Vainqueur de l’EuroCup, le Paris Basketball dans la cour des grands !
Six ans après sa création, Paris remporte l’EuroCup !
Dans l’angle mort de T.J. Shorts et Tuomas Iisalo, assis sur l’estrade de la conférence de presse, Nadir Hifi s’est tapi dans l’ombre, son litre de Vittel à la main. Masque de ski sur le visage, filet d’Ékinox autour du cou, le sniper franco-algérien attendait le signal. Celui de tous ses coéquipiers, tout autant équipés en bouteilles d’eau, agglutinés dans le sas d’entrée, prêts à venir arroser le MVP et le coach. Le feu vert est venu d’… Amara Sy, le premier à venir doucher l’entraîneur finlandais, malgré ses timides suppliques. Pour finir dans un joyeux chaos dans le centre d’entraînement de la JL Bourg, debout sur la table à scander le nom d’Iisalo.
Le début d’expérience, c’est quand on pense à ne pas poser son téléphone sur la table de la conférence de presse après un trophée.
☔️ Tuomas Iisalo et T.J. Shorts arrosés par tous les autres vainqueurs de l’EuroCup. pic.twitter.com/LgN4bEGS0p— Alexandre Lacoste (@Alex__Lacoste) April 12, 2024
« Tu crois que Nadir ressent la pression ? »
Encore en Nationale 3 il y a quatre ans, Nadir Hifi avait bien mérité cet instant de folie. « Tu crois que Nadir ressent la pression ? », a demandé Tuomas Iisalo à T.J. Shorts, assis à ses côtés. « Absolument pas », a répondu le lutin californien. « C’est ça, il n’a aucune idée de ce que c’est », s’est esclaffé le Scandinave. L’enfant d’Illkirch-Graffenstaden, scotché à 6 points à 1/5 à la mi-temps, l’a encore prouvé à Ékinox, auteur de deux gros shoots d’affilée pour offrir le premier écart de la soirée à Paris (52-58, 26e minute) et surtout du tir assassin. Alors que le chrono des 24 secondes s’égrenait doucement et que JeQuan Lewis se précipitait pour lui obstruer la vue, l’Alsacien a armé à 7 mètres à 117 secondes du buzzer final (76-83, 39e minute). Ficelle, évidemment, le regard habité, tourné vers la centaine de supporters parisiens, les deux bras tendus. Non, cet homme ne ressent vraiment pas la pression.
Le panier bascule et le tir du premier titre européen de Paris, acquis dans une ambiance immense à Ékinox, digne des plus belles heures de la salle Amédée-Mercier, si ce n’est que l’on n’y avait jamais vu un ancien président de la République avec une écharpe du club sur les épaules. Une atmosphère hostile qui donne encore plus de valeur à ce trophée, de même que la résistance proposée par la JL Bourg ce vendredi, loin de sa passivité extrême de l’Adidas Arena mardi. Malgré les 4 fautes de Jeremy Morgan dès la 13e minute, l’équipe bressane a livré un vrai combat, comptant jusqu’à 8 points d’avance (32-24) grâce au réveil de ses leaders, Isiaha Mike en tête. Mais à la pause (46-43), il subsistait l’impression que la Jeu était au maximum de ce qu’elle pouvait donner, sans trop de marge de manœuvre face à une équipe de Paris qui attendait son heure.
« Une ascension météorique »
L’uppercut vint en deux temps. Une première salve, signée Hifi, pour tenter un premier décrochage (55-61, 27e minute), remarquablement esquivé par la JL Bourg (66-64, 32e minute). Puis l’accélération finale, symbolisée par Mikael Jantunen. Pas le plus flashy de l’équipe parisienne, mais redoutablement efficace, l’intérieur finlandais a planté les deux banderilles assassines (67-75, 34e minute). Avec, parfois, la chance qu’il fallait, comme lorsque Kevin Kokila dévia un ballon directement dans ses mains. La chance du champion ? Peut-être. Mais on ne pourra pas parler de chance pour une équipe qui termine sa campagne continentale avec 22 victoires en 23 rencontres, un bilan historiquement dominateur.
Moins de six ans après sa création, le Paris Basketball touche sa terre promise, qualifié sportivement pour l’EuroLeague, le rêve dès le premier jour du président David Kahn. Cette fois, oui, les bas-fonds de la Pro B semblent bien loin… « C’est une ascension météorique », soulignait Tuomas Iisalo, qui a évoqué un stress constant du club face à la certitude de ne pas obtenir d’invitation administrative pour le gratin continental la saison prochaine. « Je ne sais pas si ça s’est déjà vu dans l’histoire. Quand on gagne un trophée, ça élève automatiquement les attentes. Ce sera un défi énorme : il faudra plus d’argent pour des matchs supplémentaires, des voyages supplémentaires, des joueurs supplémentaires, etc. Mais on sent qu’on peut relever ce challenge : le club est de toute façon largement en avance sur son tableau de marche. » La préparation ne commencera pas dès ce soir. « D’abord, on va aller se boire un bon Peppermint Schnaps finlandais (une liqueur de menthe, ndlr) », savourait le coach. Ce sera déjà autre chose que se faire arroser…
À Bourg-en-Bresse,
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