Théo Maledon, une affirmation avec les Bleus : « Je ne suis plus le même »
La voix est devenue rauque. Le ton est aussi plus affirmé qu’à ses débuts. Encore adolescent à l’ASVEL, Théo Maledon est, aujourd’hui, devenu un jeune adulte. Le Normand de 21 ans ose plus et laisse davantage de place à ses émotions. « J’ai montré ce que je pouvais apporter à l’équipe et qu’on pouvait compter sur moi », indique-t-il. « Mais pour l’Euro, ce sera la décision du coach. Si ce n’était que moi, je me donnerais 40 minutes de temps de jeu. »
Mais ne vous fiez pas à sa boutade. Théo Maledon est plutôt de nature introverti et réservé. Un point sur lequel il a travaillé cette saison avec un coach mental. « J’ai beaucoup bossé sur le fait d’être plus expressif et d’extérioriser davantage ma joie quand je joue sur le terrain », glisse-t-il. « Ça passe, par exemple, par une petite célébration lorsque je marque à 3-points. »
Son travail semble déjà porter ses fruits et il n’hésite plus à fendre l’armure. Début juillet, il est revenu jouer un match de qualification au Mondial 2023 avec les Bleus, à Podgorica. Là où il avait été sacré champion d’Europe U16 en 2017. « Ça m’a grave fait plaisir », s’exclame-t-il. On est tout jeune, on débute. On ne connait pas vraiment le monde professionnel. On sait qu’on est attendu mais on ne réalise pas tout. » Avant d’ajouter en esquissant un sourire : « Quand on revient quelques années plus tard, on mesure le chemin parcouru. »
« L’âge joue mais le monde NBA m’aide beaucoup »
Presque timoré par l’exercice médiatique à ses débuts professionnels, il a mieux appris à gérer les « à côtés » depuis ses débuts en NBA en 2020, avec Oklahoma. « Il s’adapte constamment au milieu où il est », note Dominique Guéret, son oncle, et dorénavant responsable du centre de formation de Vichy-Clermont. « Il travaille pour être l’un des leaders de cette équipe car il l’a toujours été. C’est dans ses habitudes. »
Trois ans après sa dernière apparition avec les Bleus lors de la préparation à la Coupe du Monde 2019, le meneur français court après une sélection pour le prochain championnat d’Europe (1er – 18 septembre). Initialement appelé en tant que partenaire d’entraînement, il avait été coupé au dernier moment par le staff français. « Mentalement et physiquement, je ne suis plus le même », clame-t-il, d’une voix assurée. « J’ai beaucoup pris en confiance et en expérience. » L’été dernier, Théo Maledon avait décliné l’appel du pied de Vincent Collet pour se concentrer sur son travail individuel. Il ne regrette absolument pas son choix et espère que cette année sera enfin la bonne.
Leader de la génération 2001 avec Killian Hayes et Malcolm Cazalon, Théo Maledon a connu un apprentissage express. À l’Euro U16, au Mondial U17 mais également à l’ASVEL, où il a remporté le titre de champion 2019. « L’âge joue mais le monde NBA m’aide beaucoup », relève l’enfant du SPO Rouen (2012-2015). « C’est différent car il faut aller chercher les choses. On ne nous donne rien. J’ai appris de cette mentalité et ça m’a aidé à progresser. » Passé furtivement par la G-League (6 matchs) en janvier dernier, Théo Maledon dit avoir appris sur lui-même cette saison : « Je sais mieux comment rester professionnel, quand c’est plus dur individuellement. Et je sais me tenir prêt pour saisir les opportunités. »
Davantage attendu en défense
Derrière Thomas Heurtel (il s’est engagé à ne pas signer en Russie) et Frank Ntilikina, Théo Maledon devrait se disputer le dernier spot avec Elie Okobo, MVP de la dernière finale de Betclic ÉLITE. Andrew Albicy a, lui, ressenti une gêne à la cuisse au début de la préparation pour l’Euro. « Dès le début de la fenêtre internationale, Théo a montré de magnifiques gages de son talent. On devra en renforcer le côté lumière et gommer autant que possible le côté ombre », note Vincent Collet.
Au repos depuis début avril, Théo Maledon a continué de travailler aux États-Unis, a fait un petit crochet entre deux rassemblements par la Summer League de Las Vegas, sans y jouer. Avant de se consacrer entièrement à l’équipe de France. Percutant en attaque contre les Pays-Bas (89-64), dimanche, il a apporté du rythme en sortie de banc et a terminé la rencontre avec 9 points, 2 passes et 2 interceptions. « Sa principale progression par rapport à 2019, c’est le comportement défensif mais ce n’est pas assez », disait, déjà, Vincent Collet, début juillet. « Il a également de vrais savoir-faire, une vraie adresse et de très bons appuis offensifs mais il faut qu’il apprenne à les utiliser à bon escient. » Ce n’est qu’à ce prix qu’il fera partie des douze élus pour un vol direct à Cologne.
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