Noam Yaacov, le jeune qui fait confiance à l’ASVEL
Quand Gianmarco Pozzecco dit qu’il doit apprendre à connaître ses joueurs, ce n’est pas qu’un effet de style. « Je suis très heureux d’avoir autant utilisé Noam, un jeune Français de talent », glissait-il dimanche, après la victoire rhodanienne contre Strasbourg (91-72). Raté. Si le meneur villeurbannais a bien deux nationalités, il n’a pas la Française. Reste qu’il est bien la nouvelle incarnation du projet jeunes de l’ASVEL.
Bientôt JFL
Né à Copenhague en octobre 2004, biberonné à la balle orange par son père, parti s’installer en Israël chez ses grands-parents à 13 ans à cause du faible niveau du basket danois, Noam Yaacov (1,85 m, 19 ans) a passé trois années en couveuse à l’Hapoel Emek Efer avant de débarquer à l’ASVEL en 2021, avec un contrat 2+2 à la clef. Une année pour s’adapter (6,6 points à 47% et 4 passes décisives), une demi-saison pour prendre les commandes de l’équipe Espoirs (17,8 points à 49%, 5,8 rebonds et 8,2 passes décisives), cinq mois d’interlude pour se lancer en pro à l’Hapoel Jérusalem (et devenir international israélien dès son… cinquième match en pro !) puis un été pour se faire une place à Villeurbanne.
Après avoir perdu de multiples prospects (Victor Wembanyama, Zaccharie Risacher, Killian Malwaya, Matthew Strazel, ou même Noa Essengue, qui a refusé de s’y engager), le dossier de l’Israélo-Danois était une priorité pour le club de Tony Parker. Alors même si Yaacov ne sera pas JFL avant 2025, même s’il n’avait jamais joué un match pro en France, l’ASVEL a consenti à lui réserver le spot de second meneur, lui qui ne serait certainement pas revenu pour être n°3 dans la hiérarchie. Pourtant sous contrat, Dee Bost a ainsi été prié d’aller voir ailleurs afin de libérer de l’espace pour le vice-champion d’Europe Espoirs, élu meilleur meneur de l’Euro, brillant face aux Bleuets en finale (31 points à 11/15). Une compétition qui a d’ailleurs largement joué en sa faveur pour cette promotion soudaine à l’Astroballe…
« Un très beau futur devant lui »
Pour l’instant, l’institution lyonnaise n’a pas à le regretter. Après un premier flash fin septembre au Portel (8 points à 3/7 et 2 interceptions en 19 minutes), Noam Yaacov a prouvé dimanche qu’il était en mesure de réellement peser sur un match de Betclic ÉLITE (12 points à 5/8 et 2 rebonds en 11 minutes). Le tout sous les yeux de son père, entraîneur de profession. « Personnellement, ça a été un bon match », approuvait le champion de France Espoirs 2022. « Je me sens de plus en plus à l’aise au sein de cette équipe. Le basket est une question de confiance. J’ai rentré mes deux premiers shoots à trois points et ensuite, j’ai enchaîné par quelques bonnes défenses. C’était une bonne soirée pour augmenter mon niveau de confiance. C’était évidemment l’un de mes meilleurs matchs en pro mais j’espère qu’il y en a d’autres encore mieux. »
Ses 12 unités ne constituaient cependant pas son record en carrière. En avril dernier, en plein cœur de son prêt à Jérusalem, Noam Yaacov avait passé 14 points à la défense du Galil Elyon. Mais pour le deuxième match de l’ère Pozzecco, seulement, le natif de Copenhague peut au moins se targuer d’avoir le sens du timing, histoire de s’imposer d’emblée comme une solution crédible aux yeux de son nouvel entraîneur, désireux de connaître son effectif. « Déjà, il a un super visage et cela signifie beaucoup de choses moi », souriait le Poz dimanche soir. « C’est un très bon gars. Il est jeune mais il joue de manière agressive, sans aucune peur sur le terrain. Il est rapide, il peut shooter, il a tout pour devenir un très bon joueur. Je suis là pour l’aider mais il ne faut pas lui mettre de pression. Contre Strasbourg, il a obtenu beaucoup de responsabilités mais il a besoin de temps : il connaîtra d’autres bons matchs, des mauvais matchs aussi. Il faut qu’il travaille sur sa confiance, qu’il devienne un bon coéquipier mais il peut le faire. Il a un très beau futur devant lui ! » Et ce même si ce n’est pas tout à fait un jeune Français de talent…
L’œil d’Anthony Brossard, son ancien entraîneur en Espoirs :
« Le jeu d’un Américain avec le QI d’un joueur d’EuroLeague »
« C’est un garçon très intelligent et très ouvert. Il parle quatre langues : Français, Anglais, Hébreu, Danois. D’un point de vue basket, ce qui m’a marqué tout de suite, c’est à quel point il pouvait être aussi impactant dans beaucoup de domaines dans le jeu. C’est l’une des rares fois où j’ai eu un joueur qui avait une telle emprise sur le jeu puisqu’avec nous, il était l’un des top scoreurs, l’un des top rebondeurs et l’un des top créateurs (voir les stats ci-dessus, ndlr). C’est vraiment quelqu’un de très présent et agressif sur le terrain. L’image que j’ai de lui est qu’il a le jeu d’un joueur Américain, avec le QI d’un joueur d’EuroLeague. Il a une mentalité très agressive dans le sens où il est toujours dans la recherche d’apporter et créer des choses, avec une réflexion très européenne. Il fait partie de la nouvelle génération de nouveaux meneurs israéliens hyper talentueuse : Yam Madar (Fenerbahçe Istanbul), Tamir Blatt (Maccabi Tel-Aviv), Noam Yaacov. Ça fait quand même trois joueurs de la même nationalité dans trois équipes d’EuroLeague. Je n’ai aucun doute sur le fait qu’il réussira à s’installer en EuroLeague. Je suis sûr également qu’il vivra également de belles expériences avec la sélection israélienne. Pour quelqu’un qui a été élu deux années de suite dans le meilleur cinq d’un EuroBasket Espoirs, ce serait injuste de dire que la NBA n’est pas faite pour lui. Ce sera une question d’opportunité, une question de profil. Il me fait un peu penser à Nando De Colo ou Facundo Campazzo, des joueurs très installés en EuroLeague qui ont fait une apparition en NBA. Il ne faut rien s’interdire pour lui. »
À Villeurbanne,
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