Mais où est passé Terry Tarpey ?
Terry Tarpey assis sur le banc de l’AS Monaco mardi lors de l’Épisode 1 de la finale de Betclic ÉLITE contre Paris
3 secondes. C’est le temps de jeu de Terry Tarpey III (1,95 m, 30 ans) lors de l’Épisode 2 de la finale de Betclic ÉLITE jeudi, répertorié par la feuille de statistiques officielles de la rencontre. Entré en jeu à l’occasion du deuxième quart-temps, il a réussi à terminer avec un plus/minus de +2. Mais on a eu beau revisionner toute la séquence, nulle trace de l’ailier franco-américain sur le parquet de Gaston-Médecin jeudi soir contre Paris. Comme ces dix dernières semaines en réalité… De retour sur les feuilles de match de la Roca Team depuis le début de la demi-finale contre Bourg-en-Bresse, après deux mois d’absence, le natif de Poissy a tout simplement perdu sa place dans les rotations de Sasa Obradovic. « Ça va être dur de le faire jouer avant la fin des playoffs », reconnaissait le technicien serbe en marge du Match 4 à Ékinox.
Depuis, malheureusement pour Tarpey, il a tenu parole. Même les 24 points d’avance de l’AS Monaco face à Paris en ouverture de la finale (71-47, 27e minute) ne l’ont pas convaincu d’ouvrir son banc à l’approche de la fin de la rencontre. « C’est difficile de lui trouver une petite place pour jouer, nous sommes déjà plein sur les ailes », explique Obradovic. « Sa frustration est légitime, je me sens parfois désolé de ne pas lui accorder une attention absolue. »
Moins de 60 minutes sur la saison en EuroLeague
Face aux propos de son coach, Terry Tarpey III ne peut masquer une certaine lassitude. « No comment », répondra-t-il, à l’évocation de l’incapacité de son entraîneur de lui trouver un rôle. Est-ce une question de physique, lui qui a été opéré du ménisque fin mars ? « Je me sens à 100% », affirme l’international français. Non, donc. Est-ce une question d’état d’esprit ? Assez improbable vu la réputation de nice guy véhiculée par le joueur, et tous les échos positifs à son sujet en interne. « C’est un super gars », dit même Sasa Obradovic. Alors quoi ? « Il n’y a pas de problème identifié », lance l’ancien capitaine du Mans. « C’est un temps d’ajustement à un nouveau coach, un nouveau style de jeu, une nouvelle philosophie dont je n’ai pas trop l’habitude. Je me sens prêt à aider l’équipe, ce n’est juste pas facile de trouver un moyen que l’entraîneur apprécie. »
Si l’on excepte son triste 2/22 aux tirs sur les premiers matchs, sa saison n’avait pourtant pas si mal démarré. Dès la première sortie européenne à Valence, Terry Tarpey III est titulaire. Deux semaines plus tard, il se fend de son meilleur match en carrière : 29 d’évaluation à Strasbourg. C’était encore l’époque où il jouait plutôt régulièrement en EuroLeague : trois apparitions sur les 5 premières rencontres de la saison. Ensuite, il n’en totalisera plus que trois autres sur les 34 suivantes, régulièrement envoyé en tribunes avec le statut peu enviable de 13e homme… Soit six matchs disputés en EuroLeague. 59 minutes et 54 secondes sur l’ensemble de la campagne continentale. Loin, très loin, de ses ambitions initiales. « C’est sûr que ce n’est pas ce que j’espérais », consent-il. « J’ai essayé de lui trouver un rôle au début de la saison », reprend Sasa Obradovic. « Il a les qualités pour performer mais son concurrent direct, Yakuba (Ouattara), nous correspond mieux car il a plus de vécu avec l’équipe. Faire jouer Terry pourrait fragiliser sa position, ou celle de Matthew (Strazel). »
« Son concurrent direct, Yakuba Ouattara, nous correspond mieux »
Certes régulièrement responsabilisé en Betclic ÉLITE (19 minutes de moyenne sur 24 matchs) jusqu’à son opération du ménisque, Terry Tarpey a tout de même vu son rêve olympique s’envoler à cause de cette mise au placard (voir ci-dessous, ndlr). De quoi susciter des remords quant à sa décision de rejoindre Monaco, actée très tôt au cours du printemps 2023, alors que d’autres écuries d’EuroLeague comme le Maccabi Tel-Aviv ou l’Olimpia Milan lui faisaient les yeux doux ? « Non, il est important de ne pas vivre avec des regrets », réfute-t-il. « Au moment de mon choix, c’était la meilleure option possible. Ça a même été une décision assez simple, au vu de l’ambition du club, surtout que l’on voulait rester en France. » La promotion financière aide aussi à faire passer la pilule : selon les chiffres avancés par BasketEurope, le joueur est passé d’un salaire annuel de 150 000 euros au Mans à 600 000 euros à Monaco.
Un salaire qui réduit aussi grandement les possibilités en vue de la saison prochaine. Sous contrat jusqu’en 2026 en Principauté, Terry Tarpey restera Monégasque selon le club. « C’est un bosseur, il va se battre pour gagner sa place », assure-t-on dans les hautes sphères de l’ASM. Son agence certifie également que le joueur ne bougera pas cet été. Et lui de même… « Je ne suis pas quelqu’un qui abandonne facilement », clame-t-il. « J’aime bien Monaco, j’aime bien mes coéquipiers. » Histoire, aussi, de prouver qu’il n’était pas que le tube d’un été… « 2022, c’était bien mais j’espère qu’il me reste une histoire à écrire. Je voulais montrer que je suis un joueur de qualité, que ce n’était pas juste de la chance, que je n’étais pas juste le bon mec au bon endroit. Je n’ai pas trop eu l’opportunité de le montrer alors que je me sens meilleur que jamais cette saison… C’est ça le plus embêtant pour moi. » Rendez-vous en septembre ?
Son absence de la pré-sélection aux Jeux Olympiques :
« Ça m’a fait mal »Deux ans après son formidable été 2022, où il avait fracassé la porte d’entrée de l’équipe de France pour se retrouver dans le cinq majeur d’une finale de championnat d’Europe (avec le meilleur +/- des Bleus sur l’ensemble de la compétition), Terry Tarpey III n’a pas composté son billet pour les Jeux Olympiques 2024, son objectif avoué depuis plusieurs années. La faute à une Coupe du Monde 2023 où il n’a pas confirmé (de 11,4 à 5,4 d’évaluation) et, évidemment, à sa saison fragmentée avec l’AS Monaco.
« Mon absence de la liste m’a fait mal », souffle-t-il. « Les Jeux Olympiques représentaient vraiment un but pour moi. Ma saison n’a pas été au top et ce n’était pas le bon timing mais ça fait mal. Dans ma tête, il y a deux sons de cloche : d’un côté, je pense comme un coach et je me dis qu’il faut prendre les joueurs en meilleure forme. Or, il est clair que ce n’était pas moi. Je n’étais pas le meilleur choix pour l’équipe afin de constituer le meilleur groupe possible pour ramener la médaille d’or. Mais de l’autre côté, je m’en fous, je voulais être là ! Au cours des deux derniers étés avec les Bleus, j’ai eu un bon rapport avec tout le monde, notamment le staff. Je serai à fond derrière l’équipe, ils restent de vrais copains, je leur souhaite le meilleur. »
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