de besoin ». L’autre but ouvertement annoncé était de « donner plus de temps de préparation à l’équipe de France féminine et moins solliciter les internationales sur des fins de saison chargées ».
Censée être en vigueur pour deux ans, en vue des Jeux Olympiques de Paris, la formule a pourtant été reconduite à l’identique pour cette saison (validation en Bureau Fédéral les 12 et 13 avril 2024) et d’ores et déjà pour la suivante. Le 14 mars dernier, la présidente Carole Force a ainsi présenté au Bureau Fédéral les dates 2026 des playoffs : 4 et 12 avril pour les quarts de finale, 29 avril et 2 mai pour les demi-finales (Final Six et finales de Coupe de France dans le long intervalle), toujours en mode aller-retour.
Le modèle de la LFB à un tournant, « reste à imaginer la transformation »
Si l’argument de Paris 2024 ou de l’allongement de la durée de préparation de l’équipe de France ne sont plus valables, celui de l’allègement du calendrier devient d’autant plus urgent avec la prise de pouvoir progressive de la WNBA. Reste qu’il serait sûrement de meilleur ton de modifier la phase régulière, plutôt que de bâcler les playoffs.
« [Il faudrait] se rapprocher du modèle masculin, où saison américaine et européenne se déroulent en parallèle », consent Carole Force, la présidente de la LFB, interrogée par L’Équipe. « Et les joueurs font le choix de l’un ou l’autre. Est-on prêts à jouer deux ou trois matches par semaine, à aménager les compétitions aussi bien au niveau français que du côté de la FIBA ? Quand on compare les écosystèmes (avec la WNBA), on ne peut pas lutter. On est à un tournant pour notre modèle, reste à imaginer la transformation. »
Le coup de gueule d’Olivier Lafargue
Avant même d’être éliminé une deuxième fois d’affilée par Tarbes, le coach de Bourges, Olivier Lafargue, avait replacé le débat sur la formule des playoffs au centre de la table. Mardi, avant le match retour, l’entraîneur de l’année s’est élevé contre le format aller-retour, qu’il juge inique pour les équipes mieux classées de la phase, dans les colonnes du Berry Républicain.
« On a une ligue très resserrée. Aucune équipe n’est à l’abri d’une contre-performance. Sur la durée, peut-être que certaines vont plus performer, mais jouer en aller-retour, c’est ne pas donner d’avantage aux équipes qui ont terminé mieux classées. Tout simplement. On copie la LNB sur la couleur des maillots, etc. Eux, ils font des play-off, pas des matchs aller-retour. […]

Olivier Lafargue poursuit : « Le format a été changé (en 2022) mais je ne comprends pas que ça rentre dans les mœurs. Je ne comprends pas que les clubs qui se battent pour avoir ces choses-là ne combattent pas plus pour qu’on fasse entendre que des playoffs, ça ne doit pas être : « il faut que l’on se dépêche de finir ». On peut avoir moins de jours de repos entre les matchs, mais il faut que l’on arrête ces matchs aller-retour où on jette la pièce en l’air. Ça serait logique que les équipes qui ont dominé la saison régulière aient un vrai avantage. Ça arrive à tout le monde de prendre une claque sur un match. Je ne veux pas parler pour les autres, mais, moi, j’ai l’impression qu’il n’y a pas d’avantage en aller-retour. Dans le championnat espagnol, le premier de la saison régulière est directement qualifié en EuroLeague. Et ensuite, c’est le champion, le vice-champion, etc. Ça me semble bien plus logique. On essaye d’inspirer les gens, mais ce serait bien que l’on regarde ce qui se passe autour pour voir s’il n’y a pas des règlements un petit peu plus sensés que les nôtres. »
L’ASVEL puis l’ESBVA avaient pourtant fait respecter la hiérarchie
Avant cette élimination prématurée des Tango, le premier de la saison régulière avait pourtant toujours réussi à être sacré champion malgré des quarts et demi-finales disputés en aller-retour : l’ASVEL en 2023, puis Villeneuve-d’Ascq en 2024. Sauf coup de théâtre, aucun changement de formule ne pourra avoir lieu avant la saison 2026/27…
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