Roanne se sépare de son emblématique entraîneur Jean-Denys Choulet !
Comme en 2011, Jean-Denys Choulet a été relevé de ses fonctions d’entraîneur par la Chorale de Roanne
À l’échelle de la petite ville de Roanne, et de ce qu’y représente la Chorale, c’est une déflagration d’une puissance absolue. Presque inouïe. Qui n’avait, en fait, plus été ressentie depuis le mardi 15 novembre 2011 lorsque Emmanuel Brochot avait décidé, une première fois, de démettre Jean-Denys Choulet de ses fonctions de coach, à trois heures d’une obscure rencontre d’EuroChallenge contre Goverla. Plus de douze ans après, le président a récidivé : le Doubiste a été destitué de son costume d’entraîneur de la Chorale.
Les dirigeants de la @ChoraleRoanne ont décidé d’écarter Jean-Denys Choulet de ses fonctions d’entraineur principal de l’équipe professionnelle
Le communiqué officiel ➡️ https://t.co/sK1J5vxYl6
📷 Olivier Fusy#ChoraleNation #BetclicELITE pic.twitter.com/ZxY3P3IO50— Chorale Roanne Basket (@ChoraleRoanne) March 5, 2024
Des joueurs et salariés lassés
« Une décision prise dans la douleur », écrit l’institution roannaise. Comment pourrait-il en être autrement tant Jean-Denys Choulet (65 ans) incarnait presque à lui seul son club, comme aucun autre coach en France, si ce n’est évidemment Pascal Donnadieu à Nanterre ? Son premier mandat sur le banc ligérien, de 2000 à 2011, avait été celui de la renaissance de la Chorale, passée de la Pro B à l’EuroLeague, via un titre de champion de France en 2007. Le second aura été plus poussif, passé dans les limbes de la lutte pour le maintien, mais l’essentiel avait toujours été préservé : dans une Betclic ÉLITE de plus en plus concurrentielle, Roanne demeurait saison après saison un bastion du championnat, l’objectif qui lui avait été assigné au moment de revenir le 3 janvier 2020 lorsque le club était relégable.
Sauf que cette pérennité était de plus en plus menacée. Avec seulement sept victoires au compteur (mais deux matchs de retard), la Chorale est actuellement engluée dans la zone de relégation, à la 17e place, minée par une série de six défaites en sept matchs, simplement sauvée par un tir miraculeux de Jordan Tucker à Blois. Docteur des missions difficiles en bas de classement, jamais descendu en 27 saisons professionnelles, le double champion de France conservait la farouche volonté de se battre pour le maintien de son club de cœur. « La Chorale n’est pas morte », clamait-il samedi après-midi à Strasbourg. « Je suis le plus ancien coach dans la durée en LNB et je n’ai jamais vu une saison comme ça. Quand on vient de remplacer six joueurs sur le même poste (ailier-fort, ndlr), c’est juste infernal. Toutes les trois semaines, on recommence ce qu’on fait depuis le début de saison. On n’avance pas d’un iota, on ne fait que recommencer. C’est compliqué… » Par exemple, depuis dimanche, Jean-Denys Choulet travaillait à la signature d’un 16e, et dernier, contrat pour remplacer Kellan Grady, dont l’état dépressif devenait de plus en plus incompatible avec les exigences du haut niveau (0/4 aux lancers-francs samedi en Alsace).
Un intérim assuré par Marc Berjoan
Si le débarquement d’un coach 17e du championnat ne peut pas être vraiment considéré comme une surprise, cette nouvelle reste un séisme à l’échelle du championnat et interroge de par son timing. Pourquoi maintenant, et pas pendant la trêve de la Leaders Cup, ce qui aurait pu laisser le temps à son successeur de travailler ? Pourquoi maintenant, après une performance encourageante à Strasbourg (82-97) ? Pourquoi maintenant, après un remodelage de l’effectif sur lequel JDC fondait beaucoup d’espoir, avec l’arrivée de Sekou Doumbouya (placé à Roanne par son agence en raison de l’identité du coach…) et le retour de Cyril Langevine ? Pourquoi maintenant, alors qu’une nouvelle dynamique interne semblait souffler depuis la reprise ? Peut-être parce qu’une fracture s’était formée entre lui et une grande partie de l’équipe, qui n’adhérait plus aux choix tactiques et s’inquiétait des largesses défensives, à l’image de certains salariés du club, devenus lassés au fil du temps… « Depuis deux semaines, on travaille dans la bonne humeur et dans l’envie », disait pourtant l’ancien entraîneur de Gravelines-Dunkerque et Chalon-sur-Saône samedi dans les coursives du Rhénus. « Si on produit du jeu comme on a fait à Strasbourg, je pense qu’on peut faire mieux que notre classement. On a deux matchs en retard et trois rencontres à domicile qui arrivent. Je n’ai rien à reprocher aux joueurs sur leur engagement. Après, que nous reste-t-il à faire ? Travailler, comme on le fait tous les jours. Personne ne lâche en tout cas. »
Si… Emmanuel Brochot a fini par lâcher son emblématique entraîneur, qui se savait menacé depuis quelques temps, ne voyant pas arriver une prolongation de contrat (expirant en juin 2024). « Tout le monde sait l’amitié et le respect que j’ai pour Jean-Denys : je ne sais pas si c’est le bon choix, on le verra dans quelques semaines », a indiqué le président dans les colonnes du Progrès. Le quotidien régional informe que l’entraîneur des Espoirs, Marc Berjoan, et l’adjoint Loïc Bard, assureront les entraînements à partir de ce mardi soir et que c’est le premier cité, historique de la JL Bourg puis head coach à Montbrison (2011/14) et LyonSO (2019/20), qui devrait prendre place sur le banc samedi pour un match capital contre Le Portel. Une rencontre que le natif de Besançon espérait être celle du point de départ du regain de la Chorale. Elle sera finalement le début de tout autre chose. Celle de l’après Jean-Denys Choulet…
Commentaires