Une nouvelle saison sans trophée pour l’ASVEL : « Un sentiment de gâchis »
Sur la façade du gymase Mado Bonnet situé au cœur du huitième arrondissement de Lyon figure encore une affiche géante célébrant « les Lionnes championnes de France ». Seul hic, ce trophée remonte à trois années en arrière et si le Covid est venu briser l’élan d’une équipe rhodanienne première de LFB en 2020, l’ASVEL reste sur deux saisons sans titre. Alors certes, il y a seulement cinq ans, lorsque Tony Parker reprit le club, l’Angevine Milica Ivanovic aurait pu envoyer Lyon en LF2 mais les choses ont évolué depuis : une telle disette n’est pas convenable entre Rhône et Saône, comme l’a reconnu la capitaine Ingrid Tanqueray.
« Collectivement, on n’a pas réussi à franchir un cap et à gagner les gros matchs. Cela a été le cas tout au long de la saison. On ne va pas en finale de la Coupe de France, on se fait éliminer en quart de finale de Coupe d’Europe et on perd en finale du championnat… On ne gagne rien sur la saison alors que ce sont les titres qui comptent à l’ASVEL. J’ai un sentimer amer, cette conclusion me reste en travers de la gorge. […] Il y a beaucoup de déception, de tristesse et un sentiment de gâchis sur la saison en général. C’est un sentiment qui prédomine chez tout le monde. Il n’y a rien à expliquer, c’est un contexte particulier qui fait qu’on a manqué de confiance individuelle et collective. »
« On n’apprend pas vite »
Si le pari du nouveau cycle avec l’arrivée de Pierre Vincent est indubitablement raté, pour l’instant, le technicien brivadois a tout de même tenu à ajouter une tonalité positive au bilan de la saison : l’ASVEL a fait mieux que l’an dernier en atteignant la finale du championnat. Conforté dans ses fonctions par Marie-Sophie Obama au micro de L’Équipe, d’autant plus qu’il lui reste quatre ans de contrat, l’ancien sélectionneur national a appelé à se servir de cet échec pour grandir et progresser.
« L’année dernière, l’équipe n’était pas en finale. On a fait un pas de plus mais on est tombé sur une grosse équipe de Bourges. On les a fait un peu vaciller mais on n’y pas cru. L’équipe travaille mais on n’apprend pas vite. On s’est amélioré mais ce n’était pas assez. Quand on aborde une compétition, il faut être déterminé et aveuglément suivre un projet collectif. Nous, on a douté. On dit qu’on a une équipe avec du talent mais personnellement, je ne situe pas le talent au même endroit. Pour moi, le talent, c’est d’apprendre. Quand on joue contre des équipes moins intenses, moins organisées, on marque beaucoup de points. Face à Bourges ou Mersin, en revanche, on est face à nos limites. Il y a des raisons à cela et il faut travailler pour y remédier. Les choses ne vont pas arriver comme cela, il faut en prendre conscience. »
Revoir Marine Johannès sous le maillot lyonnais à la rentrée serait une vraie surprise
(photo : FIBA)
Au terme d’une saison très inégale, marquée par un énorme creux en mars mais un joli rebond en playoffs avant la finale, restera l’impression d’une équipe et d’un coach qui ne se sont jamais compris. Pierre Vincent n’a pas réussi à imposer son style de jeu et s’est progressivement coupé de ses leaders, largement visées au cours de sa conférence de presse, sans jamais citer de nom toutefois. Difficile cependant de ne pas penser à Marine Johannès, qui devrait quitter l’ASVEL sur une dernière prestation entièrement neutre (3 points à 1/5), ou Julie Allemand (6 points à 2/9 samedi).
« Nous ne sommes pas une équipe avec une identité défensive très forte. Je pense qu’il y a des joueuses chez nous qui n’y ont pas cru. On fait les choses à moitié, on doute un peu de nous. Il y a des joueuses qui ne sont pas rentrées dans le truc car c’est exigeant, c’est difficile… Mais c’est à ce moment-là que les compétiteurs se montrent. Les bonnes joueuses, on les voit quand c’est important. Je suis content de voir Aleksandra (Crvendakic), c’est tactiquement important pour nous : elle met 14 points avec un bon pourcentage, elle est engagée, elle va jusqu’au bout de ce qu’elle à faire. J’attends ça de tout le monde. Tout le monde devrait être à l’unisson. On attend que nos leaders mettent des points. Il faut être là, il faut prendre les responsabilités et il faut les assumer. Elles ont été moins présentes. Mais il faut en tirer des leçons pour l’avenir et se nourrir de cela. Bravo à Bourges, qui avait tout ce qui nous manquait : de l’engagement, de l’abnégation, du courage, de la cohésion. »
Capitaine sur le départ, en dessous de son niveau de jeu cette saison (4,3 d’évaluation, contre 8,7 l’année dernière) donc potentiellement concernée par les critiques de son entraîneur, Ingrid Tanqueray n’a pas voulu réagir. « Pierre Vincent a dit que les leaders ont manqué ? Vu qu’on perd, on a forcément manqué de tout… Sur cette saison, ça va au-delà du basket. Je n’ai pas d’autres précisions à apporter. » Comme beaucoup de ses coéquipières, elle ne sera plus là à la rentrée pour voir cela. L’ASVEL va enregistrer énormément de changements, avec de nombreux départs programmés et des arrivées déjà validées. « On va changer l’équipe, qui était un peu déséquilibrée », a consenti Pierre Vincent, sans en dire plus, même si les noms de Sandrine Gruda et Gabby Williams étaient déjà dans toutes les têtes…
À Lyon,
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