Tony Estanguet défend le choix du basket à Villeneuve-d’Ascq pour les JO : « Une forme d’équilibre entre les sports »
Tony Estanguet était présent lors du tirage au sort du tournoi olympique de basket mardi à Mies
« Wait… For real ?! » Ou en version française, « attendez… pour de vrai ?! », telle fut la réaction de Kevin Durant lorsque The Athletic lui apprit que la première phase du tournoi olympique ne se jouerait pas à Paris, mais à Villeneuve-d’Ascq.
La conclusion d’un jeu de chaises musicales et de mini-polémiques diplomatiques, qui at trouvé une apogée dans un hôtel de Lausanne en juin 2022, lorsque Andreas Zagklis, le secrétaire de la FIBA, suggéra l’éventualité d’une absence des stars de NBA aux JO, sous les yeux de Tony Estanguet, le président du Comité d’organisation des Jeux Olympiques, dans une scène rapportée par L’Équipe. Tout a commencé à l’automne 2020, lorsque le nouveau centre aquatique de Saint-Denis fut construit avec moins de places prévues que les 15 000 initialement programmées, pour des raisons bugétaires, contraignant à renvoyer les courses de natation vers l’Arena Paris-La Défense, qui devait accueillir les épreuves de gymnastique. Celles-ci ont donc été basculées vers l’Accor Arena, pourtant censé être le théâtre de l’intégralité du tournoi de basket. Problème…
Il y eut l’épisode tragicomique du Hall 6 du Parc des Expositions, et ses 9 mètres de plafond, officiellement abandonné pour des raisons d’éclairage. L’éventualité de l’Adidas Arena, désirée par toute la sphère basket, ne fut pas retenue considérée par le COJO afin d’y laisser place au badminton, sur fond d’allusions liées au rôle endossé par Étienne Thobois, n°2 de Paris 2024, ancien badiste.
De quoi relocaliser le premier tour vers le Stade Pierre-Mauroy de Villeneuve-d’Ascq, avant de revenir à Bercy pour les phases finales. Un choix qui n’a été entériné qu’au printemps 2023, non sans quelques remous. Ainsi, le patron de la NBA, Adam Silver, s’en était ouvert directement auprès d’Emmanuel Macron, s’inquiétant de l’absence de climatisation au sein de l’enceinte lilloise ou des transports vers Paris. En juin 2023, au moment de remettre le trophée de MVP de la finale de Betclic ÉLITE à Jordan Loyd, Tony Estanguet avait été accueilli par les huées de Roland-Garros, et un public pleinement marqué basket ce soir-là.
À notre micro la semaine dernière en Suisse, en marge du tirage au sort des JO, où on l’a vu échanger chaleureusement avec tous les officiels de la FFBB et de la FIBA, Tony Estanguet a évidemment défendu les choix du Comité d’organisation (COJO).
Tony, que représente le basket à vos yeux ?
Le basket est l’un des sports iconiques des Jeux Olympiques. On a tous des souvenirs de passion et d’émotion. Personnellement, je me souviens notamment de la Dream Team en 1992, de la médaille d’argent de la France en 2000 à Sydney, des Braqueuses de Londres en 2012 ou plus récemment des deux médailles de 2021. On sait combien le basket pèse dans les Jeux. Je suis content d’avoir vécu le tirage au sort sur place, content de voir qu’il y aura du spectacle et de belles poules.
On a récemment eu écho de l’étonnement des stars de NBA, apprenant qu’il faudrait aller à Villeneuve-d’Ascq plutôt qu’à Paris pour le premier tour. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Il y a forcément un effort d’explication. On a l’ambition de réussir un très gros record de nombre de billets pour le basket. On a la chance d’avoir une salle de 27 000 places à Villeneuve-d’Ascq. On s’est appuyé sur le succès des évènements qu’il y a eu là-bas : l’EuroBasket en 2015, le championnat du monde de handball en 2017. On sait que c’est une salle assez formidable pour accueillir ce genre de manifestation. Nous sommes ravis de proposer à beaucoup plus de fans de basket de pouvoir accéder à ce spectacle car il y aura des matchs de dingue. Et Lille, ce n’est qu’à une heure de train de Paris. C’est aussi la possibilité de vivre une expérience extraordinaire.
« Le basket est un sport iconique des JO »
Pourquoi avoir opté pour le Stade Pierre-Mauroy ?
Paris 2024 s’est efforcé d’avoir une vision différente des derniers Jeux. On est sur un concept où on construit beaucoup moins d’infrastructures et il n’y a pas assez d’infrastructures dans la ville de Paris pour accueillir tous les sports Donc on s’est autorisé à privilégier les infrastructures existantes, même en dehors de la région Ile-de-France. C’est le cas avec le Stade Pierre-Mauroy à Lille-Métropole qui offre des conditions extraordinaires. Nous sommes sereins sur le succès des phases de poule en première semaine, avant que le basket ne retrouve évidemment Bercy en deuxième semaine.
Entre la longue quête d’une salle, la gestion des mécontentements et la pression de la NBA, le basket a-t-il été un dossier important ces derniers mois au COJO ?
Mon rôle est d’avoir une forme d’équilibre. Le handball est aussi un sport important donc il fallait aussi leur offrir la possibilité de jouer en première semaine à Paris puis en deuxième à Lille. Là, on trouve que le concept actuel permet d’avoir un équilibre intéressant parmi les sports et de maximiser les opportunités pour les fans d’aller voir ce spectacle. Je peux vous certifier que Paris 2024 est pleinement engagé pour délivrer un fantastique tournoi olympique de basket. Nous sommes très confiants sur la réussite de la phase de groupe, au sein de la plus grande salle en Europe, et la phase finale à Bercy s’annonce prometteuse.
Quant au 3×3, il se disputera sur l’une des places emblématiques de Paris, à La Concorde…
En effet. La place de la Concorde offrira une plateforme incroyable afin de promouvoir ce qui est l’un des évènements les plus nouveaux des JO. Ça fait partie de l’identité de Paris 2024 de rapprocher le sport et la culture, d’offrir une nouvelle expérience aux fans. Ce sera une fête fantastique sur la place de la Concorde avec les sports urbains, le DJ, la musique et le basket 3×3 au milieu. On a vu que c’était déjà un énorme succès en terme de billetterie. Ce sera l’un des endroits immanquables de Paris 2024 !
Propos recueillis à Mies,
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