Une réaction de champion pour l’ASVEL qui humilie Monaco
« Allez, on continue » semblait dire Youssoupha Fall à James Gist au moment de lui céder sa place. Un mouvement explicite du bras pour exprimer la nécessité de maintenir le pied sur l’accélérateur, alors même que l’ASVEL avait déjà match gagné (58-23) et restait sur un 8-0 depuis le retour des vestiaires. Message bien compris par le vétéran américain, qui y allait de son and-one sur la possession suivante (61-23). Une séquence révélatrice de l’état d’esprit du soir à Lyon-Villeurbanne, celui d’un champion vexé par sa défaite inaugurale de mercredi (74-82), déjà dos au mur mais animé par une formidable envie de revanche. Le match parfait existe-t-il ? Peut-être pas, mais les hommes de T.J. Parker ont au moins tutoyé la soirée parfaite. Tout le monde a contribué, même Antoine Diot heureux comme un benjamin au moment de voir son nom appelé pour la première fois en toute fin de troisième quart-temps (7 d’évaluation en 12 minutes), même Chris Jones, incertain mais terriblement précieux lors de son court passage sur le parquet (7 points et 4 passes décisives en 9 minutes).
La plus large victoire de l’histoire des finales !
« J’ai vu 12 joueurs, tous ont joué dur jusqu’au bout et je suis très fier de l’équipe », soufflait ainsi l’entraîneur rhodanien. « C’est la meilleure réponse que l’on pouvait apporter. » Celle d’une équipe déterminée à corriger ses erreurs de mercredi, à entreprendre tous les efforts nécessaires pour gommer ses faiblesses face à l’armada monégasque. Un élément marquant ? Massacrés lors du Match 1 sous les panneaux (27 à 41), les locaux ont cette fois gagné la bataille du rebond (39 à 34). « Le rebond était la consigne n° 1 », acquiesçait T.J. Parker. « Vu que l’on est sous-dimensionnés par rapport à eux, il faut faire le travail au sol et là, on a vu de l’envie. » Trop « softs », trop « gentils » selon les termes employés par Youssoupha Fall il y a 48 heures, les Villeurbannais ont abordé cette deuxième rencontre avec des intentions totalement différentes, avec cette fois la volonté de se mettre dans la peau de l’assaillant. « On voulait revenir avec tellement d’agressivité », avouait Élie Okobo, dans tous les bons coups (10 points à 2/5, 6 rebonds et 4 passes décisives en 20 minutes, +34, plus gros différentiel du match). « On voulait montrer un autre visage, ce n’était pas acceptable de démarrer comme ça. On a fait ce qu’on aurait du faire depuis le début de la finale : mettre beaucoup d’agressivité défensive, faire des stops et courir pour obtenir des paniers faciles. Une performance comme celle-ci nous remet en confiance. »
À vrai dire, si l’on s’attendait à une réaction d’orgueil de l’ASVEL, une telle ampleur était totalement insoupçonnable. De fait, les 37 points d’écart sur le tableau d’affichage (91-54) constituent la plus large victoire de l’histoire des finales du championnat de France (info signée Arnaud Lecomte, de L’Équipe). Une punition méritée pour des Monégasques qui, après avoir accompli ce qui était attendu d’eux sur la route mercredi, sont venus en touristes, gratifiant l’Astroballe d’une prestation d’une rare faiblesse : un jeu tout en isolation jusqu’à la caricature (seulement 8 passes décisives), aucune envie, aucune intensité, un « body-langage » catastrophique, des stars aux abonnés absents avec des Mike James (6 points à 1/9) et des Dwayne Bacon (4 points à 1/7) qui ont laissé le soin à Ibrahima Fall Faye de terminer meilleur marqueur du soir (10 points à 4/6). « Ce soir, c’était chaud pour nous », résumait l’intérieur sénégalais. « L’ASVEL était plus prête que nous, le voulait plus que nous. »
Certes écrasée, la Roca Team reste tout de même en position de force
Si les coachs ont logiquement géré les temps de jeu en vue de la suite de finale en voyant la tournure des évènements en seconde période, le score a tout de même pris des proportions gênantes par séquence : +40 dès la 25e minute de jeu (63-23), et jusqu’à +44 en toute fin de rencontre (91-47), après que Sasa Obradovic se soit volontairement fait exclure en passant ses nerfs sur Joseph Bissang. « C’était un problème d’approche ce soir », avouait son adjoint Mirco Ocokoljic, envoyé assumer les obligations médiatiques à la place de son supérieur. « Nous n’avons pas abordé cette rencontre de la bonne manière mais au final, c’était l’un de ces soirs où rien ne fonctionne. » Et si l’on peut s’interroger sur le visage affiché par la Roca Team, la vérité est que les joueurs de la Principauté conservent les clefs de la série entre leurs mains. -1 ou -37, cela ne change rien : qui se souvient que la JSF Nanterre avait entamé son homérique finale de 2013 par une déroute absolue contre Strasbourg (55-89) ? « On ne compte pas la différence de points en playoffs », a ainsi tweeté Mike James, après avoir exprimé son exaspération depuis les vestiaires de l’Astroballe face aux messages de supporters reçus en cette fin de soirée. L’AS Monaco a effectivement accompli son boulot à Villeurbanne : reprendre l’avantage du terrain. Mais vu que cette équipe se laisse trop facilement endormir sur ses lauriers, elle n’a pas su tuer le suspense et poser ses deux mains sur la finale. Or, dans une série en cinq manches, on peut vite se retrouver à regretter d’avoir laissé filer l’opportunité d’achever les débats. Surtout face à un champion…
À Villeurbanne,
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