Mathieu Wojciechowski, retour sur scène à Fos : « J’ai vraiment la dalle ! »
Officiellement, Mathieu Wojciechowski (2,03 m, 31 ans) est censé porter le n°35 de Fos-Provence. Mais pour l’heure, il doit encore se contenter du n°23, l’ancienne tunique de Chris Evans, avec un sparadrap noir pour cacher le nom du pari raté des BYers. Qu’importe, au final : l’international polonais est redevenu un basketteur, trois mois après avoir été la première victime de la turbulente saison du Limoges CSP.
S’il n’a gagné aucune de ses deux premières rencontres avec Fos-sur-Mer (70-74 à Denain et 91-98 contre Champagne Basket), l’ancien ailier de la JL Bourg apporte déjà satisfaction dans le Sud. Aux entraînements, déjà, où Robert Turner et lui, les deux recrues hivernales, ont transfiguré le visage d’une équipe qui vivait extrêmement mal. « C’est le jour et la nuit par rapport au début de saison », souligne Rémi Giuitta. Et en match (10 points à 47% et 6 rebonds en 30 minutes), où ses deux premières sorties en Pro B depuis le printemps… 2015 laissent entrevoir les promesses d’une pioche réussie pour le technicien méridional.
« Mathieu amène tout ce qui manquait à cette équipe : de l’âme, de la communication, de l’engagement, de l’énergie, du jeu sans ballon, etc », apprécie-t-il. « Une culture du maintien, aussi : il a souvent vécu ce type de situation au Portel en gagnant les matchs qu’il fallait, notamment contre nous. Il vient pour amener sa polyvalence sur les postes 4 et 3. Pour l’instant, on ne l’a pas du tout utilisé en 3 mais il arrive dans ce registre-là. On avait besoin de quelqu’un capable d’être dans le combat, dans l’énergie, dans l’envie. Tous les domaines où l’on avait un déficit jusque-là. » En conférence de presse vendredi, dans la foulée du revers contre Châlons-Reims (91-98), Mathieu Wojciechowski est revenu sur son actualité du moment.
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Mathieu, avec votre œil neuf, que manque-t-il à cette équipe de Fos-Provence, actuelle dernière de Pro B, pour se sortir de cette place à laquelle personne ne l’attendait ?
Il manque un peu de confiance. C’est simple : pour enchaîner une série, il faut une victoire. Chacun doit comprendre ce qu’il peut ajouter, donner et apporter sa petite pierre à l’édifice. Sur les deux matchs que j’ai joué, on a pu produire des bonnes choses mais il manque ce petit truc qui fait que l’on arriverait à faire basculer les matchs. On va trouver les solutions et on va le faire. Il reste encore pas mal de matchs. Personnellement, je suis optimiste car de ce que je vois, il faut juste réussir à tourner ce petit truc pour renverser la tendance.
Comment avez-vous vécu les trois derniers mois ?
Le départ de Limoges n’a pas été une épreuve facile, forcément. Quand tu es joueur de basket, c’est assez grisant de jouer. Tu as juste envie d’une situation claire, pas de t’occuper de qui a dit quoi ou de qui a fait ci, qui a fait ça… J’ai passé beaucoup de temps à la salle pour rester en forme. Le challenge de Fos m’a semblé très excitant. Ça a bien collé entre nous, j’avais vraiment envie de venir ici, pour jouer tout simplement, prendre du plaisir, apporter à une équipe, gagner des matchs, être dans un groupe. Être bien, c’est tout ce dont j’ai envie aujourd’hui.
« À Limoges, c’était un job ; là, c’est du plaisir »
Quitte à faire un sacrifice en terme de niveau, en retournant en Pro B neuf ans après ?
Il n’y a pas de honte à être en Pro B. Mais à ce moment-là, oui, j’étais prêt à le faire. C’est mieux de prendre du plaisir que d’être dans un rôle où tu n’en prends pas forcément. Les deux dernières années à Limoges pour moi, c’était un job. Là, c’est du plaisir. Je peux vraiment apporter ce que je veux à une équipe. C’est ce qu’on cherche quand on joue au basket.
Comment se passe votre intégration pour l’instant ?
Bien. Je suis arrivé très rapidement. J’ai signé mon contrat le samedi (6 janvier) et le dimanche soir, j’étais déjà là (il sourit). J’ai pris mon sac à dos, ma valise et je suis venu. J’ai descendu mes affaires le week-end dernier donc ça a été très rapide. Je ne me considère pas comme quelqu’un de difficile, je m’adapte beaucoup. J’essaye d’apporter mon énergie et tout ce que je sais faire au groupe. Les gars m’ont bien intégré, idem pour le coach. Ce sont des mecs hyper ouverts. Rémi (Giuitta), ça doit faire dix ans que je joue contre lui. Mam’ (Dia), je le connais depuis très longtemps. Pareil pour tous les mecs de l’équipe, ça fait des années qu’on se croise sur les parquets. L’intégration est bonne. Il faut juste être consistant dans le travail et ça payera à un moment donné. Quand on tape un caillou sans arrêt, il finit par casser, comme dirait Popovich.
Qu’êtes-vous venu chercher à Fos, à part des minutes et du plaisir ?
Je voulais retrouver un vrai rôle. L’année dernière, je me suis quand même retrouvé à jouer des minutes en 5… Même en 4, j’étais dans un rôle qui n’était pas du tout ma came. Là, je retrouve vraiment des sensations et des choses que je sais faire, où je peux vraiment apporter et être le plus performant. Bien sûr que je peux encore m’améliorer au niveau de ma forme physique, cela ne fait que deux semaines que je suis en configuration d’équipe. Mais le cardio, ça se travaille, c’est à moi de le gérer.
« Cette période a remis beaucoup de choses en perspective »
Qu’avez-vous fait ces dernières semaines, depuis votre départ de Limoges ?
J’ai bu des bières et fumé des joints (il sourit). Non, je me suis entraîné comme un chien. J’étais tous les jours à la salle avec mon coach individuel à Paris. J’ai aussi pris un peu de temps pour moi car il fallait que je déconnecte après Limoges. Je suis parti en voyage avec ma femme, c’était bien d’avoir du temps pour nous deux car d’habitude, en pleine saison, c’est impossible : elle bosse et je suis tous les jours à la salle… Il fallait quand même que je reste en forme et mentalement, ce n’était pas facile. Là, début janvier, je n’avais pas de club le vendredi et le lendemain, j’étais en mode : « Bon, dans six jours, il y a match ! » Il faut savoir rester prêt. Mais ça revient vite ! Les basketteurs, on est programmés. Je fais ça depuis que j’ai 18 ans, c’est vite revenu, que ce soit le petit stress du match et toutes les autres choses. Cette période sans jouer a remis beaucoup de choses en perspective. Quand tu n’as pas de boulot et que tu vois tous les autres mecs qui jouent, tu as la dalle. T’as vraiment la dalle. J’avais juste envie de rejouer au basket.
Son regard sur les évènements à Limoges
« Bien sûr que je suis l’actualité limougeaude. Ce n’est pas spécialement à moi de commenter car j’ai seulement mon œil d’ancien joueur. J’ai juste envie de soutenir mes gars qui sont là-bas. Nico Lang, Alex Chassang, ce sont mes amis, je leur souhaite juste du bien. Après, leur situation est très compliquée. Il y a beaucoup de départs, forcément. Donc de la force pour eux. Le reste, c’est le problème de la direction. C’est eux qui gèrent leur business comme ils le gèrent. Chacun ses problèmes. »
Propos recueillis à Fos-sur-Mer,
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