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Comment Hervé Dubuisson a contribué à faire de Maxime Courby le meilleur shooteur à trois points de l’histoire de l’EuroCup

Alors que la JL Bourg se déplace à Patras ce mercredi (à 20h) pour le compte des 1/8e de finale de l'EuroCup, l'équipe de Frédéric Fauthoux est arrivée en Grèce avec le meilleur shooteur à trois points de l'histoire de la compétition : Maxime Courby, à 50,4% en carrière européenne, pourtant un piètre sniper lors de ses débuts professionnels à Antibes mais pris sous l'aile de l'un des plus beaux poignets jamais vus en France, Hervé Dubuisson.
Comment Hervé Dubuisson a contribué à faire de Maxime Courby le meilleur shooteur à trois points de l’histoire de l’EuroCup
Crédit photo : Stéphane Laurencin

Alors âgé de 18 ans, Maxime Courby sort complètement décontenancé d’un entraînement. Dans l’antique salle Foch d’Antibes, un homme qui l’observait depuis quelques temps est venu lui prodiguer des conseils sur son tir à trois points. « Je me suis dit : mais pourquoi il veut me changer mon shoot celui-là ?! Je ne sais même pas qui c’est. » Et puis le jeune ailier de l’OAJLP (Pro B) a tapé sur Internet le nom donné par son entraîneur Savo Vucevic : un certain Hervé Dubuisson. Ce qu’il découvre le laisse sans voix : l’inconnu est en réalité le meilleur marqueur de l’histoire de l’équipe de France, joueur le plus capé en Bleu, et l’un des plus beaux attaquants purs jamais vus en France. « C’était incroyable quand j’ai su qui il était vraiment », sourit l’actuel capitaine de la JL Bourg, qui n’avait que 8 ans lorsque le Dub’ a balancé son dernier shoot avec Montpellier. « J’ai fait : Wow, il faudrait quand même peut-être que j’écoute ce qu’il a à me dire. » Le Nordiste a bien fait : près de treize ans plus tard, le voici devenu le meilleur shooteur à trois points de l’histoire de l’EuroCup, le seul à plus de 50% en carrière.

Le Top 10 des meilleurs shooteurs à trois points dans l’histoire de l’EuroCup :

  1. Maxime Courby, 60/119, soit 50,4%, en 46 matchs
  2. Derek Willis, 58/119, soit 48,7%, en 48 matchs
  3. Jurica Ruzic, 57/118, soit 48,3%, en 30 matchs
  4. Sergei Chikalkin, 79/164, soit 48,2%, en 41 matchs
  5. Roderick Blakney, 97/202, soit 48%, en 60 matchs
  6. Saulius Stombergas, 71/148, soit 48%, en 40 matchs
  7. Sammy Mejia, 125/264, soit 47,3% en 84 matchs
  8. Raul Lopez, 75/159, soit 47,2%, en 61 matchs
  9. Kyle Kuric, 174/372, soit 46,8%, en 62 matchs
  10. Ivars Timermanis, 37/80, soit 46,2%, en 45 matchs

Une gestuelle totalement repensée

Entre 2010 et 2012, Maxime Courby a lancé sa carrière professionnelle à Antibes et y a refaçonné son shoot (photo : Romain Robini)

« Ça ne me surprend pas vraiment », glisse Savo Vucevic, lorsqu’on lui apprend cette statistique inattendue. « Mais attention, j’ai vu des grands shooteurs où c’était inné. Max n’était pas du tout dans ce cas. Quand il est arrivé à Antibes, il n’avait pas de shoot. » Formé à Gravelines-Dunkerque, Maxime Courby a été prêté à Antibes en 2010. Tout juste auréolé d’un titre de champion d’Europe Espoirs glané avec la génération Albicy, il débarque dans le Sud pour lancer sa carrière professionnelle auprès du technicien monténégrin. « Christian Monschau m’avait dit qu’il aimerait bien qu’il vienne chez moi, que c’était un très bon gamin mais qu’il lui manquait des choses. » À savoir, surtout, un vrai tir à trois points, lui qui tournait à 29,1% en Espoirs. « J’aimais bien shooter à trois points mais ce n’était pas forcément ma force », se souvient le joueur. Et dans ce domaine, Savo Vucevic n’était pas convaincu de pouvoir lui faire passer seul un cap. « J’ai dit à Max qu’il pouvait m’écouter pour le reste mais que je ne pouvais pas trop l’aider sur le shoot. J’étais un bon joueur mais pas un shooteur exceptionnel. Ce qu’il y avait de mieux en France dans le domaine, c’est Hervé Dubuisson. Sa rotation de balle, c’était une merveille. »

