[Rétro] « Là où tout a commencé » : les années baby-basket de Zaccharie Risacher à Chalon
Une si belle évolution en 15 ans…
La photo a déjà un côté un peu surannée. Et ressemblerait presque à un passage de témoin. Nous sommes en pleine saison 2008/09. Sur le parquet du Colisée, au crépuscule de sa carrière de joueur, Stéphane Risacher prend la pose avec son fils, âgé de trois ans et demi. Le paternel est un genou à terre, permettant à son enfant de s’asseoir sur sa jambe, tout en l’enveloppant d’une main protectrice. L’arrière-plan est sombre mais les deux hommes sourient, le regard légèrement rêveur pour le petit Zaccharie. Dans son uniforme complet de basketteur, l’héritier des Risacher semble presque dans son élément, les bouclettes en moins mais déjà son inamovible n°10 sur le torse. À côté, surtout, du logo de l’Élan Chalon, son prochain adversaire en championnat…
« Cette photo-là est chez moi, évidemment », sourit le Zaccharie d’aujourd’hui, en passe de devenir un basketteur accompli, du type de ceux qui font se déplacer le propriétaire des San Antonio Spurs jusqu’aux confins de la Bresse, pour l’instant annoncé 2e de la draft NBA 2024. C’est qu’il en a fait du chemin depuis cette époque, où il signait sa toute première licence, facilitée par un coup de pouce administratif de l’Élan Chalon. « On n’acceptait pas les enfants en-dessous de quatre ans normalement », indique Mattias Fernandez, son premier éducateur en mini-basket. « Ils ont bien voulu faire une exception, c’est vrai », acquiesce Stéphane, avant de la justifier dans un rire. « Mais c’est parce qu’un enfant de 3 ans d’un basketteur ressemble plutôt à un enfant de 6 ans. Et lui, dès qu’il a pu marcher, on a toujours joué à faire du sport, c’était un gamin avec une très bonne motricité globale. »
Un duo avec Rayan Rupert !
Fils d’un illustre basketteur, membre de l’inoubliable épopée olympique de Sydney, il était logique de voir le petit Zaccharie se mettre au basket dès le plus jeune âge. Mais l’a-t-il réclamé lui-même, ou ses parents lui ont-ils suggéré ? « Je ne sais plus si c’est lui qui a demandé mais c’était assez naturel qu’il s’y mette », hésite Stéphane. « C’est bien moi qui ait voulu faire du basket », répond l’ailier bressan. « Que ce soit en Espagne ou à Chalon, j’ai directement été dans les salles de basket ou aux entraînements de mon père. J’ai baigné dans ses pas. Il y a toujours eu un panier dans le jardin, des ballons partout, j’ai très vite été dans le monde du basket. Alors dès que j’ai pu ma prendre ma licence et jouer dans un club le plus tôt possible, à 3 ans et demi, je l’ai pris. J’ai voulu jouer avec mes potes. » Des copains qui faisaient tous une tête de moins que lui, 1,04 m sous la toise à 2 ans (!).
LIRE AUSSI. Les cinq raisons de soutenir BeBasket en s’y abonnant
Sauf un certain Rayan, 4 ans et demi, lui aussi fils d’un basketteur pro de l’Élan, le regretté Thierry Rupert. Deux joueurs de NBA, actuel ou à venir, dans la même équipe, de quoi former la section de baby-basket la plus forte de France ? « Mon premier souvenir de cette époque, c’est d’être avec Rayan », souffle Zaccharie Risacher. « Sa famille et la mienne étions très proches. »
Licencié à l’Élan entre 2008 et 2011, le prospect y a évolué en baby-basket puis en mini-basket, expérimentant les ballons de taille 3 et les paniers à 2,60 mètres. « C’est vraiment de l’éveil basket », explique Mattias Fernandez. « C’est plus de la découverte que du basket à proprement parler. À cet âge-là, il faut déjà faire en sorte que le gamin soit intéressé par l’environnement dans lequel il est. Ce n’est pas le plus facile et lui l’était. Il comprenait où il était parce qu’en baby-basket, la plupart des enfants passent leur temps à sortir du terrain et à regarder au plafond. On voyait qu’il était content d’être là. » Mais pas non plus exclusivement tourné vers la balle orange : touche-à-tout, le natif de Malaga a également fait deux ans de judo, de l’aïkido, de l’athlétisme et de la gymnastique quand il était jeune.
