Wilson Jacques, un capitaine dans l’âme : « Je pourrai tout faire pour ces mecs là »
Si vous ne le voyez pas sur le terrain, vous l’entendrez pousser ses coéquipiers depuis le banc. Wilson Jacques (2,13 m, 17 ans) est comme ça, toujours vocal et volontaire. Le pivot de l’équipe de France U17 masculine prend son rôle très à cœur, et sans forcer sa nature. Bien avant de se mettre au basket, à 13 ans, il avait déjà épousé ce rôle :
« C’est naturel, nous a-t-il décrit après la victoire en huitièmes de final contre le Japon. Avant de commencer le basket, j’ai fait beaucoup de handball. Ça a toujours été comme ça pour moi, toujours encourager les copains. C’est quelque chose qui n’est pas dans les stats et ça peut parfois faire la différence.
Je suis un peu l’energizer, j’essaye de motiver les gars, je vais toujours être là pour eux, quand ils sont dans une mauvaise passe, je suis là pour les protéger. Je pourrai tout faire pour ces mecs là. »
Titulaire au poste de pivot, l’ancien U15 ÉLITE de Denain est un joueur de devoir. Roc défensif, il protège le cercle, lutte au rebond et pose de nombreux écrans. Aux côtés des nombreux talents de l’équipe, il se montre très complémentaire. Ce sale boulot, il le fait avec plaisir, lui qui sait parfaitement où il en est en attaque. De quoi lui permettre de s’épanouir, même en se contentant d’un rôle de l’ombre.
« Collectivement c’est très agréable de jouer avec eux. Ça fait quand même déjà pas mal de temps qu’on se connait, depuis l’EuroChallengers U16 l’année dernière. C’est très agréable, on se trouve de plus en plus en attaque. Vraiment, on joue ensemble, c’est un vrai plaisir. Dans ce Mondial, je fais ce que je peux parce que, on va pas se mentir j’ai un peu de retard offensivement. Je donne tout ce que je peux en défense, je donne tout ce que j’ai à chaque fois et je suis toujours là pour mon équipe. »
Fils de handballeurs de très haut-niveau
S’il évoque du « retard », c’est parce que Wilson Jacques a démarré le basketball tardivement chez lui, à La Réunion, lorsque son prof d’EPS l’a poussé vers le basket, alors qu’il était en cinquième. Toutefois, il vient d’une famille de sportifs de haut-niveau. Il est le fils de Melinda Jacques-Szabo, championne du monde de handball en 2003, et de Pascal Jacques, ancien international français de handball (7 sélections). « Mes deux parents ont été professionnels au handball, j’ai toujours baigné là-dedans. Même si je ne fais pas de handball, ils me soutiennent toujours. » A tel point que sa mère l’a suivi en métropole, après avoir fait la démarche pour qu’il intègre le Pôle Espoirs de Wattignies en 2018. « Ma mère a vu que je pouvais peut-être donner quelque chose dans le basket donc elle s’est mise à envoyer des courriels aux différents Pôle Espoirs et c’est le Pôle de Wattignies qui a répondu. » Un an plus tard, il passait un nouveau cap en intégrant cette fois le Pôle France avec un an d’avance. Un sacré défi.
« Ça a été très difficile au début, car il y a les mentalités qui changent, parce qu’on rentre vraiment dans le monde du haut-niveau, avec un certain niveau de vie, au niveau de la nourriture, du repos… Donc j’y ai vécu des débuts très compliqués, surtout à mon arrivée en N1, où on passe un vrai cap, physiquement notamment. J’avais vraiment beaucoup de difficultés, c’est comme ça que j’ai pu développer mon jeu, malgré mon retard. J’ai vraiment toujours donné tout ce que je pouvais. »
Un retard offensif qu’il souhaite gommer petit à petit
Après trois ans sur place, et même s’il rate toujours des paniers ouverts, Wilson Jacques commence à ajouter une palette offensive à son jeu, notamment avec un bras roulé main droite qui devient peu à peu efficace. « Je commence à mettre quelques paniers en attaque, ça fait du bien au moral », avoue-t-il, alors qu’il tourne à 6,8 points à 52% de réussite aux tirs (6,2 tentatives par rencontre) en 16 minutes par match, en plus de ses 5 rebonds de moyenne. La saison prochaine, pour sa dernière saison au Pôle France, il va devoir encore prendre plus de responsabilités offensivement.
« Je ne pourrai plus me reposer sur les qualités offensives de mes coéquipiers comme Rayan (Rupert), Maël Hamon-Crespin qui sont des mecs vraiment très bons offensivement. Il faudra que j’apporte en attaque. »
En attendant, il parviendra toujours à contribuer, par sa lutte de tous les instants, et son enthousiasme rafraîchissant. Un rôle qu’il épousera encore ce vendredi à partir de 18h30, en quarts de finale de la Coupe du Monde U17 contre la Slovénie.
L’AVIS DU SÉLECTIONNEUR BERNARD FAURE :
« Wilson il a des problèmes sur les finitions, il n’est pas encore assez solide, pas encore assez gainé, il a de grands segments donc il a un petit peu de mal dans les mouvements offensifs près du panier. C’est un soldat, défensivement tu pars avec lui. Et il amène les joueurs avec lui, c’est vraiment un rôle de capitaine intéressant. Il arrive par sa présence défensive à être dissuasif. Ce qu’il ne faisait pas l’an dernier car il était moins mobile et moins dans le contrôle. Cette année, ce qui montre là, même si on en veut toujours plus offensivement – parce que pour l’instant on est beaucoup sur le tir extérieur -, lui on l’amène sur certains mouvements près du cercle, il faut qu’il arrive à améliorer des choses. Mais il n’a pas beaucoup de vécu dans le basket aussi, il reste une quatrième année chez nous au Pôle France pour ça, il sait qu’il a besoin de travailler là-dessus, encore se renforcer physiquement. Je pense qu’il sera prêt l’an prochain. Mais il a fait de gros progrès. »
A Alhaurin de la Torre,
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