Cela tombe bien, les deux hommes ont noué des liens sur la Côte d’Azur. De fait, Vucevic suggère à son ami de venir jeter un coup d’œil sur son jeune protégé. Le natif de Douai s’exécute mais se contente d’abord de regarder Maxime Courby, qui enchaîne généralement les séries longue distance avec Yann Siegwarth, sans intervenir. « Puis un jour, il est venu vers moi », raconte le Bressan. Le meilleur marqueur officieux de l’histoire de la Pro A en est arrivé à une conclusion : Courby doit changer son geste. « Je lui ai dit qu’il se compliquait la chose », a expliqué Dubuisson dans un entretien accordé à Radio Scoop en 2017. « Je lui ai appris la technique du six à l’envers. Je lui ai montré comment ça se déroulait : toujours shooter sans secousse, toujours avoir la main fermée à la fin du shoot et accompagner la balle dans sa tête comme si on mettait un couvercle sur le cercle. » Des conseils qui ont fait mouche : plus de douze ans après, le sniper aindinois est toujours capable de réciter par cœur le contenu des leçons particulières prodiguées à Salusse-Santoni. « On est parti de zéro, d’abord en prenant la balle à une main. J’avais tendance à mettre beaucoup le ballon sur la paume de la main et il me disait de vraiment m’appuyer sur la sensibilité au bout des doigts. C’est vraiment le b.a.-ba. Mon shoot part vraiment du bas maintenant alors que j’étais encore sur quelque chose de très académique à l’époque. Il m’a fait oublier cette formation car cela me demandait trop d’efforts : je perdais en puissance et me fatiguais sur des longues séries à trois points. Du coup, il m’a fait adopter une technique spéciale, avec un moulinet avant de shooter : on fait un 6 et on tire à la fin du 6. »

Sasa Djordjevic sous le charme !

Hervé Dubuisson et Maxime Courby réunis en 2017 à Bourg-en-Bresse (photo : Catherine AULAZ)

Forcément, quand on corrige dix années de pratique pour reprendre les bases, cela s’accompagne de son lot de frustrations. « C’était vraiment compliqué : c’est la saison où on me lance dans le bain de la Pro B et je réapprends à shooter, j’avais l’impression de revenir à mes années minimes. » D’autant plus que le joueur peine à récolter immédiatement les fruits de son travail : 29,1% en Espoirs, 29,4% en 2010/11, 29,8% en 2011/12, les progrès sont anecdotiques… « Je commençais à cogiter en attrapant le ballon mais Hervé était là pour me dire de ne pas perdre confiance. » Pendant des mois, Dubuisson s’incruste ainsi régulièrement aux entraînements antibois, selon ses disponibilités, une fois par semaine en moyenne, tenant le rôle de consultant extérieur bénévole. « Quand il n’était pas là, je gardais en mémoire ce qu’il me disait et travaillais sans lui », glisse Courby. « Au fur et à mesure des répétitions, cela a payé. » Pour cela, il faudra notamment attendre sa deuxième saison à Rouen, en 2013/14, où il passe à 39% de moyenne. En 2016/17, n°1 de la catégorie en Pro B, il shootera à 53,8% à trois points (63/117) avant même d’atteindre le pourcentage impressionnant de 64% l’an dernier en EuroCup, certes sur de moins gros volumes (16/25).