À LIRE AUSSI,
QUAND R.J. BARRETT JOUAIT EN MINI-POUSSINS À L’ÉLAN CHALON
Cet âge-là, c’est aussi celui des premiers matchs, avec les plateaux baby-basket. Le tout, évidemment, sous les yeux de son père et de sa mère, Sandrine. « On l’a accompagné », retrace Stéphane. « Il était dans la salle annexe du Colisée donc il m’arrivait très souvent de finir l’entraînement et d’aller regarder Zacch’ jouer. Je faisais comme tous les parents, je restais sur le bord du terrain à regarder ses premiers pas, ce sont de jolis souvenirs. » Tout comme lui a laissé des étoiles dans les yeux aux autres enfants qui entouraient Zaccharie. « Ils étaient tous impressionnés car ils voyaient déjà un joueur pro de l’Élan qui venait avec eux », sourit Mattias Fernandez. « Steph était là dès qu’il pouvait et ça se voyait qu’il était fier de voir son fils à l’entraînement. Sandrine était la première à faire des gâteaux après les matchs pour tout le monde. Les deux étaient super cools, impliqués, très bienveillants avec tous les gamins. »
« Ça va me faire drôle de rejouer au Colisée »
Au-delà du basket, où il était encore bien trop tôt pour déceler un quelconque potentiel, Zaccharie Risacher a surtout été marqué par des instants de vie quotidienne en Saône-et-Loire. Après avoir grandi entre Malaga et Murcie, il s’installait pour la première fois en France. « C’était il y a longtemps », rigole-t-il. « Mais je me souviens du village dans lequel j’étais, Sassenay. Je me souviens de mes amis là-bas, de ma nourrice. C’était aussi la première fois où j’allais à l’école. » Un cadre dont il a dû se déraciner lorsque la famille Risacher a décidé de retourner vivre à Lyon, en 2011, un an après la retraite de Stéphane. En s’installant dans le Rhône, le MVP du mois de décembre n’a d’ailleurs pas repris une licence directement. « En arrivant à Lyon, il a d’abord voulu ne pas refaire du basket », se rappelle son père. « Il a fait six mois de gym mais il s’est pris une grosse gamelle et ne s’est ensuite plus précipité pour y retourner. Son pied était passé au travers d’un trampoline sur une impulsion, son tibia avait bien râpé sur l’armature métallique. Alors il a repris en cours l’année de basket, en poussins. »
À LIRE AUSSI, L’INTERVIEW DE ZACCHARIE RISACHER :
« JE ME VOIS ME TRANSFORMER QUOTIDIENNEMENT »
Depuis qu’il a quitté Chalon-sur-Saône, Zaccharie Risacher n’avait plus rejoué au Colisée en match officiel, de ses années U15 à sa découverte de la Betclic ÉLITE. Alors ce week-end, avec un déplacement programmé en Bourgogne samedi à 18h30 pour le compte de la 20e journée du championnat, lui offrira un sacré saut dans le temps, quinze ans en arrière. « Ça va me faire drôle d’y rejouer », s’amuse-t-il. « Ça va être spécial. Je sais que l’ambiance est chaude. J’ai de très bons souvenirs dans cette salle, petit, en tant que supporter. J’ai juste hâte de revenir. C’est un peu là où tout a commencé… » Les premières lignes d’une histoire appelée à connaitre ses rebondissements principaux à des milliers de kilomètres de la rue d’Amsterdam, de l’autre côté de l’Atlantique…
Commentaires