[L’œil de coach Soares] Les trois clefs tactiques de France – Brésil
Le rythme du match, l’une des clefs de France – Brésil pour Andrew Albicy et les Bleus ?
Qualifiée grâce au TQO en Lettonie, dont elle n’était pas favorite, la sélection brésilienne représente d’entrée un vrai test pour l’équipe de France de par la qualité de son effectif mais aussi les solutions tactiques qu’elle peut proposer, à l’image de cette victoire exceptionnelle en 2023 contre le Canada que j’avais décryptée, ou encore cette belle finale de TQO remportée face aux Lettons à Riga (94-69) en les prenant à leur propre piège d’adresse (13/24 à 3 points).
Quelles sont les clés de ce match ?
Difficile de définir comment les deux équipes vont aborder ce premier match de la compétition, mais on peut d’ores et déjà identifier trois points qui seront sans doute abordés par les coachs en amont de la rencontre.
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La gestion du rythme et des pertes de balles
Avec seulement 70,4 points marqués lors de la préparation (on excluera volontairement des statistiques le match contre la Turquie bis), l’équipe de France a montré de vraies lacunes sur le plan offensif. Particulièrement sur le jeu de transition, tant dans la volonté de course (images 1 et 2) que dans l’utilisation des espaces (images 3 et 4). Cela a aussi entrainé un grand nombre de pertes de balles (18,2 par match !).
En images : la course
L’utilisation des espaces
Au contraire, comme je l’avais évoqué lors de la Coupe du Monde 2023, le Brésil excelle dans sa capacité à contrôler le rythme du match contre des équipes plus athlétiques, notamment grâce à leur meneur au QI basket exceptionnel, Marcelinho Huertas. Cette équipe n’a perdu que 12 ballons par match en moyenne sur le TQO.
Statistiquement, la France joue en moyenne 83,4 possessions par match sur la préparation, contre 79,5 pour le Brésil à Riga (les USA en jouent 90). Et si l’on s’intéresse au nombre de contre-attaques, c’est seulement 4,8 pour la France ! Même le Brésil en tente plus (7,3), loin derrière les USA (9,8), ou ne serait-ce que la Serbie par exemple (8,8).
Il semble donc incontournable d’imposer un rythme élevé pour ce match qui correspond mieux au profil de l’équipe de France – qui sera en plus portée par son public – et de mettre une forte pression sur Huertas afin de ne pas le laisser prendre le contrôle du match.
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La bataille de l’adresse et de la création
Ces deux sélections ont de réelles armes au niveau du tir à 3-points et d’ailleurs, les statistiques sont presque similaires : 10/27,6 pour la France, soit 36,2%, et 9,8/26,3, soit 37,1% pour le Brésil. Il sera donc essentiel de mettre en avant les shooteurs.
En difficulté dans la création autour du pick and roll, les Bleus pourront compter sur la mobilité postée – mouvement lorsque la balle est au poste bas (image 5 & 6) – chère à Vincent Collet.
Mais aussi sur des jeux d’écrans non porteurs (« Downpick », « stagger ») que nous avons peu vu au cours de la préparation et qui devraient donner des solutions, à Evan Fournier notamment (image 7).
A contrario, il faudra laisser le moins possible de tirs ouverts aux Brésiliens. Avec une préparation axée sur la défense, il sera nécessaire pour la France de bien maîtriser la défense de « close out » (sortie sur les shooteurs) mais aussi de mieux contrôler nos « stunts » (stratégie défensive qui consiste à faire venir le premier joueur sans ballon en aide sur le porteur de balle pour limiter sa pénétration, ndlr) qui ont donné beaucoup d’espaces aux Canadiens (images 8 et 9) et aux Australiens.
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Le duel du match: Wembanyama / Caboclo et l’impact au rebond
Enfin, parmi tous les duels de grande qualité de ce match, celui du poste 4-5 semble être le plus important avec les deux joueurs majeurs de chaque équipe : Victor Wembanyama d’un côté, Bruno Caboclo de l’autre. Il sera intéressant de voir la stratégie utilisée par le staff de l’équipe de France pour mettre en valeur Wemby et stopper l’ancien intérieur du Limoges CSP et du Partizan Belgrade.
Dans tous les cas, en occupant Caboclo, il sera incontournable pour les autres joueurs de mieux impacter et contrôler le rebond que ce que nous avons pu voir au cours de la préparation. En effet, avec le volume athlétique et la taille de l’équipe de France, la bataille du rebond doit être un impondérable et les 9 rebonds offensifs en moyenne lors de la prépa (31,7% des disponibles) semblent être en deçà du potentiel de cette équipe. (Image 9)
Rappelons ici l’importance du rebond lors de ce genre de compétition, avec l’exemple de l’équipe de France U20 qui vient de remporter le championnat d’Europe en prenant 14,1 rebonds offensifs par match, soit près de 41% des disponibles !
Qui est Guillaume Soares ?
Ancien joueur de niveau NM3 – Prénationale (avec quatre apparitions en NM1 en 2008), reconverti dans le coaching depuis, Guillaume Soares (35 ans) a été assistant-coach ces quatre dernières saisons. D’abord aperçu à Andrézieux-Bouthéon (NM1, aux côtés de Sébastien Chérasse), Pont-de-Chéruy (NM1, Dounia Issa) et Vichy (Pro B, Guillaume Vizade), il a fini par découvrir la Betclic ÉLITE l’hiver dernier, recruté par l’ADA Blois pour seconder David Morabito. Par ailleurs professeur des écoles, le Stéphanois avait démarré avec des équipes de jeune (U15, U17, U20 filles et garçons) à Grasse et Cagnes-sur-Mer.
Pour le deuxième été consécutif, Guillaume Soares tiendra une chronique tactique en marge des matchs de l’équipe de France masculine aux Jeux Olympiques.
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