« Cette relation avec Hervé, c’est le début de l’histoire de Maxime Courby comme un grand shooteur, car il est un grand shooteur », insiste Savo Vucevic. « Hervé est venu, lui a montré des choses mais tout le mérite revient à Max d’avoir eu envie de les appliquer. » Coach emblématique de la JL Bourg entre 2016 et 2021, le Monténégrin s’est sûrement maintes fois félicité d’avoir organisé ces séances informelles  à Antibes tant Courby est devenu l’un de ses hommes de base quelques années plus tard dans l’Ain. « C’est le meilleur sixième homme que j’ai jamais eu. Un joueur exemplaire à tous les niveaux, qui veut toujours se mettre au service de l’équipe. Il a un tir extraordinaire, qu’il n’utilise malheureusement pas assez. C’est un vrai shooteur de série et je l’ai toujours poussé à tirer plus, lui disant qu’on allait se fâcher s’il refusait des positions ouvertes. » Dans le dur depuis un an et demi, et particulièrement cette saison avec une confiance aussi proportionnellement en baisse que son temps de jeu, Maxime Courby a connu son âge d’or lors de l’ère Vucevic, allant même jusqu’à taper dans l’œil… du légendaire Sasa Djordjevic, alors à la tête de Bologne, lors du Top 16 de l’EuroCup en 2021 (11,5 d’évaluation) ! « Qui sait ce qu’il se serait passé s’il était resté à la Virtus ? Il lui aurait peut-être fait une proposition », s’interroge l’actuel entraîneur de l’Élan Chalon. « C’est dingue hein mais c’est vrai. Il était venu se renseigner auprès de moi à l’époque : « Courby, c’est comment ? Ce garçon est extraordinaire dans ton équipe, dans la façon où il a su endosser le rôle que tu lui as donné. J’adore ce joueur ! » 

« C’est un honneur, je ne suis personne pour lui »

La dédicace d’Hervé Dubuisson pour Maxime Courby : « Pour Maxime le super shooteur. Souviens toi du 6 à l’envers. En toute amitié, Dub la gâchette »

Virtus Bologne ou non, Maxime Courby a certainement su maximiser son potentiel tout au long de sa carrière, en se dotant d’une arme létale qu’il était loin de posséder dans son arsenal lors de ses débuts. Au point de devancer, pour l’instant, des maniaques du shoot comme Kyle Kuric ou Jamar Smith au classement de la catégorie en EuroCup. « Je n’étais pas au courant », souffle-t-il. « Tout est relatif, ça ne fait que trois saisons (sauf que le nouveau format de la compétition fait exploser le nombre de matchs disputés, ndlr), mais c’est toujours flatteur. C’est une super statistique qui confirme que le travail paye. Ce n’était pas du tout inné à la base mais c’est arrivé à force de bosser. » Et aux origines de tout cela, il y eut Hervé Dubuisson… « Il a eu plus qu’un vrai impact puisqu’on a complètement changé mon shoot ensemble », admet l’enfant de Neuville-en-Ferrain, presque toujours surpris d’avoir pu bénéficier de tout cela. « Il était venu à Bourg (en 2017) et il m’avait offert son livre avec une dédicace. On avait reparlé de nos séances. Pourtant, je ne suis personne pour lui. Maxime Courby, ce n’est pas un nom ronflant. Ça me fait plaisir qu’il se souvienne de moi et qu’il continue à suivre mes performances. C’est un honneur d’avoir travaillé avec lui, j’ai eu cette chance d’être un privilégié. Il a aussi travaillé avec Nicolas Batum et à titre de comparaison, je ne suis rien. » Juste le meilleur shooteur à trois points de l’histoire de l’EuroCup et à son échelle, c’est déjà pas mal…

Patras – JL Bourg, « un match pour l’histoire »

