Monument du basket français, Isabelle Yacoubou annonce sa retraite
Isabelle Yacoubou intègrera le staff tarbais pour la saison 2024/25
Elle restera Shaqoubou, l’une des joueuses les plus puissantes de l’histoire du basket français, les plus médaillées aussi. Mais tout cela aurait pu ne jamais exister… Lanceuse de poids de haut niveau au Bénin, Isabelle Yacoubou a écrit son destin basket sur une simple vidéo, envoyée en fin d’adolescence au club de Tarbes avec l’aide d’un recruteur venu à Cotonou pour du… handball. « Quand tu es du Bénin, c’est très compliqué de se faire remarquer et de se vendre », racontait-elle en 2021 à Women Sports Africa. « Alors à l’époque, j’ai fait une vidéo avec une démonstration et une petite interview pour montrer ce que je savais faire et qui j’étais. C’était ma dernière chance. Des mots n’auraient pas suffi, il fallait plus que ça, quelque chose qui marque les esprits. J’avais une chance sur un million que ça fonctionne, mais c’est arrivé ! »
Une future place dans le staff de Tarbes
De fait, 21 ans après avoir débarqué par hasard dans les Pyrénées, son histoire de vie est désormais intimement liée au TGB. C’est avec le club tarbais qu’elle a disputé son premier match professionnel le 1er octobre 2005 contre Strasbourg, lors de l’Open LFB. Et c’est avec le club tarbais qu’elle a aussi disputé son dernier match professionnel, malheureusement un peu prématurément, le 24 janvier dernier contre Charleville-Mézières. Touchée au genou face aux Flammes Carolo, Isabelle Yacoubou a tenté de se soigner pour revenir à temps, mais sa saison est terminée, et conséquemment sa carrière.
𝙇𝙖 𝙡é𝙜𝙚𝙣𝙙𝙚 𝙄𝙨𝙖𝙗𝙚𝙡𝙡𝙚 𝙔𝙖𝙘𝙤𝙪𝙗𝙤𝙪 𝙢𝙚𝙩 𝙪𝙣 𝙩𝙚𝙧𝙢𝙚 à 𝙨𝙖 𝙘𝙖𝙧𝙧𝙞è𝙧𝙚 𝙙𝙚 𝙟𝙤𝙪𝙚𝙪𝙨𝙚
➡️ Le communiqué officiel : https://t.co/i8eyMiMoPY#tgbensemble #shaqoubou
— TGB Basket (@tgbbasket) February 28, 2024
Soit une dernière ligne frustrante à un parcours admirable, quasi miraculeux (voir ci-dessous) Partie de Tarbes en 2010 sur un titre surprise de champion de France, la Franco-Béninoise a arpenté les plus grands clubs européens (Schio, Valence, Fenerbahçe). Elle a connu des histoires de vie uniques, comme lors de son expérience chinoise, qui devait d’ailleurs être la dernière de sa carrière en 2015 ! Mais elle a toujours trouvé la force de continuer, même après une grossesse difficile, même après des aléas toujours plus douloureux : deux saisons quasiment blanches, un problème de thyroïde, la mort subite de son frère, l’embolie pulmonaire de sa mère, un burn-out, etc… Pourtant, malgré tous ces drames personnels, Isabelle Yacoubou a lutté pour revenir au plus haut niveau, au point d’être élue dans le cinq majeur de LFB l’année dernière et d’être envisagée par Jean-Aimé Toupane pour l’EuroBasket, sept ans après sa retraite internationale.
Légende des Bleues
Car Isabelle Yacoubou, c’était aussi l’équipe de France. C’était surtout l’équipe de France. La colossale pivot dans la raquette tricolore, les tresses bleues-blancs-rouges à Londres, des souvenirs et des médailles en pagaille. Sélectionnée à 147 reprises, championne d’Europe en 2009, vice-championne olympique en 2012, elle fait partie du cercle fermée des légendes des Bleues. « Quand j’ai commencé, je n’espérais pas un jour intégrer l’équipe de France et avoir l’occasion de porter ce maillot 147 fois », dit-elle à BasketEurope. « J’ai eu la chance de marquer l’histoire avec la génération des Braqueuses et de décrocher une première médaille olympique, qui avait le goût de l’or quand on retire les USA. » Un immense vécu qu’elle pourra continuer à partager avec les joueuses du TGB puisque la consultante TV intègrera le staff tarbais à l’orée de la saison 2024/25.
« Tout dans mon parcours relève du miracle »
« Tout dans mon parcours relève du miracle. Combien de chances y a-t-il pour qu’un monsieur qui vient chercher des talents au handball tombe sur moi au Bénin ? Très peu… Combien de chances y a-t-il pour qu’il fasse une vidéo, l’amène au club de Tarbes, qui au bout de trois mois me rappelle pour que je vienne en France ? Très peu… Combien de chances y a-t-il pour qu’au bout d’un an, on me propose la nationalité française ? Encore une fois, très peu… La chance, ça arrive une fois. Mais là, c’est sur tout mon parcours ! Je n’oublie pas d’où je viens. Ma mère est encore au Bénin. Et à chaque fois que j’y vais, je vois où j’en serais aujourd’hui dans ma vie si je n’avais pas fait de basket. C’est pour cela que je dis que ça a été un miracle permanent pour moi. Après, bien sûr, il y a du travail derrière. On ne finit pas dans les meilleurs clubs en n’étant pas bonne. Mais il y a beaucoup de facteur chance, pour que les bonnes personnes soient toujours là au bon moment et me donnent le coup de pouce qui me permet de faire ce petit pas en plus. »
Le Figaro, en novembre 2016
Son parcours :
- 2000/03 : Lumière Cotonou (Bénin)
- 2003/10 : Tarbes (LFB)
- 2010/11 : Schio (Italie)
- 2011/12 : Valence (Espagne)
- 2012/13 : Spartak Moscou (Russie)
- 2013/14 : Fenerbahçe Istanbul (Turquie)
- 2014 : Heilongjiang Chenneng (Chine)
- 2015/18 : Schio (Italie)
- 2019/22 : Bourges (LFB)
- 2022/24 : Tarbes (LFB)
Son palmarès :
En club :
- Championne d’Europe en 2012
- Vainqueur de l’EuroCup 2022
- Double championne de France (2010 et 2022)
- Quadruple championne d’Italie (2011, 2015, 2016 et 2018)
- Championne d’Espagne en 2015
- Quadruple vainqueur de la Coupe d’Italie (2011, 2015, 2017 et 2018)
- Vainqueur de la Coupe de France cadettes en 2004
- Championne de France NF3 en 2005
En sélection :
- Championne d’Europe 2009
- Vice-championne olympique 2012
- Double vice-championne d’Europe (2013 et 2015)
- Médaillée de bronze lors de l’EuroBasket 2011
- Médaillée de bronze lors de l’EuroBasket Espoirs 2006
- Médaillée de bronze lors du Mondial Espoirs 2007
Distinctions personnelles :
- MVP Française de LFB en 2009 et 2010
- MVP de la finale de LFB en 2010
- Élue dans le meilleur cinq de l’EuroBasket 2013
- MVP du championnat d’Italie en 2018
- MVP de la finale de la Coupe d’Italie 2018
- Élue dans le meilleur cinq de LFB en 2023
- MVP de l’EuroBasket Espoirs 2006
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