« Victime collatérale » de l’affaire Ludovic Pouillart, le BC Orchies regrette un manque de loyauté de son entraîneur

Tout semblait aller tellement bien pour Orchies. Depuis son retour en Nationale 1 en 2016, le BCO était pourtant abonné aux problèmes, un habitué de la Commission de Contrôle et de Gestion de la FFBB pour ses dérives financières. Un trou financier de 800 000 euros qui a failli lui valoir une rétrogradation administrative en Prénationale, de nombreux points de pénalité saison après saison, des délais d’engagement, le Covid pour retarder le retour à l’équilibre… Et quand tout semblait enfin idyllique en Flandre romane, avec une première place au classement pour aborder la seconde phase du championnat sous la tutelle de Ludovic Pouillart, le coup de massue inattendu : l’annonce de la mise en examen pour viol sur mineur de son entraîneur, suite à la plainte de Valérie L., accusant son ex-coach d’avoir profité de son jeune âge (14 ans) pour obtenir des relations sexuelles au Pôle Espoirs de Caen entre 2002 et 2004.

« Abasourdis et bouleversés »

« Nous étions abasourdis en apprenant la nouvelle », relate le président Frédéric Szymczak. « Les joueurs étaient bouleversés. Depuis le mois de novembre, nous ne savions rien. Ludovic Pouillart ne nous a rien dit de sa mise en examen : c’est là où l’on aurait pu s’attendre à plus de loyauté de sa part. Le BCO est un peu éclaboussé par cette affaire, nous sommes les victimes collatérales de l’histoire. On n’avait eu aucun écho, aucun bruit, tout juste des lettres anonymes disant qu’il était trop dur dans sa façon de coacher. » D’abord prévenu par un courrier de la fédération fin février ordonnant au club d’interdire à Ludovic Pouillart d’entraîner tout joueur mineur, le dirigeant a ensuite été mis au courant des faits par l’article de 20 Minutes. « Il existe une présomption d’innocence mais pour la sérénité du club, après avoir fait le tour de tous les acteurs, il était plus prudent de suspendre temporairement Ludovic Pouillart. Il a fallu aller vite en terme de décision. »

Une décision inévitable, tant pour laisser le Marnais se concentrer sur sa défense que pour permettre au BCO d’évoluer dans un climat plus apaisé. Arrivé en provenance de Cholet l’été dernier, le jeune adjoint Jules Bossé (31 ans) a été promu à la tête de l’équipe pour prendre la succession de Pouillart, disposant d’une dérogation de la fédération. « C’est un gars très pointilleux sur les détails, très sérieux », pointe Frédéric Szymczak. « Comme assistant, j’avais adoré. Maintenant qu’on part premier avec Chartres et Rennes, on veut continuer sur cette lancée, on se dit que l’on peut y arriver. Si l’on peut monter, on ne s’en privera pas. Nos finances restent étriquées et ce que l’on a réalisé lors de la première phase, grâce à Ludovic Pouillart, est exceptionnel. Cette affaire est un petit coup d’arrêt mais notre motivation reste plus forte que jamais, malgré les évènements. » Pour sa première en match amical vendredi, Jules Bossé a emmené le BCO vers une victoire contre Boulogne-sur-Mer (95-81). Et vendredi, les coéquipiers de Joe Burton se déplacent à Vitré afin de lancer la seconde phase. Pour enfin reparler basket à Orchies !

L’œil de Maître Alexandre Tabak, avocat de Ludovic Pouillart :
« Il nie farouchement les faits »

« Oui, il y a une ouverture d’information judiciaire à l’encontre de Monsieur Pouillart, oui il est mis en examen mais non, il n’est pas sous contrôle judiciaire et n’a pas d’interdiction d’exercer. Il y aura prochainement une confrontation entre la plaignante et Monsieur Pouillart, chacun va s’expliquer. On part sur un dossier qui risque de durer de longs mois, je ne suis pas sûr que ce soit traité en 2023. Monsieur Pouillart est dans un état d’esprit combatif et serein. Il nie farouchement les faits et est tout à fait disposé à collaborer avec la justice. Sa suspension par le BC Orchies est normale, eu égard au principe de précaution, pour le bien de tout le monde et principalement pour le sien.

Le manque de loyauté évoqué par le club ? Je n’en sais rien. À partir du moment où il y a une mise en examen, un secret d’instruction, est-il tenu d’aviser son employeur ? Peut-être. C’est un cas personnel, un cas de conscience. Cela peut être perçu comme un manque de dialogue, peut-être qu’il aurait été préférable de le faire mais chacun peut avoir son avis là-dessus. »