C’est fou comme un match d’apparence sans enjeu peut tout changer : en allant s’imposer à Ljubljana lors de la dernière journée de la phase régulière, la JL Bourg a troqué l’échafaud de Gran Canaria pour un 1/8e de finale beaucoup plus abordable à Patras. Une rencontre qui fera date pour le club, européen depuis l’automne 2020, encore en deuxième partie de tableau de Pro B il y a dix ans à la même époque… « C’est un match hyper important, un match pour l’histoire », affirme le capitaine Maxime Courby. « Si on peut passer, ce serait incroyable de jouer un quart de finale de Coupe d’Europe. On a travaillé très dur pour en arriver là. On a un peu sombré en deuxième partie de saison mais dans une poule très compliqué, on a montré qu’on avait notre place en playoffs. Sur le papier, entre Patras et nous, c’est kif-kif. C’est un match qu’on peut gagner et pour le club, il faut jouer cette carte à fond. »

Sensation de l’automne en EuroCup, longtemps la meilleure équipe de la compétition, les Bressans ont eu toute la journée de mardi pour regretter leurs errements de la phase retour : au lieu d’accueillir ce 1/8e de finale à Ékinox, ils ont dû encaisser plus de 10 heures de voyage, entre un vol Lyon – Athènes via Munich puis 240 kilomètres pour rallier Patras, sur la côte ouest de la mer Ionienne. D’autant plus que l’EuroLeague n’a pas facilité la tâche du club, en imposant la tenue du match le mercredi plutôt que le mardi (comme envisagé en première instance), ce qui entraîne un surcoût estimé entre 7 000 et 9 000 euros. Qu’importe finalement, avec la perspective de s’ouvrir en grand les portes d’un quart de finale, même s’il faudra pour cela être la deuxième équipe de l’année à s’imposer à Patras après le Panathinaïkos (le 2 janvier). Les coéquipiers d’Arnoldas Kulboka (14,8 points) ont bouclé leur campagne d’EuroCup sur une dynamique opposée à celle des Burgiens (cinq victoires en sept matchs). « Notre performance du premier tour n’est déjà pas si intéressante », souligne Frédéric Sarre, le directeur sportif. « On termine 5e d’une poule qui était un peu plus dense que l’autre. Mais c’est sûr qu’on aurait aimé accueillir ce 1/8e à Bourg, cela aurait été un évènement. » Il a manqué un chouïa de constance dans les performances, sûrement une victoire de plus, pour basculer du bon côté de l’avantage du terrain. Pour moi, ce match à Patras est un vrai objectif de notre fin de saison. Si on le prend, cela remplacera toutes les victoires qu’on n’a pas eues lors de la phase retour. »

Après avoir atteint la plénitude de son basket mi-février à Saint-Chamond, la JL Bourg a éprouvé bien plus de difficultés à gérer l’après-Leaders Cup, avec un mois de mars particulièrement délicat. Mais depuis deux semaines, marquées par quatre victoires d’affilée, les hommes de Frédéric Fauthoux semblent de retour sur la phase ascendante. « La finale de la Leaders Cup a été une grosse déception, un relâchement autant mental que physique », consent le technicien landais. « Il fallait retrouver des arguments pour relancer les joueurs dans d’autres objectifs. Le jeu n’a pas disparu du jour au lendemain. Nous n’étions pas inquiets là-dessus mais cela concernait plutôt les ressources mentales. La différence entre les bons joueurs et les très bons joueurs, c’est qu’ils sont performants à tous les matchs. L’EuroCup est le moins difficile à gérer en terme de motivation. Beaucoup de joueurs viennent ici pour être performant en EuroCup car c’est beaucoup plus visible pour eux. »  Et puis, ce format inique de l’EuroCup, avec une saison régulière interminable et des playoffs bâclés, place presque les 16 équipes sur la même ligne de départ pour le sprint final. On l’a vu l’an dernier avec le favori Badalone sorti dès le premier ou l’incroyable parcours de Bursaspor, finaliste après avoir lutté pendant des mois avec la JL pour éviter l’élimination prématurée. Après tout, il n’y a que quatre matchs à gagner…

 

 

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