Limoges, la DNCCG, Hong Kong et les cinq millions de dollars : « Nous n’avons pas été pris au sérieux »
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Le Limoges CSP voit pour le moment son avenir se dessiner loin du monde du basket professionnel. En effet, la DNCCG (Direction nationale du conseil et du contrôle de gestion) a décidé de refuser l’engagement du club limougeaud en LNB après avoir auditionné pendant 1h30 ce mardi 28 mai la présidente Céline Forte et le directeur commercial Guillaume Lanave, accessoirement son gendre dans la vie quotidienne. C’est d’ailleurs celui-ci qui a majoritairement monopolisé la parole côté Cercle Saint-Pierre. Après la notification de la décision de l’instance administrative, les dirigeants limougeauds disposeront de 8 jours ouvrés, soit jusqu’au 7 juin 2024, pour formuler un recours gracieux, avec des documents tangibles à l’appui.
« Je me suis permis d’appeler le numéro à Hong Kong… »
La catastrophe planait déjà la veille de cette audition dans les bureaux de la ligue. En effet, lundi 28 mai, la propriétaire Céline Forte a refusé la proposition d’investissement de Lionel Peluhet, à hauteur de 1,2 million d’euros dans le capital du Limoges CSP. À la place des documents fournis le 15 mai, le club a modifié les éléments téléchargés sur le plateforme de la ligue. À la place, le duo de dirigeants a présenté à la DNCCG l’offre d’un partenaire légèrement particulier, disons-le ainsi.
Il s’agirait d’une lettre d’engagement d’un investisseur, à hauteur de 5 millions de dollars. Le côté ubuesque de la proposition tient en deux points avec d’abord, la chronologie des événements : un contrat de partenariat en novembre 2023, un devis préalable en octobre 2023, un engagement en mai 2024 avec un ordre de virement au 10 mai. Mais toujours rien pour le moment, même si Céline Forte assure que la somme sera versée sur les comptes du club le 4 juin prochain. L’autre point perturbant de cette proposition est expliqué par Patrick Hianasy, le président de la DNCCG. « La personne qui atteste du versement nous a communiqué un papier avec une adresse se trouvant à Hong Kong. À 11h45, je me suis permis d’appeler le numéro indiqué à Hong Kong. J’ai eu une personne en anglais, je l’ai interrogé sur la société et la personne qui a signé le document. Réponse de l’individu : ils sont inconnus au bataillon ».
Tracfin saisi pour un acte éventuel de blanchiment d’argent ?
Et si l’argent finissait pas arriver le 4 juin sur les comptes du club, cela marquerait-il automatiquement la fin des problèmes pour Limoges ? Réponse équivoque de Patrick Hianasy. « J’attendrais de recevoir la preuve tangible jusqu’au terme de la fin de formulation du recours gracieux avant d’aviser. La seule chose que je peux vous dire, c’est que nous avons l’obligation de révéler à Tracfin des actes éventuels de blanchiment d’argent. C’est tout ce que peux dire à ce stade. » Surtout qu’un autre document signé à Miami a été fourni pendant l’audience, avec un investisseur au patronyme identique, sur un passeport américain, mais au prénom différent sur l’en-tête…
Une nouvelle proposition lunaire du club limougeaud qui n’est qu’un épisode de plus dans un feuilleton financier chaotique, où même le gendarme financier du basket français semble perdre patience. « Je dirais qu’on n’a pas été pris au sérieux, si vous voulez mon intime conviction, répondait Patrick Hianasy à la question « Avez-vous [la DNCCG] été pris pour des imbéciles ? ». Et d’ajouter : « Ce n’est peut-être pas la première fois. D’où la formulation à plusieurs reprises de l’insincérité. Si j’avais été dans un salon avec des amis, j’aurais dit autre chose. »
« C’est la première fois que je vis une telle situation. J’ai entendu des cas similaires dans le monde du football mais je ne pensais pas que j’allais voir ça dans le monde du basket.»
Patrick Hianasy, président de la DNCCG
Céline Forte sous pression des collectivités
En tout cas, le Limoges CSP va désormais disposer de huit jours ouvrés à partir de ce mercredi 29 mai pour déposer un recours gracieux auprès de la DNCCG, « en apportant des preuves tangibles » appuie Patrick Hianasy. Selon toute vraisemblance, la seule option viable est le projet de Lionel Peluhet sur quatre ans. Ensemble, au-delà des clivages politiques, toutes les collectivités locales ont exhorté Céline Forte à accepter l’offre du n°2 d’Intermarché, « le seul projet abouti susceptible de sauver le club ».
En cas de dépôt d’un recours gracieux, le club limougeaud serait alors auditionné le 10 juin, pour une nouvelle décision rendue le 11 juin. En cas de réponse négative, le Cercle Saint-Pierre pourra encore faire appel de la décision définitive de la DNCCG sous dix jours ouvrés. Si cela bloquait encore, les possibilités se tourneraient vers la chambre d’appel de la FFBB (réunion le 25 juin), puis vers le CNOSF. Soit un feuilleton qui nous emmènera très certainement jusqu’au mois de juillet.
Avec Alexandre Lacoste,
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